Une étude révèle le nombre d’heures de travail presté par semaine par les enseignants flamands. Une enquête similaire devrait être lancée auprès des professeurs francophones.
Voilà une étude qui tombe à point nommé. Alors que les syndicats, faisant front commun, s’inquiètent de la volonté de l’exécutif MR-Les Engagés de clarifier les «différences de charge de travail entre les enseignants de disciplines différentes, pour les redistribuer si nécessaire», la Vrije Universiteit Brussel (VUB) pose sa loupe sur le temps de travail réel des professeurs flamands. Une inconnue qui fait l’objet d’âpres débats, de critiques et de suspicions.
Grâce à une application de suivi, téléchargée sur leur ordinateur ou leur smartphone, près de 9.600 enseignants ont enregistré rigoureusement leurs heures de travail hors de la classe. Les résultats sont loin des idées reçues. D’après l’étude, les enseignants prestent, en moyenne, 46 heures par semaine et même 17 heures par semaine, en moyenne, durant les congés scolaires. Avec des différences selon les niveaux d’enseignement et les heures d’enseignement hebdomadaires. Par exemple, ceux qui bossent à temps plein travaillent presque 49 heures par semaine et ceux à temps partiel, un peu plus de 45 heures par semaine.
Selon cette même étude, 35% d’entre eux présentent, dès les mois de novembre et de décembre, un risque d’épuisement professionnel et de burnout.
Du côté des syndicats enseignants, notamment la CSC, ces données, inédites, éclairent les réalités de terrain et sont une étape importante vers une reconnaissance du métier à sa juste mesure. Ils rappellent qu’au gré des réformes, la charge des profs s’est nettement alourdie. «Tout le monde estime savoir ce qu’est le métier d’enseignant, car tout le monde en connaît un ou en a connu un, alors même qu’une large partie du travail est invisible, ce qui alimente les représentations très partielles de leur activité», résume Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC-Enseignement.
Le décret «Organisation du travail des membres du personnel de l’enseignement» synthétise cette complexité de définition, racine des incompréhensions. Il renseigne le «travail en classe» face aux élèves: 26 heures (ou plutôt de périodes de 50 minutes) en maternelle, 24 heures en primaire, 22 heures dans le secondaire inférieur et 20 heures dans le secondaire supérieur. En dehors de ces obligations de service, que les enseignants organisent comme ils le souhaitent, le texte fait mention également d’autres blocs non quantifiés: le «travail pour la classe», celui effectué à la maison, dans la salle des profs, pour préparer ses cours, corriger les copies, rédiger les journaux de classe et les bulletins, etc. S’y ajoutent le «service à l’école et aux élèves», c’est-à-dire des tâches annexes, dont certaines sont obligatoires (réunions de parents, conseils de classe, suivi individuel des élèves, voyages scolaires…), le «travail collaboratif», soit 60 heures annuelles consacrées aux réunions d’équipe et, enfin, la «formation continuée». Bref, une charge horaire balisée mais à géométrie très variable.
De cette «boîte noire» du temps de travail en dehors des heures d’enseignement découle l’éternelle question du «temps de travail effectif» des professeurs, qui n’a jusqu’ici jamais été objectivé jusqu’ici. Depuis longtemps, les syndicats sont demandeurs d’une étude objective sur la charge de travail réelle des enseignants. Le principe est en tout cas inscrit dans le dernier accord sectoriel négocié entre les syndicats, les pouvoirs organisateurs et l’ex-ministre de l’Enseignement, Caroline Désir (PS). L’enquête devrait être lancée sous cette législature. Selon les représentations syndicales, les politiques pourraient bien être surpris…
En dehors des heures devant la classe, le travail d’un prof englobe d’autres missions non quantifiées