Pas moins de 58% des patients atteints d’un cancer ont repris le travail un an après leur diagnostic. «Des chiffres impressionnants, commente Paul Callewaert, de la caisse d’assurance maladie Solidaris. Cela montre qu’un bon soutien, des conseils et des mesures telles que la reprise progressive du travail fonctionnent.»
En 2014, un cancer du sein a été diagnostiqué chez An. A l’époque âgée de 42 ans, elle travaillait à temps plein comme éducatrice dans le domaine des soins aux personnes handicapées, avait une vie sociale bien remplie et jouait régulièrement au tennis. La maladie, le traitement et la fatigue associée ont mis sa vie entre parenthèses pour une durée indéterminée.
Peu de temps après le diagnostic, An a subi deux opérations, suivies d’une période de traitement intensif par chimio et hormonothérapie, radiothérapie et injections. Pendant le traitement de chimiothérapie, An a commencé à se sentir fatiguée. Une fatigue liée au cancer. Néanmoins, elle souhaitait reprendre le travail dès que possible. «Je suis restée à la maison environ un an et demi, indique-t-elle. Mon travail et mes collègues me manquaient énormément. Mon cercle social s’est soudainement réduit.» Petit à petit, An a donc recommencé à travailler. «Mes médecins m’ont conseillé d’y aller doucement. J’ai commencé par onze heures par semaine. Ainsi, j’ai pu reprendre lentement le rythme de travail sans surmener mon corps.»
Désormais, la quinquagénaire travaille 26 heures par semaine, et ça la satisfait amplement. Toutefois, elle doit être particulièrement attentive à ses réserves d’énergie. «Je travaille toujours dans le secteur des soins, où l’on manque de personnel. J’avais l’habitude de faire beaucoup d’heures supplémentaires pour aider mes collègues, mais ce n’est plus possible maintenant. Sinon, les répercussions après coup sont trop importantes», commente-t-elle.
La fatigue physique et la fatigue mentale
Le cancer a des conséquences sur le long terme. Même les personnes qui y survivent ne retrouvent pas complètement leur condition physique d’avant le diagnostic. La grande fatigue qui accompagne un traitement peut avoir un impact sur la vie du patient pendant des années, aussi bien au niveau physique que mental. Selon les chiffres Kom op tegen Kanker (NDLR: équivalent flamand de la Fondation contre le cancer), 90% des patients atteints de cancer souffrent soit physiquement, soit mentalement, ou bien les deux.
Pourtant, une analyse de Solidaris montre que la majorité des patients atteints de cancer finissent par retourner au boulot. En effet, au bout d’un an, 58% des personnes ayant subi un traitement ont repris le travail à temps plein. Les 42% restants perçoivent encore des indemnités, mais dans ce groupe, plus de 18% sont retournés partiellement au travail grâce à la reprise progressive. «Compte tenu de la gravité et de l’impact de la maladie, ces chiffres sont impressionnants, commente Paul Callewaert, secrétaire général de Solidaris. Cela montre qu’un bon soutien, des conseils et des mesures telles que la reprise progressive du travail fonctionnent.»
La caisse d’assurance maladie constate une corrélation entre la reprise partielle du travail et l’âge. Plus le patient est jeune, plus son retour au travail est rapide. Parmi les personnes bénéficiant d’indemnités de maladie, 22,6% dans la tranche d’âge la plus jeune (35-39 ans) reprennent partiellement le travail. Cette proportion diminue avec l’âge, pour atteindre 15,2% dans le groupe le plus âgé (50-54 ans).
Pour que les patients atteints d’un cancer puissent se concentrer sur leur processus de guérison, Paul Callewaert estime qu’il est important de mettre l’accent sur la solidarité et sur la qualité des soins. «Les patients doivent pouvoir compter sur une médecine de qualité et accessible, mais aussi sur des prestations qui leur permettent de se concentrer sur le processus de guérison.» Il pense également qu’il est important de fournir un soutien spécifique, tel que des conseils nutritionnels et un soutien psychologique, et de veiller à ce que les patients atteints d’un cancer reprennent le travail. «Notre analyse montre que cette approche fonctionne, conclut-il. Toutefois, il est important de l’adapter et de tenir compte de la capacité de charge du patient.»