jeudi, novembre 14

L’antisémitisme dont ont été victimes les supporters israéliens s’est manifesté dans un contexte de tensions que certains d’entre eux ont attisé.

«Une explosion d’antisémitisme» à Amsterdam, une des principales métropoles d’Europe, selon les propos de sa maire écologiste, Femke Halsema. Les violences qui ont suivi le match de football de la Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre ont légitimement choqué en Israël, en Europe et aux Etats-Unis. Des jeunes s’en sont pris aux supporters israéliens dans des scènes caractéristiques du hooliganisme, entre camps opposés, et aussi dans des attaques ciblées contre des individus, sur le mode de la ratonnade. Dans la nuit du 9 au 10, des groupes étaient encore signalés par la police de la ville en train d’interroger des passants pour «débusquer» des ressortissants israéliens…

Ce qui s’est passé dans la capitale économique des Pays-Bas ne se résume pourtant ni à une irruption soudaine de violence antisémite ni à une opération commando longuement préparée. Les tensions ont eu des prémices. Les attaques n’ont pas été unilatérales. Dès le 6 novembre, certains supporters israéliens déjà présents – au total, ils seront 3.000– arrachent un drapeau palestinien d’une façade de Rokin, l’une des principales artères du centre, entonnent des chants appelant à «laisser Tsahal gagner pour finir les Arabes», allusion à la guerre à Gaza et au Liban, et vont même jusqu’à s’en prendre à un taximan, ce qui suscitera une réaction d’un groupe de ses collègues. Juste avant le match le jeudi soir, les mêmes ou d’autres fans du Maccabi Tel-Aviv perturbent la minute de silence prévue en hommage aux victimes des inondations de Valence, sous prétexte que l’Espagne a reconnu l’Etat palestinien… La grande classe.

On le voit, les responsabilités sont multiples. Y compris dans le chef des autorités pour un défaut de prévention et d’anticipation. Des avertissements sur les risques d’incidents avaient en effet été lancés avant la rencontre. De la part du groupe propalestinien néerlandais Week4Palestine qui avait pointé le radicalisme des Ultras du club de football israélien. De la part du coordinateur de l’antiterrorisme qui avait adressé une lettre aux autorités prévenant des dangers entourant l’événement. Et peut-être même de la part du Mossad, c’est ce qu’a affirmé la chaîne de télévision israélienne Kan.

Les incidents d’Amsterdam sont révélateurs de la montée de l’antisémitisme en Europe, directement liée à la guerre à Gaza. Espérer prévenir l’importation du conflit est louable mais illusoire, vu sa durée et sa violence. Conséquence: la tenue des compétitions sportives impliquant des équipes israéliennes impose des mesures de sécurité importantes, comme l’illustre le match de football France-Israël du 14 novembre au Stade de France, à Saint-Denis. Mais à Amsterdam, c’est aussi de «pur» hooliganisme qu’il s’est agi. L’association belge de lutte contre l’extrême droite RésistanceS explique que les affrontements du 7 novembre ont aussi opposé des supporters du Maccabi Tel Aviv et «l’organisation Afca» issue du «Vak410» (section 410), groupe d’Ultras de l’Ajax, et elle rappelle que le club amstellodamois a une histoire juive, ce qui lui vaut de subir régulièrement des chants antisémites de la part de cercles de supporters d’autres clubs néerlandais.

«Les incidents d’Amsterdam sont révélateurs de la montée de l’antisémitisme en Europe.»

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