Aux Etats-Unis, les cancers dans leur ensemble touchent de plus en plus de femmes. Surtout, les patients ont tendance à rajeunir. Ce n’est pas (encore?) le cas en Belgique, mais certains types de cancers tendent tout de même à toucher davantage de femmes que par le passé, et ce à un âge un peu plus précoce.
Le dernier rapport de l‘American Cancer Society, publié jeudi, fait état d’une augmentation du nombre de cancers chez les femmes, mais également d’un rajeunissement de l’âge des patients atteint d’un cancer.
Parmi les cas de cancer en augmentation aux Etats-Unis: ceux du sein et de l’utérus, qui touchent en majorité des femmes (NDLR: 1% des cancers du sein concernent des hommes), mais aussi les cancers colorectaux, de la prostate, du pancréas et les mélanomes. Mais l’augmentation est surtout flagrante chez les femmes, note Rebecca Siegel, épidémiologiste au sein de l’American Cancer Society. Autre tendance: l’âge des patients au moment du diagnostic, avec une augmentation des cancers chez les femmes de moins de 50 ans et chez celles situées dans la tranche d’âge des 50-64 ans.
Ce qui est vrai aux Etats-Unis ne l’est pas forcément en Belgique. «L’âge des patients atteints d’un cancer ne diminue pas, lorsque l’on considère l’ensemble des maladies», souligne la docteure Véronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation contre le cancer. «En moyenne en Belgique, les cancers se déclarent entre 50 et 70 ans.»
Toutefois, un rajeunissement est constaté pour certains types de cancers bien précis. C’est le cas du cancer du sein triple négatif, dont l’âge des patientes en 2021-2022 était de 62 ans, cite la directrice de la fondation. Il existe aussi des cancers qui touchent davantage les jeunes. «C’est le cas du sarcome, un cancer des tissus mous. Mille nouveaux cas sont diagnostiqués chez les jeunes. 10% de ces cancers touchent les personnes de 0 à 19 ans, 5%, celles de 20 à 39 ans, et puis on descend à 1%», indique la docteure. Les cancers des testicules aussi ont la particularité de toucher des hommes plus jeunes (de 15 à 44 ans) que la moyenne des malades du cancer habituels. «C’est pourquoi nous conseillons toujours de pratiquer l’autopalpation testiculaire ou mammaire», commente Véronique Le Ray.
Cancers, les femmes et le tabac
Quant à la «féminisation» des malades, elle est observable en Belgique, mais surtout concernant le cancer du poumon. Il est le troisième cancer le plus courant chez les patients de sexe masculin (après le cancer de la prostate et le cancer colorectal) et de sexe féminin (après le cancer du sein et le cancer colorectal). Ce n’était pourtant pas le cas il y a quelques années.
Entre 2006 et 2021, l’incidence du cancer du poumon chez la femme a augmenté de 67%, indique Belgique en bonne santé. «S’il n’est pas la seule cause de développement d’un cancer du poumon, le tabac reste, dans neuf cas sur dix, l’explication principale», indique la directrice de la Fondation contre le cancer. «Le fait qu’il y a dix ans, il soit devenu culturellement plus acceptable pour les femmes de fumer a eu des conséquences sur le nombre de femmes diagnostiquées avec un tel cancer.»
Malgré tout, la femme reste globalement plus épargnée par les vilains crabes. Quand un homme sur trois est susceptible de contracter un cancer, du côté féminin, l’incidence est plutôt d’un sur quatre.
Mode de vie et environnement
Véronique Le Ray avance deux hypothèses au rajeunissement des patients atteints d’un cancer aux Etats-Unis. La première, une possible initiative de diagnostic précoce chez les individus. Mais, selon elle, c’est surtout la deuxième raison qui est la plus plausible: «Le mode de vie et l’environnement jouent un rôle important dans le développement de maladies. Parmi les facteurs, le tabac, la sédentarité, le manque d’activité physique et l’alimentation. On sait que les Etats-Unis sont un pays de malbouffe. Les Américains mangent plus de viande, moins de légumes, et ingurgitent aussi plus de sucre et de gras. C’est peut-être l’une des explications.»