Plus conscient, plus écologique, plus sain et plus économique, le flux instinctif libre consiste à maîtriser son flux menstruel pour pouvoir le libérer dans les toilettes. Encore faut-il pouvoir le pratiquer.
Se passer de tampons et serviettes hygiéniques durant les règles, sans doute le rêve pour chaque personne menstruée. Le flux menstruel libre le promet. Cette méthode, qui trouve sa source aux Etats-Unis au début des années 2010, a été popularisée en Europe occidentale quelques années plus tard via les réseaux sociaux.
L’idée est de sentir le moment où le flux sanguin, qui se détache de l’endomètre, arrive dans le vagin et d’anticiper et bloquer l’écoulement par contraction du périnée, pour ensuite aller relâcher les menstruations dans les toilettes.
Ecologique et économique
Le flux instinctif libre s’inscrit dans une démarche globale de soins alternatifs. L’intérêt de la pratique est donc de pouvoir se passer des tampons et serviettes jetables, mais aussi des produits chimiques qu’ils contiennent. «J’ai eu envie de m’y mettre par souci écologique. C’était une bonne alternative naturelle», raconte Elise, qui a commencé à essayer le flux instinctif libre il y a cinq ans.
«Ca permet aux femmes d’être autonomes économiquement, écologiquement et de reprendre conscience de leur corps», prône Jessica Spina, naturopathe spécialiste du flux instinctif libre. Il ne s’agit pas d’avoir un contrôle constant sur son flux mais de parvenir à gérer les règles comme une envie d’uriner. Avec de l’expérience, cela devient presque automatique et inconscient, assure la naturopathe.
Une pratique contraignante
La pratique demande de l’entraînement. Jessica Spina, qui a en fait son business, recommande «d’y aller à fond dès le début», et de «ne pas porter de protection menstruelle» dès les premiers essais. Sans filet de sécurité, l’apprentissage se ferait beaucoup plus vite, «puisqu’il n’y a pas le choix». La spécialiste recommande aussi aux personnes qui auraient des problèmes de fuites urinaires ou qui ont récemment accouché de d’abord muscler leur périnée avant de se lancer. Elle-même s’est lancée dans le flux instinctif libre il y a dix ans, après ses trois grossesses.
Mais il faut de la rigueur et plusieurs années avant de maîtriser la pratique, ce qui peut se révéler décourageant. «Je l’ai pratiqué par intermittence pendant trois ans, mais je n’étais pas assez assidue pour voir les progrès», explique Elise. Et encore faut-il pourvoir l’exécuter sereinement. «Tu ne peux pas le faire dans tous les contextes, il faut aller aux toilettes toutes les deux heures à peu près. Je le faisais quand j’étais chez moi, mais quand j’allais à l’école je mettais une serviette. Selon ce que tu fais, ce n’est pas possible. C’est beaucoup plus dur de contracter en mouvement. C’est pour ça que j’ai fini par arrêter», regrette l’étudiante.
«On ne peut pas contracter son périnée pendant des heures, concède Jessica Spina. Mais une fois la pratique installée, le passage aux toilettes se fait dans une moindre mesure.»
Derrière la pratique, l’objectif est aussi de changer le regard porté sur les règles, qui ne sont en rien sales. «C’est contraignant, parce qu’on a peur de se tâcher, mais ça ne devrait pas être gênant», lance Elise.
Le flux instinctif libre présente par contre l’avantage de réduire la durée des menstruations. «Quand je le faisais, mes règles duraient trois jours, alors qu’habituellement c’était cinq ou six jours. Aussi, la technique fonctionne mieux les premiers jours. Quand mon flux est plus léger à la fin, j’arrive moins à le retenir», explique Elise.
Il permet aussi d’éviter le syndrome du choc toxique, lié à l’apparition d’un staphylocoque qui peut se développer lorsque le sang stagne trop longtemps dans l’organisme. «Mais c’est extrêmement rare», souligne Anne Firquet, cheffe de clinique en gynécologie à l’hôpital de la citadelle de Liège.
Le flux instinctif libre, méconnu du sytème médical
Le milieu médical conventionnel est circonspect par rapport à cette technique qui lui est très méconnue, mais ne voit pas de contre-indication à la pratique. «A priori il n’y a pas de risque pour la santé de pratiquer le flux instinctif libre, hormis le fait qu’il peut être problématique d’avoir un périnée trop tonique», indique la gynécologue. Cela peut entraîner «des contractions périnéales non sollicitées» et provoquer des «douleurs lors de rapports sexuels, par exemple. Le vaginisme est une contraction inconsciente du périnée.»
Si cette pratique est intéressante pour éviter les tampons et serviettes toxiques, «est-ce que tout le monde est capable d’y parvenir ? Il ne faut pas tousser ou éternuer en tout cas», s’interroge Anne Firquet. «A chaque patiente d’essayer si elle se sent», conclut-elle.