dimanche, septembre 8

La vie en camping résidentiel est souvent abordée dans une perspective misérabiliste. Pourtant, leurs habitants n’y recourent pas toujours par défaut. Le sociologue français Gaspard Lion explique pourquoi.

Ils seraient environ dix mille en Région wallonne. Installés dans des caravanes ou des mobilhomes, ils ont opté, par choix ou par nécessité, pour ces habitats non conventionnels. Selon les chiffres de la direction de la Cohésion sociale, entre 2005, date du lancement du Plan habitat permanent, et 2022, 5 070 ménages wallons ont été relogés ailleurs. Avec Vivre au camping (1), c’est à ces habitants particuliers, issus des classes populaires, que le sociologue français Gaspard Lion s’est intéressé, passant lui-même de longs mois dans des campings résidentiels. Pour comprendre, tout en nuances, comment une vie peut s’y dérouler dans des gammes de couleurs bien différentes.

« En vivant là, les résidents poursuivent une quête de respectabilité sociale ».

Quelle est l’importance de l’habitat dans la définition de ce que nous sommes? Selon vous, une bonne partie de l’identité des classes populaires s’est déplacée du travail vers l’habitat. Pour quelles raisons ce déplacement s’est-il opéré et quand?

Le logement est un espace qui a pris une importance croissante pour les classes populaires au cours du XXe siècle. Pendant très longtemps, celles-ci ont plutôt investi l’espace extérieur. A partir des années 1970, dans un contexte de précarisation du monde du travail, de chômage de masse, d’augmentation des inégalités et des prix du logement, ce dernier devient de plus en plus structurant dans la vie des classes populaires. Pour elles, l’habitat est par excellence le lieu de soustraction aux rapports de domination. Certes, il n’en est pas dénué. Mais il permet de se soustraire à certaines scènes sociales, en particulier la scène professionnelle où les rapports de domination sont particulièrement exacerbés. C’est donc un lieu assez propice au déploiement de formes d’autonomie symbolique et culturelle. De manière générale, le logement produit des effets propres sur les identités, les trajectoires, les manières d’être des individus, qui ne sont pas réductibles à la structure sociale. Cet espace participe de la structuration des modes de vie des individus, des rapports de classes également. C’est d’autant plus important pour les classes populaires que dans un contexte de précarisation sociale, les ressources de proximité liées à l’espace de résidence occupent une place de plus en plus centrale.

© Loïc Venance/Getty Images

Dans de nombreux pays, habiter ce type de logement non conventionnel – mobilhomes ou caravanes – est de plus en plus fréquent, notamment aux Etats-Unis. Est-ce uniquement pour une raison économique?

Aux Etats-Unis, le phénomène a commencé dès les années 1920, 1930. Durant la Seconde Guerre mondiale, des ouvriers du secteur de l’armement et de l’industrie occupent des terrains de camping et, faute d’autre logement, y sont rejoints par leur famille. Progressivement, le camping résidentiel est perçu comme lieu possible d’habitation, à défaut d’autre solution mais aussi pour accéder à une forme alternative d’habitat individuel. Dans les années 1980, ce phénomène se développe fort, dans un contexte marqué notamment par des politiques libérales en matière d’habitation, qui désinvestissent le logement à bas coût pour les classes populaires. Depuis une trentaine d’années, aux Etats-Unis toujours, les personnes qui résident dans ces campings ont un profil de plus en plus précarisé. Un grand nombre d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté, appartiennent aux minorités issues de l’immigration et souffrent de problèmes de santé. Leur présence dans ce type de lieu est donc surdéterminée par les difficultés sociales et matérielles. Mais on observe aussi, aux Etats-Unis comme en France, des campings plus haut de gamme qui offrent des services, des infrastructures, des services touristiques, des restaurants, des terrains de sport, etc. Ils sont occupés par des ménages appartenant au haut des classes populaires ou au bas des classes moyennes.

Le camping résidentiel apparaît quasiment toujours comme l’expression d’un problème, écrivez-vous, mais jamais d’une solution. Jamais on ne dit ce que ces logements sont susceptibles d’apporter ou d’éviter aux habitants concernés. Pour quelles raisons?

