mercredi, novembre 13

«Les patients ne se rendent pas toujours compte que le psoriasis, une maladie de peau, est lié à d’autres affections», explique le dermatologue Sven Lanssens. Que faut-il savoir de cette pathologie chronique encore méconnue, même de certains professionnels de la santé?

Environ 300.000 Belges souffrent de psoriasis, une maladie de peau chronique non contagieuse qui se manifeste par des plaques rouges et gonflées, squameuses, parfois accompagnées de démangeaisons et de saignements. Une pathologie qui a de lourdes conséquences sur la qualité de vie. Cependant, plusieurs aspects du psoriasis restent méconnus, parfois même de professionnels de la santé. «Les patients sont parfois surpris quand je leur pose des questions sur d’éventuelles douleurs articulaires, note Sven Lanssens, dermatologue. Qu’un mal de dos se déclarant la nuit puisse être lié à une affection de la peau ne leur viendrait pas à l’esprit. Et certains généralistes ignorent également que les personnes atteintes de psoriasis présentent un risque accru de maladies cardiovasculaires.»

Quelles sont les causes du psoriasis?

Chez ces patients, les cellules immunitaires pénètrent dans la peau pour des raisons encore inconnues et y déclenchent des réactions inflammatoires. Bien que la maladie ait une composante héréditaire, une prédisposition génétique ne signifie pas nécessairement que la maladie se déclenchera. Des facteurs tels que le stress, les infections et les hormones jouent un rôle. La peau épaisse, rouge et squameuse est due à une division cellulaire accélérée des kératinocytes dans l’épiderme. «C’est la conséquence d’une hyperactivité du système immunitaire de la peau, abonde le docteur Lanssens. Normalement, la peau se renouvelle en moyenne toutes les quatre semaines. Chez ceux qui souffrent de psoriasis, ce cycle dure entre quatre et sept jours. Cette accélération de la division cellulaire entraîne une accumulation des couches cutanées, formant une peau plus épaisse, qui desquame par la suite.»

Est-ce une forme d’eczéma?

Les plaques squameuses et prurigineuses sont également caractéristiques de l’eczéma, mais il existe une différence notable. «Le système immunitaire entre en compte dans l’eczéma aussi, explique le dermatologue, mais d’un point de vue immunologique, cette affection est complètement différente. Elle implique d’autres cellules inflammatoires, plus profondes, qui se manifestent à d’autres endroits. Les zones typiques pour le psoriasis se trouvent sur les surfaces d’extension du corps, comme l’extérieur du coude et du genou. Dans le cas de l’eczéma, elles se situent généralement du côté opposé (le pli du coude ou le pli du genou).»

«Le système immunitaire entre en compte dans l’eczéma aussi mais cette affection est complètement différente.»

Quels risques sont liés au psoriasis?

S’il est perçu comme une affection cutanée, le psoriasis est en réalité une maladie inflammatoire systémique, qui affecte l’ensemble du corps. Parmi les maux qu’il entraîne, on pointe principalement l’arthrite et les maladies cardiovasculaires. «Les cellules inflammatoires ne sont pas seulement hyperactives dans la peau mais circulent aussi dans d’autres organes, comme les vaisseaux sanguins autour du cœur, détaille le dermatologue. Les coronaires sont susceptibles de se rigidifier, ce qui peut entraîner une crise cardiaque. En outre, ces patients présentent souvent davantage de surpoids, de diabète, d’hypertension et un cholestérol élevé; autant de facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires, qui sont exacerbés par la présence de psoriasis.»

Quid de l’arthrite psoriasique?

Un malade sur trois développe, dans un délai de dix ans, une inflammation des articulations. «Le diagnostic est posé par des questions. Le patient se réveille-t-il durant la deuxième partie de la nuit à la suite de douleurs articulaires? Ressent-il une raideur dans les articulations durant la demi-heure suivant le réveil? Présente-t-il un doigt ou un orteil rouge et enflé, appelé « doigt ou orteil en saucisse« ? Grâce à cette anamnèse, l’arthrite psoriasique peut-être détectée et traitée à un stade précoce.»

«Aucun régime alimentaire n’améliorera significativement le psoriasis. Pourtant, une alimentation saine est essentielle.»

Quels sont les traitements du psoriasis?

Une prise en charge précoce aide à réduire les inflammations, y compris autour du cœur et dans les articulations. Heureusement, le psoriasis est aujourd’hui l’une des maladies de peau les mieux traitées, selon les dermatologues. «Il n’y a aucune raison de vivre avec le psoriasis. Il existe un traitement efficace pour chaque patient, confirme Sven Lanssens. Cependant, trouver un remède efficace et sans effets secondaires peut prendre du temps. Outre la photothérapie et les crèmes à usage local contenant de la cortisone, des médicaments à base de méthotrexate ou de ciclosporine ont été mis au point. Ces comprimés peuvent être pris sur le long terme. Et si leur efficacité est insuffisante ou si le patient les tolère mal, nous disposons de nouveaux traitements biologiques. Malheureusement, ils coûtent cher à la sécurité sociale, et tout le monde n’a pas droit à un remboursement.»

Peut-on s’en sortir sans médicaments?

Compléments alimentaires, détox, régimes… Internet regorge de méthodes naturelles pour se débarrasser du psoriasis. «Ces conseils ne sont pas toujours scientifiquement fondés, avertit Sven Lanssens. Aucun régime alimentaire n’améliorera significativement le psoriasis. Pourtant, une alimentation saine est essentielle: chez les patients qui perdent du poids, on constate une amélioration de la maladie. Moins de cellules graisseuses signifie moins de cellules inflammatoires. La réduction du stress est également importante. La pratique du yoga ou de la méditation peuvent être un plus.»

Guérit-on du psoriasis?

Actuellement, les médicaments ne peuvent pas encore guérir l’affection; ils ne font qu’en supprimer les symptômes. Mais selon le médecin, cela pourrait évoluer. «Le psoriasis revient souvent au même endroit, grâce aux lymphocytes mémoires de la peau. Des recherches récentes montrent que bloquer un certain type de substance immunitaire dans le sang, dès les premiers stades de la maladie, empêche la formation de ces cellules mémoires. La mise en œuvre de ce traitement n’est pas pour demain, mais les premiers résultats sont très prometteurs.»

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