Le prix de l’abonnement téléphonique, à la télévision et à internet grimpe encore en ce début d’année chez plusieurs opérateurs. La procédure «easy switch» doit permettre de faciliter la concurrence, mais le Belge, frileux, préfère s’accrocher que raccrocher. Quelques conseils pour enfin couper le cordon (internet).
Cela pourrait être une bonne résolution de janvier: prendre le temps de comparer ses factures internet, mobile ou de télévision avec les offres du marché. Car certains consommateurs belges restent encore trop souvent vissés à leur contrat télécom, par crainte de la paperasse, de peur de ne pas retrouver un service qui donne satisfaction ou de se retrouver sans connexion pendant des jours. «Le manque d’alternatives, les questions administratives et l’aversion au risque bloquent clairement le marché, juge Julie Frère de Testachats. Il faut vraiment insuffler un changement de comportement dans le chef du consommateur, à l’image de ce que l’on a vu récemment dans le secteur de l’énergie en raison de la crise.»
La hausse répétée des prix depuis plusieurs années, encore d’actualité en ce début 2025 chez Proximus et Orange, va-t-elle enfin inciter à faire jouer davantage la concurrence? Si la suppression d’une option ou l’autre, tout en gardant le même opérateur, semble surmontable, couper le cordon pour aller voir ailleurs reste plus complexe dans certains esprits. Pas toujours à raison.
Depuis 2017, la procédure «easy switch», littéralement «changement facile», entend faire sauter ces verrous. Il s’agit d’un simple identifiant, sous forme d’une suite de chiffres, à communiquer à son nouvel opérateur pour qu’il prenne en charge la procédure de transfert. De quoi éviter l’interruption du service d’un côté tant qu’il n’est pas encore actif de l’autre, mais également d’esquiver le chevauchement de deux abonnements le temps du transfert entre l’ancien et le nouveau. «Easy switch» est applicable pour tout changement impliquant une connexion internet fixe et/ou la télévision.
Dans une évaluation menée deux ans après le début de cette procédure facilitée, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT), notait une vraie simplification et un pas en avant pour rendre le marché plus compétitif. Le régulateur fédéral reconnaissait, à l’époque, que le consommateur pouvait par contre manquer d’informations sur cette procédure, voire ne pas savoir qu’elle existait. Les derniers chiffres disponibles confirment que la procédure n’est pas encore majoritaire: sur les 420.000 acquisitions de clients en 2023 par les opérateurs, 128.000 sont passés par une procédure «easy switch». Moins d’une sur trois (30,5%).
Abonnement mobile: le plus facile
Le passage d’une offre de téléphonie mobile à une autre peut se faire sans code «easy switch». Changer de réseau mobile se fait normalement avec son seul numéro de téléphone à donner pour profiter du service d’un autre acteur du marché. Ce qui explique sans doute pourquoi les offres sont extrêmement variées et les opérateurs nombreux sur ce segment.
Mais la multitude des acteurs peut rebuter. Un point à prendre en compte: les petits opérateurs ne disposant pas de leur propre réseau peuvent proposer des prix plus attractifs justement car ils n’ont pas d’infrastructure à entretenir. Ils agissent comme un intermédiaire en louant le réseau d’un opérateur existant (Proximus, Orange, Base/Telenet), lui fournissant un nombre d’utilisateurs plus ou moins important. Les grands opérateurs ont également leur propres sous-marques, comme Scarlet chez Proximus ou Hey! chez Orange par exemple.
«Il y a des différences dans les offres, particulièrement en termes de limitation de vitesse lors du dépassement du forfait, du volume de surf fourni avec l’abonnement, de disponibilité de la 5G, etc. Mais en termes de qualité de service, les sous-marques utilisent le même réseau que les marques classiques. Nous n’avons pas plus de plaintes à l’égard des unes que des autres», détaille encore Julie Frère.
L’arrivée du quatrième opérateur, Digi, qui utilise le réseau de Proximus à ses débuts mais disposera à terme de son propre réseau, a déjà bousculé le marché, surtout sur le segment low-cost. Fin 2023, Digi a dégainé son offre mobile, avec un prix unique de 5 euros pour les appels et SMS illimités, ainsi que 15 Go (giga-octets) de données mobiles. Hey! (Orange) a copié la proposition dans la foulée et Scarlet vient d’augmenter son abonnement de base de 1 Go à 5 Go pour 8 € par mois.