Ces habitats sont quasiment toujours saisis par défaut, à partir des normes sociales et résidentielles dominantes. Ils sont associés à l’hiver, au froid, à la précarité sociale, dans une perspective qui verse dans une forme de misérabilisme. Je pense que c’est lié au poids de l’histoire et des normes sociales. Ces lieux dérogent aux normes d’habitations standardisées, par leur forme architecturale, leur degré de confort, leurs caractéristiques physiques, etc. Le fait de les considérer toujours comme problématiques est le signe d’une incapacité à envisager d’autres critères de confort et d’habitabilité. Le parti pris de mon travail est celui de la décentration par rapport au poids de ces normes qui construisent ces logements comme différents, mais aussi comme inférieurs. Le discrédit social fort qui pèse sur ces situations a des effets pluriels sur l’expérience vécue par ces individus: une diversité de profils y habitent et déploient, du fait de leurs ressources, de leurs trajectoires sociales et résidentielles, des manières de faire particulières pour accéder, malgré le discrédit social, à des images de soi plus positives. Ces normes sociales et résidentielles sont aussi le produit d’une longue histoire qui relève du droit du logement. On peut dire, selon un certain nombre de critères objectifs relatifs à la superficie et au degré d’équipement, que ces habitats en camping sont, sur le plan symbolique, fortement discrédités et qu’ils offrent par ailleurs une protection juridique bien plus faible et très dégradée par rapport à d’autres formes de logement.

« Il faut aussi entendre que des personnes désirent habiter différemment. Et ne pas l’interdire ».

Différents profils d’habitants vivent dans ces habitats particuliers. Notamment ceux qui optent pour des campings haut de gamme. Ceux-là ont le sentiment d’être en vacances toute l’année, de vivre en autonomie dans un cadre rural et convivial et de se loger à moindre coût. Leur vision des choses est-elle idyllique?

Je ne crois pas. C’est une situation fortement valorisée par les personnes de ce groupe qui ont des caractéristiques sociales particulières. Disposant de ressources, elles choisissent de quitter le parc du logement traditionnel dans lequel elles pouvaient se maintenir ou le parc du logement social pour accéder à une forme de propriété en habitat individuel. Pour la très grande majorité, ces habitants ont été socialisés durant leur vie en maison individuelle. De ce fait, ils ont acquis un rapport au monde et des habitudes intériorisées les amenant à vivre difficilement leur situation en appartement, en logement collectif. S’installer au camping comme propriétaire est pour eux une manière de se libérer des contraintes locatives et des difficultés liées au collectif. De ce point de vue, on peut comprendre qu’ils investissent positivement leur mobilhome, souvent coûteux, installé dans un camping trois ou quatre étoiles bien équipé. Ces personnes disposent de tout le confort standardisé qui existe dans le parc du logement traditionnel et accèdent à un style de vie valorisé autour du jardin. Dans ce cadre, ils peuvent pratiquer la marche, le vélo, la chasse, la pêche, la cueillette de champignons.

© Loïc Venance/Getty Images

Le cadre social compte aussi beaucoup…

Oui. Il y a une forme d’entre-soi social dans ces campings où les gérants sélectionnent la clientèle sur des bases qui ne sont pas très différentes de celles qui régissent le marché immobilier classique: fiches de salaires, stabilité professionnelle… En vivant là, les résidents poursuivent une quête de respectabilité sociale, se mettant, par l’habitat, à distance des fractions des classes populaires les plus précarisées.

La vie en camping va de pair avec des contraintes spécifiques. Pour la plupart, les résidents sont propriétaires de leur logement mais pas de la parcelle qu’ils occupent, ce qui les place en situation de vulnérabilité par rapport au propriétaire du terrain, le gérant en l’occurrence.

C’est généralement le cas en France, en Belgique, aux Etats-Unis, en Australie ou en Angleterre. Vous êtes donc dépendant d’un règlement et d’un gérant, ce qui vous place dans une position subalterne. Le propriétaire des terrains est libre de définir le règlement qui s’applique. Il impose ainsi des contraintes sur l’espace domestique et la possibilité d’y vivre selon ses aspirations. Avec des pratiques qui peuvent sembler abusives: certains gérants demandent aux locataires des parcelles de les prévenir et même de les payer en cas de visite, de ne pas mettre leur linge à sécher le week-end, ou leur interdisent de garer plusieurs voitures sur la parcelle…

Un autre type de contrainte n’est-il pas constitué par des coûts cachés de ce type d’habitat?

Assurément. Ces habitats reviennent relativement cher, notamment parce que certains coûts liés ne sont pas toujours perçus par les résidents. Le fait d’avoir recours à des prêts à la consommation – plus coûteux que les emprunts immobiliers – en est un. D’autres frais sont associés à la facture de chauffage, surtout dans un mobilhome qui n’est ni récent, ni bien isolé. D’autant que certains gérants – y compris en Belgique – revendent l’électricité et l’eau à des prix supérieurs à ceux du marché.

Un mobilhome, même de qualité, équivaut-il à un investissement immobilier qui prendrait de la valeur au fil du temps?

