samedi, janvier 18

Ce qui manque cruellement aujourd’hui à l’Europe est un acteur qui serait en mesure de rivaliser avec Facebook ou X ainsi qu’un concurrent crédible aux géants de l’IA.

En 2018, Donald Trump annonçait qu’une série de produits Apple made in China bénéficieraient d’une exemption de taxes douanières; le lobbying de Tim Cook auprès du locataire de la Maison-Blanche avait fonctionné. Depuis, la liste des patrons américains de la tech ayant prêté allégeance au président n’a cessé de s’allonger. En annonçant la suppression du fact-checking par des organisations indépendantes pour le remplacer par des community notes, Mark Zuckerberg a rejoint cette cohorte de dirigeants qui ont choisi de placer le développement et les intérêts de leur entreprise au-dessus de toute autre considération. «Nous allons travailler avec le président Trump pour faire pression sur les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines», a d’ailleurs explicitement déclaré le fondateur de Meta.

A côté des avantages espérés pour l’activité économique de leur entreprise, ce sont évidemment aussi les velléités européennes d’encadrer les plateformes et les réseaux sociaux qui poussent ces dirigeants partisans d’un monde dérégulé à ce ralliement. La fin de la modération sur X ou la défense des cryptomonnaies par Elon Musk illustrent cette vision, depuis longtemps. Aujourd’hui, le revirement de Mark Zuckerberg –qui rappelons-le avait banni Trump de Facebook en 2021– contribue désormais tout autant à propager cette illusion d’un monde virtuel où la liberté d’expression serait maximale. L’utopie étant entretenue par le fossé entre le discours officiel d’une censure minimale et la gestion d’algorithmes définissant les couloirs dans lesquels enfermer la pensée.

L’Europe manque d’un acteur en mesure de rivaliser avec les géants américains ou chinois.

Face à ces constats et même si la nouvelle politique de modération de Meta ne s’applique actuellement qu’aux Etats-Unis, que peut faire l’Europe? Riposter? Encore faudrait-il qu’elle en ait l’envie ou les moyens. Actuellement, elle n’a ni l’un ni l’autre. Résister, alors? Et espérer que ses outils de lutte contre la désinformation et les abus de position dominante effritent la puissance du bloc de la Silicon Valley.

En réalité, ce qui manque cruellement aujourd’hui à l’Europe, c’est un acteur européen qui serait en mesure de rivaliser avec les plateformes américaines ou chinoises ou un concurrent crédible aux géants de l’IA d’outre-Atlantique. Là non plus, elle n’a ni l’un ni l’autre. Face à cet inquiétant désert, le plaidoyer de Mario Draghi pour combler le retard de l’Europe face aux Etats-Unis et à la Chine en matière d’innovation prend tout son sens. Car ce sont nos démocraties qui sont en jeu. Ni plus ni moins.

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