mercredi, novembre 13

La question du bien-être au travail est devenue centrale sur le marché de l’emploi. Pour garder leurs collaborateurs et booster la productivité de leur entreprise, les managers peuvent agir à différents niveaux.

Le stress, la fatigue et l’anxiété générés par la charge ou le climat de travail dans l’entreprise affectent un nombre croissant de travailleurs. Entre 2017 et 2022, l’INAMI a enregistré une augmentation inquiétante (43%) des cas d’invalidité longue durée pour cause de burnout et de dépression.

Une analyse menée par Waldon (anciennement AG Health Partner, qui accompagne les entreprises dans la prévention de l’absentéisme et du burnout) livre des enseignements sur l’importance et la perception du bien-être pour les employés belges. Il ressort de ce « White Paper 2024 » que près de la moitié des Belges (49%) éprouve des difficultés mentales et ressent un trop-plein de stress. Un Belge sur dix déclare par ailleurs avoir subi un burnout au cours de l’année écoulée. Et un salarié sur cinq se situe dans une zone à risque en matière de bien-être psychologique.

«L’objectif est de conscientiser les employeurs à la nécessité de s’occuper du bien-être des travailleurs car les chiffres en matière de burnout et de maladies de longue durée ne font que croître. La baisse du nombre de personnes en incapacité de travail doit devenir un cheval de bataille et investir dans le bien-être des collaborateurs une priorité stratégique», exposent Ellen De Vleeschouwer, PDG, et Rémy Siddiqui, directeur de la communication.

Pour établir ses recommandations, Waldon s’est notamment appuyé sur les recherches du professeur De Neve (Université d’Oxford). Elles établissent un lien entre le bien-être des employés et la santé économique des entreprises, et démontrent que ces investissements sont rentables. Les entreprises sans rotation de personnel sont 1,28 fois plus productives que celles avec un turnover élevé. De plus, les entreprises qui affichent un faible taux d’absentéisme de longue durée sont 40% plus productives que celles qui y sont confrontées.

S’attaquer aux problèmes de santé mentale permet de réduire le turnover. Et la simple perception d’un climat de bien-être par les employés a déjà un impact positif sur leur motivation.

Renforcer le lien social

Une étude menée par McKinsey vient appuyer cette analyse : 59% des travailleurs se disent prêts à changer de société si celle-ci accorde une plus grande attention à leur bien-être. Les employés épanouis au travail sont huit fois plus susceptibles de rester dans leur entreprise. Une politique axée sur le bien-être génère des collaborateurs plus satisfaits et réduit le taux de rotation du personnel de 18 à 43%.

Concrètement, la note de Waldon préconise de travailler sur plusieurs axes. Le télétravail en est un. «Le télétravail permet de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée mais il peut également représenter une zone grise. L’idéal est de passer 40% à 50% du temps de travail à la maison car cela permet de garder une connexion avec les collaborateurs. La configuration la moins bonne est lorsque l’employé travaille à la maison en présence de ses enfants. Le côté « multitâche » peut avoir un effet négatif sur son bien-être.» Mettre totalement fin au télétravail, comme l’a décrété le patron d’Amazon, ne serait pas la meilleure solution pour conserver le lien social. Ni laisser un jeune collaborateur travailler depuis l’étranger.

Une autre recommandation est adressée aux managers: ceux-ci doivent pouvoir montrer leur propre vulnérabilité, pouvoir dire qu’ils ont également besoin de garder un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Un comportement qui renforce le climat de confiance au sein de l’entreprise. En effet, comment les collaborateurs pourraient-ils exprimer leurs difficultés s’ils sont face à un manager qui cache ses propres vulnérabilités? «L’idée n’est pas qu’ils commencent à raconter leur vie à leurs employés mais qu’ils puissent s’autoriser à dire qu’ils ont eux aussi des contraintes familiales qui les obligent à aménager leur temps de travail, par exemple», décrivent Ellen De Vleeschouwer et Rémy Siddiqui.

Les patrons doivent s’autoriser à dire qu’ils ont eux aussi des contraintes familiales qui les obligent à aménager leur temps de travail

Ellen De Vleeschouwer et Rémy Siddiqui

Waldon

Le dernier axe concerne la charge de travail. Waldon suggère de coacher les collaborateurs pour qu’ils organisent leur temps en fonction de leur propre rythme de travail. En effectuant les tâches les plus ardues pendant les heures durant lesquelles leur niveau de concentration est optimal ou en s’accordant de petites pauses lorsqu’ils ressentent le besoin de bouger.

«Longtemps, les entreprises ont orienté leurs mesures en matière de bien-être vers l’individu, avec des résultats assez variables. Nombreuses sont aussi celles qui misent sur la résilience de leurs employés pour développer leur potentiel. Or, il apparaît que ce sont surtout les actions collectives qui produisent des effets durables».

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