Ce 6 janvier s’ouvre le procès de l’ex-président français Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir perçu des fonds illégaux libyens pour sa campagne électorale de 2007. Douze autres personnes sont soupçonnées d’être impliquées dans cette affaire, dont Mouammar Kadhafi.
Décidément, Nicolas Sarkozy fait beaucoup parler de lui, ces derniers temps. Définitivement condamné le 18 décembre dernier à trois ans de prison, dont un an ferme sous bracelet électronique, dans l’affaire des écoutes téléphoniques, dite affaire Bismuth, l’ancien président de la République se retrouve une nouvelle fois devant la justice. Ce lundi s’ouvre en effet un procès en correctionnelle portant sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par des fonds libyens.
Il n’est pas le seul prévenu dans cette affaire. Au total, treize personnes se retrouvent sur le banc des accusés. Dans le clan sarkozyste, l’ancien ministre Brice Hortefeux, le président de l’association de financement de la campagne de Sarkozy de 2007, Eric Woerth, l’ancien directeur de cabinet Claude Guéant, ainsi que le proche collaborateur de l’ex-président, Thierry Gaubert.
Il y a aussi les intermédiaires Alexandre Djourhi, Ziad Takieddine et Edouard Ullmo. Mais également le clan de Mouammar Kadhafi, tué en 2011 par des opposants, composé du banquier Wahib Nacer, des hommes d’affaires et cousins Ahmed Salem Bugshan et Khaled Bugshan, de l’avocat malaisien Siva Rajendram, et du chef de cabinet du tyran libyen, Bechir Saleh.
Que risquent les accusés?
Nicolas Sarkozy est accusé de corruption passive, soupçonné d’avoir scellé, par l’intermédiaire de Brice Hortefeux et Claude Guéant, un «pacte de corruption» avec Mouammar Kadhafi. Pour les chefs d’accusation de corruption passive, de financement illégal de sa campagne électorale de 2007, d’association de malfaiteurs et de recel, ainsi que pour le détournement de fonds publics libyens, l’ex-président français encourt jusqu’à dix années d’emprisonnement assorties d’une amende de 375.000 euros, ainsi que de la privation de ses droits civiques jusqu’à cinq ans, le rendant de ce fait inéligible.
Quant à ses anciens ministres, ils encourent également dix ans de prison, à l’exception d’Eric Woerth, qui ne risque qu’un an d’emprisonnement. Claude Guéant pourrait avoir à payer une amende de 750.000 euros, Brice Hortefeux, de 150.000 euros, et Eric Woerth, de 3.750 euros. Thierry Gaubert, lui aussi, encourt dix ans de réclusion et 150.000 euros d’amende.
Alexandre Djouhri encourt dix ans de prison et 750.000 euros d’amende, tandis que Ziad Takieddine risque dix ans de prison et 375.000 euros d’amende. Une peine de prison similaire attend Bechir Saleh, assortie d’une amende de 150.000 euros.
Wahib Nacer pourrait être condamné à dix ans de prison et à 750.000 euros d’amende. Les cousins Ahmed Salem Bugshan et Khaled Bugshan, eux aussi, encourt dix ans d’emprisonnement, mais des amendes différentes: 750.000 euros pour le premier et 375.000 euros pour le second. Enfin, Edouard Ullmo risque dix ans de réclusion et 375.000 euros d’amende.
Quant à Siva Rajendram, celui-ci est présumé mort depuis trois ans.
Cinq ans, cinq procès, deux condamnations
Le principal intéressé nie les accusations portées à son encontre, évoquant une «construction artificielle imaginée par l’accusation», et ses avocats appuyant qu’il s’agit d’un mensonge du clan Kadhafi pour se venger. Pourtant, pour le Parquet national financier (PNF), le «pacte de corruption» s’est noué à l’automne 2005 à Tripoli, sous la tente de Mouammar Kadhafi, connu pour être très généreux envers ses visiteurs étrangers, selon l’AFP.
Il s’agit pour l’ancien chef de l’Etat du cinquième procès en cinq ans, mais aussi du premier procès auquel il participera avec un casier judiciaire. Il a en effet été condamné en première instance et en appel dans le dossier Bygmalion portant sur sa campagne électorale de 2012, et à trois ans, dont un an ferme sous bracelet électronique, dans le dossier Bismuth. Bracelet électronique qu’il n’arbore d’ailleurs pas à l’ouverture de ce nouveau procès.
Ce procès du financement libyen s’ouvre ce lundi 6 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris, et doit se tenir trois fois par semaine (les lundis, mercredis et jeudis) jusqu’au 10 avril prochain.