dimanche, novembre 24

Artiste et éducateur, Marcos Bertucelli rappelle les conditions qui ont permis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, disciple de Donald Trump.

A quelques semaines du retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, qui devrait concrétiser sa volonté de bousculer le fonctionnement des institutions démocratiques, il est utile de se remémorer les conditions qui ont permis l’émergence de semblables menaces dans d’autres pays. L’occasion en est offerte par la parution de l’essai de l’éducateur et artiste argentin Marcos Bertucelli, Variations brésiliennes. Son texte a été écrit en 2018, moment charnière de l’histoire contemporaine du Brésil: alors que la présidente Dilma Rousseff a été destituée par le Parlement deux ans plus tôt en raison de son implication supposée dans une affaire de corruption –un «coup d’Etat silencieux», aux yeux de l’auteur–, l’élection présidentielle d’octobre portera au pouvoir le dirigeant d’extrême droite Jair Bolsonaro, pour lequel Trump est un modèle…

Marcos Bertucelli dénonce la pratique du «lawfare», l’instrumentalisation du système judiciaire pour frapper des adversaires et modifier les scénarios politiques (Trump ne fait-il pas de même avec la Cour suprême?). Il replace cette lutte entre progressisme et conservatisme dans le contexte national spécifique, marqué par l’impact de l’esclavage et du racisme (à l’indépendance, le Brésil comptait la plus grande population d’esclaves au monde et il fut le dernier pays américain à abolir l’esclavage). Mais il loue aussi les vertus que les habitants en ont tiré: «Les notions de collectif et de massivité sont omniprésentes dans l’identité brésilienne».

«Les élites occidentales sont avantagées depuis si longtemps qu’elles sont persuadées que c’est l’ordre naturel des choses.»

Il insiste enfin sur la responsabilité des Occidentaux, y compris à travers le rôle de l’Otan avant même que l’invasion russe de l’Ukraine le questionne plus profondément. «Une grande partie des dirigeants politiques des puissances occidentales, qui s’identifient sans honte à « la communauté internationale » comme si les autres nations n’avaient aucune importance, ont prouvé à maintes reprises leur résistance à un système international équitable et à une concurrence réelle. […] Les élites occidentales sont avantagées par rapport à d’autres dans le monde entier depuis si longtemps qu’elles sont persuadées que c’est l’ordre naturel des choses.» A ce suprémacisme indifférent, Marcos Bertucelli oppose le devoir de solidarité, si bien illustré par le pédagogue brésilien, chantre de l’alphabétisation, Paulo Freire (1921 – 1997).

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