Le gouvernement wallon souhaite alléger la fiscalité sur les voitures électriques. Dans le secteur automobile, c’est accueilli comme une bonne nouvelle. Tout incitant à l’achat de véhicules plus propres est bon à prendre, estime-t-on. Une prime flamande vient de le prouver…
Le gouvernement wallon récemment installé compte instaurer des changements dans la fiscalité automobile. Le retour du projet de vignette sur les autoroutes wallonnes a beaucoup fait parler de lui. A côté de cela, la volonté est affichée de revoir la réforme de la taxe de mise en circulation adoptée sous la houlette de Philippe Henry (Ecolo), lors de la législature précédente.
Très clairement, l’objectif poursuivi par la majorité MR-Les Engagés consiste à mettre fin aux freins à l’achat de certains véhicules électriques. Il s’agit «d’alléger la fiscalité sur les voitures électriques, pénalisées par leur lourdeur, et les voitures neutres en carbone ainsi que d’améliorer le coefficient de soutien aux familles nombreuses», lesquelles sont souvent contraintes d’acquérir des véhicules plus volumineux, lit-on dans la déclaration de politique régionale.
Par ailleurs, cette réalité est bien connue, le prix d’achat des voitures électriques demeure rédhibitoire pour de nombreux particuliers. Dans son analyse du marché automobile au premier trimestre 2024, la Febiac (Fédération de l’automobile et du cycle en Belgique) relevait pour la première fois en avril dernier que les immatriculations des voitures électrifiées étaient devenues majoritaires en Belgique. Mais pour les particuliers, l’essence restait la première option (64,8% des voitures neuves).
Dans ce contexte, la volonté du précédent gouvernement wallon consistait bien à promouvoir l’achat de véhicules plus «propres» et légers, le nouveau calcul se basant sur les impacts occasionnés par les voitures sur l’infrastructure, l’environnement et risques sur l’environnement.
La nouvelle taxe de mise en circulation est censée entrer en vigueur au 1er janvier 2025. Dans les quelques exemples fournis par l’administration wallonne fin 2023, il apparaissait que la nouvelle taxe de mise en circulation pour les nouvelles immatriculations se chiffrerait au minimum à 50 euros et au maximum à 9.000 euros. L’impact ne devrait pas être spectaculaire pour la plupart des véhicules, avec en général des baisses pour les plus «propres».
En revanche, les acquéreurs de quelques modèles en particulier devraient casquer: la nouvelle TMC passera de 61,5 à 1588,2 euros pour Tesla modèle 3, à 1910,8 pour la Tesla modèle X et à 1404,5 pour la Tesla modèle Y.
«Evidemment, il n’y a pas que Tesla qui est concerné. D’autres constructeurs proposent des modèles électriques qui sont plutôt lourds. Et Tesla dispose également de modèles de différents volumes et de différentes puissances», précise Christophe Dubon, responsable de la communication de la Febiac.
Pour la fédération, les récentes annonces sont plutôt accueillies comme une bonne nouvelle. «Dans la foulée des élections, nous avons été invités à la table du MR et des Engagés, en émettant plusieurs souhaits. Et il est vrai que ce souhait-là faisait partie de l’ensemble», à savoir l’existence d’incitants financiers, y compris pour les particuliers.
«L’objectif consiste tout de même à privilégier une mobilité plus propre, plus faible en émissions. Nous pensons que la voiture électrique, qu’elle soit petite, moyenne ou grande, fait partie des meilleurs solutions pour y parvenir», poursuit-on à la Febiac.
Les Wallons verront-ils, si le gouvernement met ses ambitions en œuvre, la proportion de voitures électriques – singulièrement pour les particulier – augmenter significativement? Dans son programme, le MR optait pour l’instauration d’incitations financières et fiscales. Les Engagés, dont le ministre François Desquesnes a la charge de la mobilité, voulaient accorder une exonération de TVA de maximum 6.000 euros aux particuliers pour l’achat d’une voiture zéro émission de moins de 50.000 euros, moyennant certaines conditions.
Ce type de mesures peuvent-elles avoir un impact? Affirmatif, selon la Febiac, qui a mesuré les effets d’une prime en Flandre, qui a un peu été victime de son succès et dont le devenir budgétaire est en sursis, soit dit en passant. Cette mesure régionale prévoyait un rabais jusqu’à 5.000 euros pour des voitures électriques de 40.000 euros maximum. Alors que les ventes de tels véhicules aux particuliers stagnent en Wallonie, «la mesure a véritablement dopé les ventes en Flandre. Il y a eu une augmentation de 157% des chiffres d’immatriculation de voitures électriques entre le premier semestre 2023 et le premier semestre 2024. On est passé de 2.800 à 7.200 immatriculations», apprend-on à la Febiac. Reste à savoir si le gouvernement wallon aura l’envie et surtout les moyens de mettre sur pied des incitants susceptibles de produire autant d’effets.