Les troubles digestifs concernent une part croissante de la population. Le régime restrictif sans Fodmap fait partie des solutions, notamment pour aider ceux qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable. Le souci est qui est employé à toutes les sauces.
C’est un régime dont on entend encore assez peu parler mais qui commence à tracer son sillon. Le régime sans Fodmaps, pour (on s’accroche) fermentable oligo-, di-, monosaccharides and polyols, n’est pas destiné à faire perdre du poids mais bien à surmonter certaines intolérances alimentaires. Plus prosaïquement, le no-Fodmap est indiqué pour les personnes souffrant de troubles fonctionnels de l’appareil digestif, tel que le syndrome de l’intestin irritable (SII, ou colopathie fonctionnelle).
Une maladie qui n’est pas handicapante mais qui peut provoquer un réel inconfort puisqu’elle se traduit par des divers symptômes fonctionnels gastro-intestinaux tels que des douleurs abdominales récurrentes, des changements dans les habitudes intestinales, de la diarrhée ou de la constipation, voire les deux, ainsi que des ballonnements. De quoi compliquer tant la vie sociale que professionnelle. La maladie est d’ailleurs relativement fréquente puisqu’elle touche entre 5 et 10% de la population. Un pourcentage qui est en constante augmentation dans la société occidentale.
Bien que son origine exacte soit encore mal comprise, il semblerait que le syndrome de l’intestin irritable puisse être déclenché, voire amplifié, par le stress. Ce qui semble avéré, c’est que ce syndrome n’est pas lié à une pathologie organique mais à un trouble de la motricité des intestins, ainsi qu’à une sensibilité intestinale particulière. L’hypothèse selon laquelle une certaine perméabilité intestinale, favorisant les réactions inflammatoires, serait à l’origine de cette hypersensibilité, est également avancée. A moins qu’il ne s’agisse d’un déséquilibre du microbiote.
Pour atténuer les symptômes des patients chez qui d’autres traitements ou adaptations au mode de vie n’ont pas donné les résultats escomptés, les professionnels de la santé (médecins, diététiciens, nutritionnistes) recommandent de tester ce régime pauvre en glucides à chaîne courte. Les monosaccharides sont les glucides que l’on retrouve dans le fructose, les disaccharides dans le lactose.
Les oligosaccharides contiennent du fructane, que l’on retrouve dans la plupart des fruits et légumes, et les polysaccharides sont présents dans les féculents. Pomme, avocat, prune, poire, abricot, cerise, ail, asperges, artichaut, chou-fleur, champignons, oignons, haricots, lentilles, pois chiches, crème, yaourt, certains fromages, les céréales complètes, mais aussi les produits transformés comme la confiture, le chocolat, les viennoiseries… La liste est longue comme un jour sans pain (et sans rien à mettre dessus, qui plus est).
Chez certains patients, le régime sans Fodmaps, mis au point au début des années 2000 par des médecins australiens, peut effectivement apaiser les douleurs abdominales souffrant de colopathie fonctionnelle. Mais il est surtout devenu un phénomène de mode, comme le confirme Nicolas Guggenbühl, professeur en nutrition et diététique à la Haute école Léonard de Vinci.
«L’engouement pour ce régime est lié au fait que les problèmes liés à la santé digestive, et plus particulièrement le syndrome de l’intestin irritable, sont en nette augmentation. Le souci, c’est que ce régime n’est pas très équilibré car il prive celui qui le suit de nombreux aliments qui apportent certains bénéfices à l’organisme, comme les céréales complètes. Il ne doit donc être envisagé qu’en concertation avec le médecin, lequel proposera un suivi avec un diététicien. Il est important que l’accompagnement se fasse avec une personne formée et qui possède une qualification reconnue».
Le programme consiste à éliminer les aliments riches en Fodmap pendant deux à trois semaines, au profit des aliments pauvres en Fodmap. Si des améliorations sont constatées, on peut alors réintroduire progressivement, un groupe à la fois et en petite quantité, les aliments de façon à pouvoir identifier le ou les responsables des douleurs.
La période de restriction doit en tout cas rester brève car le paradoxe, avec le syndrome de l’intestin irritables, c’est qu’il serait justement lié à un déficit en fibres solubles. Le fait de les éliminer de l’alimentation permettrait d’atténuer les symptômes aigus mais aussi d’aggraver le phénomène sur le long terme. «Ce qu’il faut surtout faire, c’est mettre le doigt sur ce qui provoque ce syndrome et commencer par un rééquilibrage alimentaire. Et en deuxième ligne seulement, tester le régime sans Fodmap». Mais aussi travailler sur son stress et limiter les aliments ultra-transformés. Plusieurs études ont en effet démontré le lien entre les troubles digestifs et la consommation de ces produits.
“L’engouement pour ce régime est lié au fait que les problèmes liés à la santé digestive, et plus particulièrement le syndrome de l’intestin irritable, sont en nette augmentation”