En regardant du côté des opérateurs avec leur propre réseau, hors promotion et toujours en illimité, Base/Telenet propose une première offre à 15 € avec deux fois moins de données mobiles, Proximus affiche 10 Go pour 19,99€/mois et le prix bas d’Orange se situe à 14 €/mois pour 8 Go. À noter que Digi se limite pour l’instant à la 4G, avec une durée minimale de contrat de 12 mois pour son offre.
Connexion internet: une disponibilité à vérifier
Sur le segment de la connexion fixe à internet, le comparatif des offres est plus complexe. Car une grande avancée technique, le déploiement de la fibre optique, est en cours et sa disponibilité varie selon le lieu de vie. Les opérateurs demandent d’ailleurs aux clients potentiels d’encoder une adresse avant de pouvoir proposer des produits qui y sont disponibles. À noter que même hors fibre, tous les opérateurs ne proposent pas la même couverture dans chaque commune. Il convient donc ici de vérifier avec son adresse la disponibilité du service visé. La plupart des comparateurs prennent en charge ce point, que ce soit meilleurstarifs.be (IBPT) ou d’autres.
Les premiers prix, hors fibre et sans prendre en compte la disponibilité réelle de l’opérateur, débutent actuellement autour d’une vingtaine d’euros par mois, selon le comparateur officiel de l’IBPT. Il s’agit parfois d’offres auxquelles il faut ajouter la location ou l’achat d’un modem, voir l’ajout de frais d’activation parfois conséquents. Le prix mensuel est donc potentiellement virtuellement bas et il conviendra aux consommateurs de faire son marché aidés par un comparateur et en étudiant l’offre exacte (vitesse disponible dans la région, limite de volume etc.).
Chez les opérateurs majeurs, Proximus démarre à 39,99 euros/mois (fibre ou non), Orange propose la fibre pour 45 euros/mois ou une solution via la 4G transformée en Wi-Fi chez soi, dès 20 euros, mais limitée à 15 Go/mois, nécessitant l’achat du modem et avec un engagement d’un an, tandis que Base débute à 27 euros/mois.
Le changement de raccordement est un point à ne pas négliger, pour savoir si une installation est possible par soi-même ou si le passage d’un technicien sera requis. À savoir aussi que la télévision digitale via une box dédiée (hors satellite) dépendra du fournisseur internet, les deux seront donc couplés.
Les packs: le moyen de garder les clients
Plus de 3,4 millions de ménages belges avaient un pack chez un opérateur en 2023 et l’offre est également touffue dans ce secteur. Du double-play au quadruple-play, reprenant potentiellement de deux à quatre services entre internet, le mobile, la télévision et une ligne téléphonique fixe, la jungle s’épaissit. Les opérateurs mettent fortement en avant ces offres, proposant des ristournes aux clients choisissant plusieurs de leurs produits, mais plutôt dans une logique de captivité du consommateur, qui peut avoir peur de perdre un avantage lié à un pack. Ce que confirme l’IBPT avec le taux de changements d’opérateur, qui diminue au plus un consommateur à de produits chez un même fournisseur. Les hausses de prix n’ont pourtant épargné aucun pack ces dernières années.
«Autant les prix des abonnements mobiles sont assez concurrentiels en Belgique par rapport à nos voisins directs, autant les packs triple et quadruple-play restent chers en comparaison avec les autres pays européens», juge la porte-parole de Testachats. Elle rappelle aussi que l’influence de Digi pour les produits internet «pourrait être importante une fois que leur réseau fibre sera disponible sur la majorité du territoire.»
Pour profiter des meilleures offres, l’idéal serait donc plutôt d’éclater son pack et de faire son marché selon ses besoin parmi plusieurs opérateurs. À titre indicatif, l’offre la moins chère chez Proximus pour un trio internet, mobile et TV, soit le pack triple-play majoritaire en Belgique, s’affiche à 90,99 euros/mois depuis ce 1er janvier 2025. Sans supprimer totalement la logique du pack mais en abandonnant le mobile, le duo internet et TV descend à 75,99 euros/mois, ce qui laisse 15 euros pour trouver une offre mobile avec appels et SMS illimités ainsi que 15 Go par mois. Il en existe actuellement sept sous ce prix, parfois plus généreuses en données mobiles.
Tant l’IBPT que Testachats rappellent qu’il existe des pistes d’économies bien réelles sur le segment des télécoms et que la procédure «easy switch» a simplifié grandement le passage d’un opérateur à l’autre pour les connexions fixes. Les comparateurs disponibles en ligne sont nombreux et permettent un gain de temps appréciable pour juger l’offre disponible, sans perdre le fil.