Suite à la diffusion du reportage de la VRT, qui montrait des manquements au sein du CPAS d’Anderlecht, la ministre Lalieux a fait face à une salve de questions et de critiques. Y compris venant de la gauche flamande. Paul Magnette a condamné toute forme de fraude.
La ministre de l’Intégration sociale, Karine Lalieux (PS), a essuyé, jeudi, un feu nourri de questions à la Chambre à propos du CPAS d’Anderlecht. Signe de la nouvelle majorité qui se met en place, elle n’a guère reçu de soutien sur les bancs parlementaires, pas même des socialistes flamands de Vooruit.
La ministre a condamné les irrégularités mises au jour mardi soir par un reportage de la VRT. « Ce que nous avons vu est totalement inacceptable« , a affirmé la ministre, interrogée par pas moins de douze députés. « Ici, on est dans l’illégalité sociale et sans doute dans la fraude sociale », a-t-elle ajouté en marge de la séance plénière. La socialiste a rappelé les règles en vigueur pour l’octroi du revenu d’intégration, notamment la nécessité d’une visite au domicile du demandeur, et les mesures qui avaient été prises avant la diffusion du reportage.
Le service d’inspection du SPP Intégration sociale avait déjà pointé des manquements dans le chef du CPAS d’Anderlecht pour non-respect des délais légaux et l’insuffisance, voire l’absence d’enquête sociale. Des contrôles annuels avaient été ordonnés. Ils seront désormais systématiques, c’est-à-dire qu’ils porteront sur toutes les décisions d’octroi du RIS et non sur des échantillons.
De vives critiques, même du côté de la gauche
La ministre reviendra, la semaine prochaine, en commission des Affaires sociales pour donner plus de détails sur cette affaire. Sa réponse est loin d’avoir satisfait tous les députés, notamment chez Vooruit. « Très décevant », a jugé Anja Vanroabeys. « Vous menez des contrôles seulement après le reportage. C’est inacceptable pour nous. Chaque socialiste devrait être furieux. Si on veut donner les arguments aux partis de droite pour démanteler la solidarité, il n’y a qu’à continuer de cette manière ».
À droite, le ton était particulièrement virulent. « C’est choquant, révoltant, il s’agit de l’argent du contribuable, et c’est d’autant plus choquant que l’aide sociale ne va pas à ceux qui en ont besoin », a affirmé Florence Reuter (MR). Vincent Van Quickenborne (Open Vld) n’a pas épargné son ex-collègue du gouvernement De Croo en dénonçant ce qui lui apparaît comme le « clientélisme » du PS. Fait rare, un président de parti a posé une question en séance plénière, en l’occurrence Sammy Mahdi (CD&V). « Comment allons-nous faire pour mettre un terme au clientélisme de la gestion du PS? « , a-t-il lancé. Et d’avertir: « Je ne veux plus entendre le PS venir nous parler de détricotage social ».
Paul Magnette condamne la fraude
Le président du PS, Paul Magnette, a, lui aussi, condamné les irrégularités au CPAS d’Anderlecht révélées par un reportage de VRT. « Je condamne toute forme de fraude, qu’elle soit sociale ou fiscale », a affirmé M. Magnette pour qui tous les montants indûment versés par le CPAS au titre de revenu d’intégration sociale devront être remboursés par celui-ci.
L’un des éléments qui a suscité la polémique en cours est une déclaration de l’ancien président du CPAS, Mustapha Akouz (PS), semblant assumer une pratique clientéliste dans l’octroi des RIS. « Il n’y a pas de possibilité d’interférence politique », a pourtant assuré M. Magnette. Les dossiers doivent faire l’objet d’une enquête sociale avant d’être transmis au bureau spécial du CPAS qui statue collégialement sur l’octroi de l’aide sociale et dans lequel sont représentés la majorité et l’opposition. « Un mandataire a dit une connerie qui crée de la confusion », a fustigé M. Magnette. Sera-t-il sanctionné au sein du parti si des irrégularités étaient constatées dans son chef? « J’ai toujours été de la plus grande rigueur. Je suis entré en politique avec les affaires à Charleroi. J’ai toujours dit que serai Robespierre, et je le serai jusqu’au bout ».