Des allocations versées aux candidats à un logement social à Bruxelles n’ont pas été versées au mois de décembre. Le cabinet de la Secrétaire d’Etat Nawal Ben Hamou assure que l’erreur sera corrigée dans les jours à venir mais, faute de budget, elle sera amenée à se répéter dans les semaines à venir.
C’est un dossier qui illustre parfaitement deux difficultés majeures de la région bruxelloise. D’abord, un logement abordable pour tous. Ensuite, l’avènement d’un nouveau gouvernement régional. Les allocations-loyer, boostées non sans mal par la Secrétaire d’Etat au Logement Nawal Ben Hamou (PS), permettent aux candidats à un logement social en région bruxelloise de recevoir une compensation afin de se loger auprès d’un bailleur privé, systématiquement plus cher. Au mois de décembre, certains des 11.615 allocataires n’ont pourtant rien reçu. «Nous n’étions pas en mesure de payer la totalité des allocations de loyer en décembre 2024 par manque de budget», écrit Bruxelles Logement aux bénéficiaires qui n’ont pas vu la couleur des 200 euros (voire plus si des enfants habitent le foyer) attendus sur leur compte. Que ceux-ci se rassurent, l’argent devrait être perçu d’ici mardi, mais le problème se répétera probablement plus vite que prévu. Plusieurs facteurs l’expliquent.
Les projections optimistes de Nawal Ben Hamou
Primo, le cabinet Ben Hamou s’est montré un peu trop optimiste dans ses projections pour 2024. «On a surestimé le nombre de personnes pour qui un logement social serait disponible», admet l’administration socialiste qui s’en est rendu compte en novembre, trop tard pour faire les ajustements. Conséquence: le gâteau prévu pour 2024 n’était pas assez conséquent pour les 12.500 foyers éligibles.
Ce type de mésestimation n’est pas rare dans le monde administratif. «Normalement, en avril ou mai, on fait un ajustement budgétaire. Mais pas en année électorale, car on laisse l’ajustement par le nouveau ministre et son équipe. Mais comme il n’y a pas de gouvernement bruxellois, il n’y a pas d’ajustement.» Une telle manoeuvre nécessitant un vote au parlement, sans majorité claire pour l’instant, est actuellement impossible.
Des allocations-loyer gourmandes en douzièmes provisoires
Secundo, et c’est une hypothèse soumise par l’équipe du député Fouad Ahidar, le budget global pour l’allocation-loyer est structurellement sous-calibré. Pour le député jettois, ce n’est pas 12.500 mais 35.000 ménages qui ont droit à l’allocation-loyer, affirme-t-il après avoir questionné la SLRB (Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale) à ce sujet. Le cabinet Ben Hamou rappelle qu’un tri parmi ceux-ci doit être effectué car certains demandeurs perçoivent trop d’argent, n’habitent plus Bruxelles, sont déjà propriétaires ou (pour environ 30% d’entre eux) ne font simplement pas la demande auprès de l’administration malgré les rappels de celle-ci. Pour Fouad Ahidar, la SLRB dispose déjà de tous ces éléments de filtrage, et pourrait donc automatiser le versement de la prime si seulement celui-ci n’était pas calibré pour les 12.500 foyers. Le cabinet Ben Hamou répond tout de même que ces filtrages ont abouti au refus de 16.071 dossiers et confirme le chiffre de 12.500 dossiers possibles.
In fine, pour 12.500 comme pour 35.000 dossiers, le budget est donc trop court. Ce qui est plus problématique que d’habitude, car les administrations bruxelloises fonctionnent actuellement grâce à des douzièmes provisoires (soit le budget annuel passé divisé par douze et consommé mois par mois). En décembre dernier, le parlement avait accordé l’activation des trois premiers douzièmes provisoires pour l’an 2025, jusqu’en mars donc. «Si l’on n’a pas de gouvernement bruxellois en février, on devra activer les douzièmes provisoires suivants», explique le cabinet de Nawal Ben Hamou. Ce qui ne règle toujours pas le problème du budget trop court, notamment en tenant compte de l’inflation, il faudra donc demander un peu plus. En décembre dernier, le débat sur l’octroi des douzièmes provisoires pour l’année 2025 avait pourtant déjà fait plus de vagues que prévu. Un mécanisme de fortune permettant de petits transferts entre différents organismes publics rattachés à l’administration Ben Hamou est cependant sur les rails pour parer aux ultimes éventualités.