Malgré les mesures d’économie budgétaire annoncées fin novembre, le déficit public devrait rester élevé, autour de 5 % du PIB, prédit la Banque nationale de Belgique (BNB). Mais la situation «n’est pas sans espoir», assure son gouverneur, Pierre Wunsch.
Le gouverneur de la Banque Nationale de Belgique (BNB), Pierre Wunsch, a estimé vendredi que le déficit budgétaire, qui devrait se stabiliser à 5 % du PIB jusqu’en 2028, est «trop élevé», tout en soulignant que la situation n’est pas «sans espoir» grâce aux réformes structurelles engagées par le gouvernement. Pour stabiliser le taux d’endettement d’ici 2028, un effort budgétaire supplémentaire d’au moins 2 % du PIB, soit 14 à 15 milliards d’euros, serait nécessaire.
Dans un contexte de croissance économique modérée, prévue autour de 1 % par an, le déficit public devrait atteindre 5,1 % du PIB en 2025 et se stabiliser autour de 5 % les années suivantes. Conséquence directe, le taux d’endettement public passera de 106,9 % du PIB en 2025 à 113,8 % en 2028. Pour simplement stabiliser la dette à cet horizon, un effort budgétaire supplémentaire d’au moins 2 % du PIB est nécessaire, a calculé l’économiste de la BNB Stefan Van Parys, soit l’équivalent de 14 à 15 milliards d’euros.
Le gouverneur Pierre Wunsch a toutefois souligné que les efforts du gouvernement sont, «comparativement au passé, plutôt ambitieux et même courageux». «Nous allons dans la direction des recommandations émises par les institutions internationales», a-t-il expliqué, ajoutant que ces mesures permettent de mieux absorber les chocs à venir comme le vieillissement, la hausse des dépenses de défense et l’alourdissement des charges d’intérêts.
«Effet boule de neige»
C’est toutefois loin d’être suffisant pour éviter le risque de dégradation de la note du pays et un «effet boule de neige de la dette». Sans vouloir donner de recommandations politiques, le gouverneur a pointé plusieurs pistes: les recettes fiscales sont en baisse, des efforts sont possibles au niveau des entités fédérées et les dépenses de soins de santé continuent de croître plus vite que le PIB, a-t-il énuméré.
Le gouverneur a également invité à regarder au-delà du chiffre global du déficit pour voir les efforts sous-jacents. « Si l’on regarde les dépenses primaires hors défense, leur croissance est maîtrisée à 0,3 % », a-t-il détaillé. Cet effort de contrôle des dépenses se traduit par une amélioration du solde primaire de 0,4 % par an, un résultat que M. Wunsch qualifie d’«assez substantiel».
Mettant la situation en perspective historique, le gouverneur a rappelé que le contexte actuel est bien plus ardu que lors des grands assainissements budgétaires des années 90. «Du temps de Jean-Luc Dehaene (alors Premier ministre de la Belgique, NDLR), la croissance potentielle était de 2 % et nous n’avions pas le défi du vieillissement de la population», a-t-il expliqué. Aujourd’hui, une croissance plus faible du PIB et une érosion des recettes fiscales rendent chaque point de réduction du déficit plus difficile à obtenir.
Plus de marge salariale?
En outre, la BNB a estimé qu’une marge pour des augmentations de salaires réelles devrait se dégager pour la période 2027-2028, après plusieurs années de modération. Cette marge est actuellement estimée à 0,4%.
Ce changement de perspective s’explique par une résorption plus rapide que prévu du handicap sur les coûts salariaux que la Belgique avait accumulé par rapport à ses pays voisins (Allemagne, France et Pays-Bas).
Ces dernières années, le système belge d’indexation automatique des salaires avait entraîné une forte hausse des rémunérations en raison de la haute inflation, créant un désavantage compétitif pour les entreprises belges. En conséquence, la loi sur la norme salariale avait bloqué toute marge pour des augmentations réelles, limitant les hausses à la seule indexation.
La BNB constate désormais que l‘écart se réduit plus vite qu’anticipé, notamment parce que les salaires dans les pays voisins connaissent à leur tour des hausses significatives, tandis que l’inflation plus faible en Belgique freine l’indexation automatique.
«Nous nous attendons donc à ce qu’il y ait une certaine marge pour des augmentations de salaires en 2027-2028», a précisé la BNB. Dans une hypothèse technique, et selon les prévisions actuelles, cette marge s’élèverait à 0,4%.
















