Démarrées concrètement ce lundi, les négociations pour le budget (sans gouvernement) débutent timidement à Bruxelles. Le gouvernement en affaires courantes est appelé à la rescousse aussi bien par les négociateurs que par le secteur associatif.
David Leisterh, formateur bruxellois, avait apporté quelques croissants aux négociateurs présents pour élaborer un budget à la Bibliothèque Solvay, située dans le parc Léopold, lundi matin. Ce ne sera pas suffisant, car les discussions commencent tout doucement, trop lentement, disent certains, mais sûrement, assurent d’autres.

Depuis lundi, la question est de savoir quel sera le point de départ du travail budgétaire à mener à Bruxelles. Le MR et l’Open VLD estiment que le déficit budgétaire annuel s’élève à 1,241 milliard d’euros alors que les autres formations aimeraient définir ce chiffre à hauteur de 1,555 milliard. C’est important, car si tous les partis s’accordent pour réaliser un milliard d’économies structurelles en 2029 (cela veut dire que le milliard d’économies ne sera pas atteint avant 2029), le déficit annuel serait reporté à 241 millions dans un scénario, à 555 millions dans l’autre. Et c’est une sacrée différence aux yeux des négociateurs. Lundi, l’agence Standard & Poor’s s’est invitée au cabinet Gatz pour son inspection des budgets bruxellois, et le cabinet du ministre du Budget a assuré que ce déficit s’élevait à 1,241 milliard d’euros. Une manière, également, de rendre le bilan du gouvernement sortant moins grave de 300 millions.
Embryons
Une fois ce point de départ défini, et puisque l’objectif est connu, les vraies discussions budgétaires pourront commencer. David Leisterh, lui, a déjà organisé des bilatérales avec chaque parti présent (on le rappelle: MR, PS, Engagés, Groen, Vooruit et Open VLD) pour prendre le pouls, et des groupes techniques thématiques se mettent en place. Concrètement, pour le moment, aucun décision budgétaire n’est entérinée. Dans un certain sens, ce n’est pas une mauvaise nouvelle car une fois la première ligne écrite, il ne faudra plus compter sur le CD&V pour rejoindre la formation et lui permettre d’obtenir une majorité au sein du collège néerlandophone au parlement bruxellois. Le leader centriste, Benjamin Dalle, a pourtant fait savoir qu’il «n’était plus disponible pour se joindre aux discussions» budgétaires. Mais les négociateurs gardent l’espoir de le ramener à la table avant de négocier les mesures.
Ceci dit, un premier test a eu lieu ce mercredi. Cet été, les ministres régionaux wallons et flamands ont revalorisé les titres-services afin de mieux rémunérer les travailleurs. En affaires courantes, le gouvernement bruxellois ne pouvait pas imiter la mesure mais expose dès lors la région à une fuite des travailleurs de titres-services. Dès lors le gouvernement Vervoort a accepté une proposition de Bernard Clerfayt (DéFI) visant à augmenter le prix des ticket de titres-services. Le ministre régional bruxellois sortant était dès lors convié à la bibliothèque Flagey pour présenter son idée et s’assurer qu’elle bénéficierait d’une majorité parlementaire pour faire entrer le texte en vigueur au premier novembre. Pourtant bien partie, la piste n’a pas abouti, pour une question d’accord politique. D’autres évoquent un accord de principe qui aurait été passé: celui de l’abstention sur les grosses manœuvres pour le moment. Autour de la table budgétaire, certains appuient toujours pour qu’il n’y ait «aucune nouvelle taxe» mais il n’est pas exclu d’optimiser les rentrées fiscales via des taxes qui ne sont «pas ou mal perçues» pour le moment.
Un budget bruxellois 2026 suspendu, qui pèse sur l’associatif
Ce jeudi, 40 associations bruxelloises actives dans le secteur de la sécurité et la prévention ont poussé un (nouveau, mais tout autant inquiétant) cri d’alerte. Sans déblocage politique ni garanties, des «projets vitaux risquent de s’arrêter dès janvier», alors que le secteur a déjà dû rompre le contrat d’au moins 75 personnes pour des raisons budgétaires. Depuis janvier 2025, le budget bruxellois est défini par douzièmes provisoires, ce qui empêche pour rappel des augmentations budgétaires dans n’importe quel domaine. «Sauf que pour les six derniers mois, le ministre Gatz a déjà raboté nos subventions de 15%, soupire Charlotte Bonbled, porte-parole de l’ASBL Dune (un dispositif de réduction des risques liés à l’usage de drogues en milieu précaire). Et pour les trois derniers mois de 2025, il n’est pas encore exclu que cela soit raboté.» Contacté, le cabinet Vervoort répond que la reconduction du financement tel que prévu dépend d’un gouvernement de plein exercice. «Vu l’absence actuelle de ce gouvernement, le cabinet du ministre-président a donné instruction à son administration de préparer une nouvelle prolongation des subventions. Celle-ci devra être entérinée par le gouvernement en affaires courantes. Dès son approbation, les associations bruxelloises spécialisées en sécurité et prévention (…) pourront bénéficier de subventions en 2026.»
Mis à part ça, le monsieur boulier à Bruxelles, tant que la situation reste bloquée, se nomme Sven Gatz. Il prépare des douzièmes provisoires pour 2026, mais aucun budget complet n’est à l’ordre du jour pour le moment. Les négociateurs espèrent y voir plus clair pour les vacances de Toussaint (qui commencent le 18 octobre). Ce ne sera certainement pas un budget, encore moins un gouvernement. Juste un éclaircissement, et il faudra s’en contenter.














