En théorie, l’Ozempic est uniquement remboursé aux patients atteints d’un diabète de type 2, mais l’Inami a constaté des abus à hauteur de 21,5 millions d’euros. Les médecins qui prescrivent ce traitement à des personnes souhaitant perdre du poids s’exposent à de lourdes sanctions.
21,5 millions d’euros: tel est le montant indûment remboursé par l’Institut national d’assurance maladie-invalidité entre 2021 et 2024 (période de 42 mois) des prescriptions d’Ozempic ou de médicaments analogues à base de semaglutide tels que le Rybelsus. «Comme partout, le diabète augmente en Belgique (NDLR: selon l’Agence intermutualiste, il touchait 7,6% de la population belge en 2023, contre 5,7% en 2013), mais après analyse, on s’est rendu compte que le nombre de demandes de remboursement de l’Ozempic était vraiment exponentiel par rapport à l’augmentation du diabète lui-même», expose Sandrine Bingen, porte-parole de l’Inami.
En principe, seuls les patients atteints d’un diabète de type 2 ou ceux en trajet de soins ont droit à un remboursement de leur traitement. Cependant, l’Ozempic est désormais détourné pour ses effets coupe-faim dans l’optique d’une perte du poids. Or, «avant même que l’Ozempic ne soit mis sur le marché, la firme [danoise Novo Nordisk] qui le produit a introduit une demande de prise en charge par l’Inami pour le diabète, mais jamais aucune concernant le traitement de l’obésité», souligne la porte-parole de l’Institut national d’assurance maladie-invalidité.
Jusqu’à 50.000 euros d’amende
Cela fait 18 mois qu’Irma* prend de l’Ozempic. Sans qu’elle ait eu besoin d’aborder le sujet, son endocrinologue, qui la suit pour une hypothyroïdie, lui a prescrit ce médicament après une prise de poids concomitante à l’arrêt d’antidépresseurs. «Des kilos que je n’arrivais pas à perdre», commente la trentenaire. Selon elle, son médecin prescrit de l’Ozempic à ses patients depuis plusieurs années, et il serait «très heureux de voir qu’un traitement contre l’obésité gagne en popularité». Le Vif a tenté de joindre l’endocrinologue, en vain.
Combien de médecins sont à l’origine de ces 21,5 millions d’euros remboursés à tort? «Trop souvent pour quelques kilos en trop, et non pour une obésité», dénonce Sandrine Bingen. Ce qui représente une infraction punissable, indique-t-elle: la prescription de «prestations superflues ou inutilement onéreuses ne respectant pas les règles de remboursement» peut être sanctionnée d’«une amende administrative allant de 500 à 50.000 euros».
Ozempic: des contrôles renforcés avant d’être remboursé
Pour lutter contre le «“shopping médical”, qui consiste à consulter un grand nombre de prescripteurs différents, et le “shopping pharmaceutique”, lorsqu’une personne se rend dans un grand nombre de pharmacies pour éviter la réticence des pharmaciens à délivrer plus que nécessaire», l’Inami a annoncé un renforcement des contrôles. À partir du 1er février 2026, le remboursement d’Ozempic et de médicaments similaires ne sera accordé qu’après validation par un médecin-conseil de la mutuelle des patients diabétiques, y compris ceux en trajet de soins. Une simple ordonnance du médecin traitant ne suffira donc plus: le pharmacien devra vérifier en ligne si l’autorisation a été donnée. Une période de transition démarrera le 1er octobre pour les personnes devant encore obtenir cette autorisation.
Ce système de validation est déjà en vigueur pour Mounjaro, un médicament comparable, mais basé sur de la tirzépatide plutôt que du semaglutide et dont le remboursement a commencé en juillet.
*Prénom d’emprunt
(Avec Belga)