Non. Ces habitats se déprécient très fortement avec le temps. Un mobilhome dans lequel aucun investissement particulier n’aurait été fait perd en moyenne 30% de sa valeur la première année et 50% après trois ans. Du fait de sa fragilité, ce type de logement ne peut pas non plus être transmis à la génération suivante, sauf rares cas. Les risques de connaître des dommages structurels très importants dans un mobilhome sont cinq fois plus élevés que pour des maisons. Sa durée de vie, comprise entre vingt et soixante ans, est très inférieure à celle d’une maison traditionnelle. Vulnérable aux effets du vent, de la chaleur, de l’humidité et du froid, il s’abîme beaucoup plus rapidement. Autre signe qu’il ne s’agit pas d’une accession pleine et entière à la propriété, les résidents des campings sont potentiellement expulsables à chaque échéance de contrat ou à chaque soupçon de non-respect du règlement. Les motifs d’expulsion sont sans commune mesure avec ceux qui existent sur le marché – réglementé – du logement traditionnel. Ces résidents relèvent du droit du tourisme et non pas du droit du logement. A ce titre, ils ont très peu de ressources à faire valoir pour s’opposer à des décisions de gérants qui peuvent les sommer de quitter leur lieu de vie parce qu’ils partent à la pension, décident de n’accueillir que des touristes sur leur terrain, ou ne jugent plus le métier rentable.

Or, déplacer un mobilhome ne doit pas être simple…

Non. Les résidents chassés se retrouvent dans des difficultés extrêmement importantes pour déplacer leur habitation, en fait très peu mobile, surtout si des aménagements d’extension y ont été apportés. Il leur faut trouver un autre camping qui ne soit pas trop distant et dans lequel il y ait de la place. Il faut parfois patienter deux à trois ans sur une liste d’attente. Par ailleurs, certains gérants réclament des droits d’entrée allant de plusieurs centaines à plusieurs milliers d’euros. D’aucuns imposent aussi aux nouveaux venus d’acquérir un mobilhome déjà présent sur le terrain de camping et pour la vente duquel ils touchent une commission. En règle générale, les résidents expulsés perdent tous les investissements matériels, économiques, affectifs, consentis dans leur premier camping. Toutes les relations sociales qui s’y étaient créées peuvent être anéanties du jour au lendemain. Pour toutes ces raisons, détenir un logement dans un camping résidentiel peut, au mieux, s’apparenter à une forme de semi-propriété, pour un habitat sans aucune valeur patrimoniale. Faire ce choix, contraint et risqué, constitue donc une forme d’ajustement entre les aspirations, les habitudes de ces personnes et les difficultés structurelles d’accès à la propriété des classes populaires.

© Loïc Venance/Getty Images

Parmi les résidents en campings résidentiels, on trouve un deuxième groupe d’habitants, particulièrement malheureux de leur sort. Au point de ressentir de la honte et parfois même de cacher leur lieu de vie à d’autres?

Ce sont incontestablement les personnes qui vivent le plus difficilement l’installation au camping. C’est pour elles une forme de déclassement social et résidentiel: jusque-là, elles se situaient plutôt du côté des fractions stables des classes populaires, étaient intégrées sur le marché du travail, dans un logement, et n’avaient jamais connu de difficultés particulières. Du fait d’un événement déstabilisant comme une rupture conjugale ou une perte d’emploi, elle vont être acculées à occuper des terrains de camping contre leur gré, dans un mouvement de «déstabilisation des stables». On a tendance à faire de la dégradation du marché de l’emploi et de la montée du chômage des facteurs prédominants pour expliquer ces parcours de déclassement mais le logement, dans le cadre de l’explosion des prix et des difficultés croissantes d’accès et de maintien dans le parc privé, constitue un facteur tout aussi décisif. Les personnes recensées dans ce deuxième groupe s’installent au camping dans les habitats les plus dégradés: des caravanes, très rarement des mobilhomes, anciennes et en mauvais état, qui sont achetées pour un peu moins de mille euros. Comme elles aspirent à quitter le camping au plus vite, elles investissent très peu dans leur logement: c’est pour elles une situation contre nature, désajustée, inadaptée. Elles espèrent retrouver rapidement la place et le type de logement qu’elles ont perdu. Par ailleurs, elles vivent un décalage entre leur position sociale, liée à des ressources professionnelles ou de retraite stables, et la vie dans un habitat socialement stigmatisé et dégradé. Souvent, ces résidents sous-estiment aussi les difficultés du marché du logement pour des profils comme les leurs. Le provisoire se met donc à durer et ce passage du temps leur est d’autant plus douloureux qu’ils n’ont pas perdu l’espoir de retrouver un logement conforme à leurs aspirations. Enfin, ces personnes sont les plus perméables aux jugements sociaux négatifs sur l’habitat en camping. Elles intériorisent fortement ce regard, qu’elles retournent contre elles-mêmes, avec des formes de honte prononcées. Elles vivent des expériences d’humiliation répétées qui les amènent à se couper d’un certain nombre de relations sociales. Elles tentent de contrôler l’information à l’égard de leurs proches et de leurs connaissances, avec parfois des dilemmes moraux. Dans l’impossibilité de leur avouer leur situation, elles ne reçoivent pas chez elles. C’est dans ce groupe que l’on note le plus d’épisodes dépressifs, qui peuvent conduire à des tentatives de suicide.

