vendredi, octobre 25

Le tribunal correctionnel considère que c’est bien l’homme de confiance du collectionneur liégeois Philippe Gillain qui a subtilisé les 5.500 pièces de cette collection rare. Egalement jugé coupable d’abus de confiance, il bénéficie d’une suspension du prononcé.

Vol et abus de confiance. Le tribunal correctionnel de Liège a tranché: c’est de ces deux préventions que Marc V., homme de confiance et proche du collectionneur liégeois Philippe Gillain, aujourd’hui décédé, a été reconnu coupable. A l’issue d’une procédure-fleuve, qui aura commencé avec ce vol commis à Dalhem au début du mois de septembre 2017, Marc V. devra donc rembourser aux deux filles et héritières du collectionneur ce qui a été dérobé à leur père. Cette collection, composée de 5.500 uniformes, écussons et autres objets allemands et nazis datant de la Deuxième Guerre mondiale, n’a jamais été retrouvée.

Philippe Gillain et Marc V. se connaissaient depuis la fin du siècle dernier mais c’est autour de 2009 que le premier avait demandé au second de revendre pour lui des pièces dont il souhaitait se séparer. Ce dernier était aussi chargé d’en repérer d’autres qui pourraient intéresser Philippe Gillain, notamment à l’étranger. Pour assumer ce rôle d’intermédiaire, Marc V. touchait une commission de 10% sur chaque opération de vente et engrangeait le surplus s’il parvenait à vendre des pièces plus cher que leur valeur d’estimation.

Le vol de cette importante collection s’est produit entre le 7 et le 11 septembre 2017, alors que Philippe Gillain était parti en vacances. A la demande du propriétaire des lieux, Marc V. s’était alors installé dans la maison, comme il le faisait depuis plusieurs années, notamment pour veiller sur la collection et nourrir les animaux. C’est à son retour de vacances, le 11 septembre 2017, que Philippe Gillain avait constaté le vol de sa collection.

Au cours de l’enquête, certaines des pièces disparues avaient été retrouvées dans un box que Marc V. louait à Overijse. S’y trouvaient également 92 objets de la collection de Philippe Gillain, qui étaient censées avoir été expédiés par Marc V. chez Collector’s Guild, une plateforme canadienne spécialisée dans l’achat et la vente de ce type de pièces.

Dans son jugement, le tribunal a longuement rappelé que le prévenu disposait de la clé de la maison de Philippe Gillain et y avait librement accès; qu’il connaissait parfaitement l’horaire de travail de la femme de ménage, le chien de la famille, et les lieux, et savait donc où se trouvaient les pièces de la collection – seules les pièces de l’immeuble contenant les pièces de la collection ont d’ailleurs été fouillées; que le voleur se serait introduit par l’étroit soupirail de la cave dont la vitre a été brisée, sans se blesser à aucun moment, ni en entrant, ni en sortant.

En analysant l’état des portes du bâtiment, fracturées ou non, fermées ou non après le cambriolage, le tribunal a conclu qu’«une fois le vol commis, le prévenu a mis en scène la thèse du vol par effraction en brisant le soupirail et les serrures/cadenas intérieurs avant de quitter les lieux.» Si le vol avait été commis par un tiers qui n’aurait pas disposé de la clé, poursuit le juge Franklin Kuty, ce scénario n’aurait pas été crédible, entre autres au vu d’une porte de sortie retrouvée fermée de l’intérieur.

S’il déplore, comme la défense du prévenu, que la femme d’ouvrage et les voisins n’aient pas été auditionnés, le tribunal n’en estime pas moins qu’il existe «un faisceau de présomptions graves, précises et concordantes de ce que le prévenu a commis le vol qui lui est reproché, seul ou avec l’aide de tiers.»

Dès lors, Marc V. est reconnu coupable d’abus de confiance et du vol de la collection de Philippe Gillain. Aux yeux du tribunal, il n’est en revanche pas établi qu’il soit impliqué dans la disparition de 12.000 euros, de bijoux, de quinze Krugerrand d’une valeur de 15.000 euros et d’un ordinateur. «Cela est plausible mais non établi», indique le juge. En raison de la longueur de la procédure et de son absence d’antécédents judiciaires, Marc V. bénéficie d’une suspension du prononcé. S’il ne commet aucun autre délit dans les trois ans à venir, il ne sera donc pas condamné sur le plan pénal.

En revanche, au civil, Marc V. est condamné à verser aux héritières de Philippe Gillain une somme de 150.000 euros à titre provisionnel pour le vol et de 1 euro à titre provisionnel pour l’abus de confiance, dans l’attente d’une liste précise des objets volés et de leur évaluation.

Marc V. et son avocat Philippe Culot étudient désormais la possibilité d’interjeter appel contre ce jugement.

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