Si tout, en Belgique, peut devenir communautaire, rien, à Bruxelles, ne l’est pas.
La configuration politique particulière, avec des négociations Arizona qui s’éternisent et des discussions bruxelloises complètement bloquées, est grosse de potentialités communautaires. Au fédéral, les délégations francophones sont majoritairement wallonnes, et les délégations flamandes sont toujours flamandes. Ce qui fait dire aux partis francophones qui ne sont pas invités que Bruxelles sera l’oubliée de ces négociations. Plusieurs lances communautaires peuvent en effet être pointées depuis le fédéral vers le régional, sans que la Région-Capitale ne soit en capacité de se défendre, encore moins de contre-attaquer.
Ainsi, puisqu’il est possible au fédéral de fixer, par une simple loi (et donc sans majorité spéciale), les montants alloués à Beliris –l’accord de coopération par lequel l’Etat belge finance des projets bruxellois qui participent à son rayonnement–, une coalition déterminée pourrait parfaitement le réduire à néant. D’ailleurs, l’extinction progressive du fonds Beliris avait été suggérée dans une note du formateur De Wever l’été dernier. Il était également mentionné, à un autre chapitre, que les zones de police pourraient fusionner en Wallonie et en Flandre, mais qu’elles le devraient à Bruxelles –une majorité simple à la Chambre, là aussi, suffit pour l’imposer. Le MR et Les Engagés firent front, mais il n’est pas impossible, face au refus du PS bruxellois de constituer un gouvernement régional auquel participerait la N-VA, qu’ils endossent certains objectifs, ponctuellement vengeurs, de la N-VA. On sait par exemple déjà que la plus riche Région de Belgique, qui est aussi celle qui abrite la plus grande pauvreté, sera la plus affectée par la limitation à deux ans des allocations de chômage: ses CPAS seront les plus surchargés, et son administration de l’emploi la plus submergée.
Bruxelles pourrait bien être l’oubliée de ces négociations.
Les projets estivaux, eux aussi avortés, de la N-VA de scinder les dernières institutions scientifiques et culturelles fédérales auraient également déforcé la Région bruxelloise. Celles qui se trouvaient sur le territoire bruxellois auraient en effet été administrées conjointement par les deux communautés, ce qu’aucun Bruxellois francophone n’aurait pu accepter.
«Pour le MR, Bruxelles ne rime pas avec tutelle», a récemment lancé le président Georges-Louis Bouchez lors de ses vœux bruxellois. Il a, pour cela, et parce que c’est son ami David Leisterh qui doit devenir ministre-président régional, contourné toutes ces tentatives de planter un drapeau flamand sur l’Iris bruxellois. Mais il a tout de même, comme de plus en plus souvent, laissé planer une menace sous l’appellation d’un «risque majeur: celui de voir d’autres tentés de gérer Bruxelles de l’extérieur si une partie de la classe politique bruxelloise ne le fait pas de l’intérieur». C’est légalement possible, pas encore politiquement. Certains dans l’Arizona, pas seulement flamands, voudraient déjà que cela le soit.
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