Dans un projet de texte déposé vendredi, les pays développés avancent un montant de 250 milliards de dollars pour aider les pays en développement à faire face aux dérèglements climatiques, mais aussi pour leur transition énergétique. Un montant bien en deçà de celui réclamé par ces pays.
Le nouveau projet de texte déposé par la présidence de la COP29, vendredi à trois heures de la fin théorique du sommet de l’Onu sur le changement climatique, avance un montant de 250 milliards de dollars par an, d’ici 2035, comme financement climatique des pays développés à destination des pays en développement.
Le document, long de cinq pages, précise que ce montant provient d’une « large variété de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, incluant des sources alternatives ». Le nouveau texte invite aussi des pays en développement à faire des contributions au financement climatique. C’est le premier texte de négociation à citer un montant concret depuis le début de la COP29, censée se terminer ce vendredi à 18h à Bakou (15h, heure de Bruxelles). Le montant de 250 milliards d’euros ne représente qu’une fraction de ce qui est demandé par les pays en développement, qui n’ont cessé de répéter que leurs besoins face au dérèglement climatique s’élevaient à 1.300 milliards de dollars par an.
Interrogé mercredi sur des rumeurs de couloirs évoquant un montant de 200 milliards de dollars par an de financement climatique de la part des pays du Nord, le négociateur bolivien Diego Pacheco, au nom d’un groupe de pays en développement, avait répondu: « Est-ce que c’est une blague? » Le montant « d’au moins 1.300 milliards de dollars » figure toutefois dans le dernier texte proposé par la présidence de la COP29 mais en appelant « tous les acteurs à travailler ensemble pour permettre l’augmentation du financement des pays en développement pour l’action climatique en provenance de toutes les sources publiques et privées ».
Jusqu’ici, les pays développés s’étaient engagés, en 2009 à Copenhague (COP15), à fournir 100 milliards de dollars par an, dès 2020, aux pays en développement pour leur permettre de faire face aux conséquences néfastes du dérèglement climatique et réaliser la transition énergétique. Cet engagement, qui incombe aux pays industrialisés en vertu de leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique, n’a été respecté qu’en 2022, avec deux années de retard, selon les calculs de l’OCDE.
« Un poisson d’avril »
Pour Rebecca Thissen, du réseau Climate Action Network (CAN), qui représente près de 2.000 ONG, le nouveau texte est « sans engagements clairs pour des montants insuffisants, mettant la responsabilité sur les pays en développement et refusant tout engagement en termes de qualité » et « ressemble juste à un poisson d’avril tardif ». « Ce texte n’est pas acceptable et ne doit pas être accepté. Être réaliste commence par être sérieux à propos de la crise climatique et des gens qui en souffrent », ajoute l’activiste. « Nous pensions qu’enfin le brouillard allait se lever sur Bakou, mais c’est le ciel qui nous tombe sur la tête. Ni la quantité ni la qualité ne sont au rendez-vous. Les 250 milliards proposés d’ici 2035 ne sont que des cacahuètes lorsque l’on sait que les pays du Sud auront besoin de plus du double pour se relever des inondations, vagues de chaleur et autres catastrophes climatiques« , a pour sa part réagi Nadia Cornejo, vice-présidente de la Coalition Climat.
La présidence de la COP29 a également publié d’autres projets de texte sur le programme de travail sur l’atténuation du changement climatique, sur l’objectif mondial d’adaptation au dérèglement climatique, sur la suite à donner au bilan mondial réalisé l’an dernier à Dubaï (COP28) et sur le programme de travail sur la transition juste. Les délégations des 198 pays et de l’Union européenne, qui négocient intensément à Bakou depuis le 11 novembre, vont passer les prochaines heures à analyser les textes en vue d’une prochaine séance plénière de la COP29 qui permettra de voir les réactions des uns et des autres à ces nouveaux textes.