L’Arizona n’est toujours pas là, mais les syndicats maintiennent la pression et informent leurs membres. Dans la continuité du 13 décembre, des actions syndicales sont prévues le 13 janvier et le 13 février. Et après ?
Ils étaient 3.500, le 13 décembre dernier, à se rassembler sur la place Poelaert de Bruxelles pour dire «non» à l’austérité que leur réserve une coalition Arizona pourtant pas encore née. Le président de la FGTB Thierry Bodson et la secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska, espèrent bien compter davantage de manifestants ce lundi 13 janvier au pied du Mont des Arts, à Bruxelles, pour défendre leur pension. Idem le 13 février, où des actions nationales seront menées pour appeler au renforcement des services publics.
«L’Arizona prévoit trois milliards d’euros sur les pensions, les cheminots devront travailler plus longtemps, les enseignants vont voir leur statut changer. Ce sont des choses tangibles que l’on peut mesurer, défend Marie Hélène Ska. Ces mobilisations à venir sont le reflet de la colère et de l’angoisse qui s’installent dans le monde du travail.»
Trois manifestations en front commun alors que l’Arizona n’est même pas encore née. Les syndicats mettent-ils la charrue avant les bœufs? «Dans les quatre ou cinq versions de la supernota de De Wever que nous avons consultées, les attaques contre les droits sociaux et l’injustice fiscale demeurent, prévient Thierry Bodson. On doit préparer les travailleurs à agir. Ils ne comprendraient pas que l’on ne les ait pas avertis depuis juin sur ce que l’avenir leur réserve.»
Des actions syndicales suspendues à l’accord de l’Arizona
Le moment charnière de cette période d’information des travailleurs sera donc la révélation de l’accord de majorité au fédéral. «Le jour où l’on prendra connaissance du programme du gouvernement, alors la stratégie changera, assume le président de la FGTB. Il est fort probable que les objectifs de l’Arizona diffèrent des nôtres, alors la stratégie s’intensifiera.»
Notre message s’adresse à tous les partis. Il ne peut pas y avoir d’accord sur le monde du travail sans le monde du travail.
Fort des mobilisations qu’il estime «historiques» notamment pour le non-marchand, l’enseignement ou les fonctionnaires wallons, Thierry Bodson constate une «prise de conscience collective» des affiliés (principalement des pensionnés, précise-t-il) sur leur avenir. Le Liégeois ne peut en dire autant de son réseau politique participant aux négociations arizoniennes (autrement dit, Vooruit) et constate sans trop de surprise le «déséquilibre gauche-droite autour de la table» et d’inviter la CSC à faire pression sur son interlocuteur naturel, autrement dit Les Engagés. «Notre message s’adresse à tous les partis, répond Marie-Hélène Ska. Il ne peut pas y avoir d’accord sur le monde du travail sans le monde du travail. Il n’est pas sain qu’un gouvernement se porte contre ceux qu’ils défendent.»
Le printemps s’annonce-t-il chaud ? Impossible à dire, selon Thierry Bodson, qui voit (et entretient) le terreau d’une mobilisation plus forte qui n’émergera que si un élément déclencheur du futur programme de l’Arizona cristallise l’attention des travailleurs. Poussés dans le dos par le roi, les négociateurs marchent également sur des œufs.