« Pour les classes populaires, l’habitat est le lieu par excellence de soustraction aux rapports de domination ».

Pour le troisième groupe de résidents que vous épinglez, le camping représente une forme d’ascension résidentielle. Parce qu’ils ont vécu auparavant dans la précarité absolue, voire dans la rue?

Même si elles occupent, au moins dans les premiers temps, des caravanes de moindre qualité, ces personnes vivent leur situation très différemment. Attachées aux fractions les plus précarisées des classes populaires, elles ont connu par le passé des situations de pauvreté dont elles ont hérité. Dès lors, elles vivent le camping à tout le moins comme une solution à leurs difficultés. Donc une forme de promotion résidentielle et sociale, liée à l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est le cas de personnes qui ont, par exemple, vécu précédemment dans des cabanes, ou dans leur camion, pour les chauffeurs routiers. Ou encore, sur le marché résidentiel ordinaire, dans des logements exigus, des chambres de bonne, des lieux pas forcément équipés des éléments de confort de base, notamment sur le plan sanitaire. Ces habitants-là ne subissent pas de décalage sur le plan social: ils vivent pour l’essentiel d’allocations et ne sont donc pas écartelés entre des positions professionnelle, sociale et résidentielle. Enfin, dès lors que ces habitants-là n’aspirent pas à quitter le camping – et ne demandent pas à intégrer un logement social –, ils valorisent vite le fait d’être propriétaires de leur habitat (et de leur jardin) et investissent le lieu, matériellement et affectivement. Ils vont récupérer tout ce qui peut l’être et agrandir leur espace de vie , par exemple en ajoutant une caravane supplémentaire. Ils vivent ainsi des formes de micro-ascensions résidentielles. Par ailleurs, ils jardinent, bricolent et pêchent puisque beaucoup de campings sont installés à côté de cours d’eau. Ainsi, ils déploient des dispositions sociales et des habitudes, et finalement des styles de vie populaires et ruraux auxquels ils sont attachés. C’est aussi une façon de subvenir à leurs besoins.

(1) Vivre au camping. Un mal-logement des classes populaires, par Gaspard Lion, Seuil, 320 p. © National

Le camping n’est-il pas aussi pour ce groupe un lieu de dons et de contre-dons?

Le camping leur permet en effet d’accéder à des ressources relationnelles et sociales importantes, via des logiques de dons et de contre-dons et d’entraide prononcées. Ces personnes peuvent également y développer des formes de travail, en entretenant les parcelles des résidents qui ne viennent que le week-end ou en s’occupant de leurs animaux. Le même genre de services peut être rendu au gérant afin de réduire le loyer, voire de l’annuler. Enfin par ces relations sociales, ces habitants pratiquent des loisirs de groupes – comme la pétanque – qui rendent positive l’expérience du camping.

Quelles mesures devraient prendre les gouvernements en place, peu importe dans quel pays, pour résoudre ce problème de logement criant?

A un premier niveau d’intervention, il s’agirait de transformer la législation de manière à offrir davantage de garanties et de droits aux personnes qui résident en ces lieux, et de rééquilibrer les relations entre les propriétaires et les locataires. Par exemple, par une reconduction automatique tacite des contrats, avec des durées minimales garanties. Il conviendrait aussi de limiter les motifs d’expulsion et de mieux les encadrer. Dans le nord des Etats-Unis, la fermeture d’un camping est conditionnée à l’approbation du conseil municipal de la commune dans laquelle il se trouve, et des indemnisations sont accordées aux résidents, ainsi que des aides au déménagement et à l’installation dans un autre camping. Ensuite, les pouvoirs publics devraient intervenir pour réguler le marché immobilier, lutter contre la spéculation immobilière et produire de manière massive du logement social accessible aux plus démunis. Ces mesures viendraient rompre avec des décennies d’austérité budgétaire et de désinvestissement dans le logement.

Considérez-vous que dans un monde idéal, la vie en camping résidentiel ne devrait pas exister?

Dès lors qu’un logement classique serait accessible à n’importe qui de manière inconditionnelle, ces situations devraient devenir moins problématiques. Mais il faut peut-être aussi entendre que des personnes désirent habiter différemment, dans des caravanes, des yourtes, des tiny houses. Et ne pas l’interdire. Le tout est de leur offrir des garanties.

Bio express

1988

Naissance, à Paris.

2009

Licence de géographie (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

2008-2010

Licence de sciences politiques (université Paris 8).

2018

Doctorat en sociologie (Ecole des hautes études en sciences sociales).

Depuis 2019

Maître de conférence à l’université Sorbonne Paris Nord.

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