En politique, le principe est bien connu: tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout, il n’y a d’accord sur rien. Les négociateurs de l’Arizona, au fédéral, ne l’ont pas encore dégainé. Mais cela ne saurait tarder…
Cette petite phrase fait partie des rengaines dont on peine à définir les origines, tant elle a été maintes fois exprimée: «Tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout, il n’y a d’accord sur rien», comme on dit.
Ce principe élémentaire de la négociation politique prévaut en bien des lieux et à tous les niveaux de pouvoir. Lorsqu’il s’agit de négocier un accord au terme d’une COP ou de conclure un accord de majorité communal, lorsqu’on s’affaire à confectionner un budget fédéral comme lors des tractations entre partenaires sociaux, au moment d’une réforme institutionnelle ou de tout autre accord: c’est bien connu, tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout…
La formule peut remplir diverses fonctions. Meubler, temporiser, faire savoir aux futurs partenaires qu’on n’a pas dit son dernier mot, laisser entendre aux citoyens qu’on reste ferme. Elle traduit aussi, simplement, l’état de négociations qui fonctionnent au compromis. On a beau s’entendre sur une multitude de points, des pommes de discorde peuvent toujours survenir avant la conclusion définitive. Le tout forme un équilibre autour duquel chacun devra trouver suffisamment de satisfaction pour y apposer sa signature.
On n’a pas tellement entendu les représentants de l’Arizona (N-VA, Vooruit, CD&V, MR et Les Engagés) dégainer cette vieille antienne. C’est peut-être que, depuis les élections fédérales, les discussions n’ont à aucun moment été suffisamment avancées pour autoriser quiconque à la formuler.
Mais on la sent poindre, progressivement. On la devine, en filigrane. Elle devrait survenir, tôt ou tard, avant la fin de l’année. Peut-être est-ce bon signe, puisqu’on l’utilise au moment des derniers ajustements.
Le formateur Bart De Wever (N-VA) a donc une nouvelle fois été reconduit dans ses fonctions par le palais royal, en début de semaine. La prochaine visite est programmée au 10 décembre. On est loin des claquages de portes, des mises en scène et aveux d’échec des mois précédents. Il n’y avait, à l’époque, d’accord sur pas grand-chose, rendant un accord sur le tout quasi inconcevable. Cette fois, la nouvelle méthode, dit-on, permet d’engranger des accords sur une multitude de petits riens, qui formeront ensemble un grand tout.
Les échos qui parvenaient des négociations ces derniers jours étaient même étonnamment positifs. Il était question d’avancées progressives, d’un travail mené lentement mais sûrement, d’un climat constructif, même si les sujets les plus conflictuels n’avaient pas encore été abordés frontalement. Quelques éléments engrangés pour les cinq, donc, qui devraient les empêcher de faire machine arrière plus tard. Le bruit permanent a même été remplacé par la plus grande discrétion, ce qui témoigne d’une volonté partagée de donner les meilleures chances au formateur.
La véritable question est de savoir quand l’accord surviendra. Avant la fin de l’année, peut-être. Le gouvernement en affaires courantes, en attendant, a pris les devants pour éviter le blocage budgétaire à l’arrivée de l’an neuf. Cela laisse encore quelques semaines aux principaux concernés pour sortir une des petites phrases les plus récurrentes de la politique belge. Vivement.