Des milliers de manifestants ont participé, lundi, à une mobilisation dans les rues de Bruxelles pour protester contre les mesures d’économie annoncées en Fédération Wallonie-Bruxelles.
De 5.000 à 7.000 personnes ont bruyamment manifesté lundi dans le centre de Bruxelles pour fustiger les mesures d’économies prévues dès l’an prochain dans tous les secteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Composé d’enseignants, d’étudiants, d’artistes, d’accueillantes d’enfants, le cortège bigarré a défilé à coups de pétards et de sifflets entre la place du Luxembourg et le siège du gouvernement de la FWB sur la Petite ceinture, avec un arrêt devant le siège des Engagés, copieusement bombardé d’œufs.
«Du blé pour étudier, pas pour militariser», «État sans culture = État fasciste», «Glatigny sourit, nous on subit» ou encore «Qui sommes-nous pour vous?» : les nombreux calicots brandis par la foule témoignaient de la colère et de l’inquiétude de tout un secteur à vocation sociale ou culturelle.
«Le gouvernement a décidé de mettre fin à l’indexation de nos subsides. Dans le secteur des arts plastiques, cela aura pour conséquence la disparition d’une structure sur deux dans les quatre ans à venir!» prédit Clara Thomine, artiste plasticienne. «On n’avait déjà pas assez pour vivre et là on aura encore moins! Notre secteur repose déjà beaucoup sur le bénévolat. Demain, ce sera donc encore plus de bénévolat ou la mort!» ajoute la jeune femme, un calicot planté sur l’épaule.
Afin de freiner son déficit chronique, le gouvernement MR-Engagés a programmé dès l’an prochain une batterie d’économies tous azimuts à hauteur de 225 millions d’euros, sur des dépenses globales de quelque 15 milliards d’euros. L’adoption définitive de ces coupes est prévue ce mercredi en séance plénière du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Organisée à 48 heures de cette échéance, la manifestation avait donc pour objectif de mettre les députés de la majorité, surtout Engagés, sous pression avec pour message : «Ne votez pas ce budget!». Plusieurs pancartes et chants ciblaient d’ailleurs spécifiquement le parti centriste, accusé d’avoir trahi ses promesses électorales.
«Aucune cohérence»
«En 2019, les Engagés nous ont donné un statut. Aujourd’hui, ils nous le reprennent», pestait notamment ce groupe d’accueillantes d’enfants à domicile, venues de Verviers pour dénoncer les économies prévues dans leur secteur. «La ministre (de l’Enfance Valérie) Lescrenier a décidé de geler l’indexation de nos subsides sans concertation et sans avancer aucune autre solution! Elle dit vouloir créer 5.000 nouvelles places d’accueil sous cette législature. Mais avec sa décision, elle va en faire disparaître 10.000! Il n’y a aucune cohérence!».
De nombreux enseignants avaient également fait le déplacement ce lundi pour dénoncer la dégradation des conditions de travail, mais aussi des décisions qui vont mener de plus en plus à un enseignement à deux vitesses, selon eux. «Le gouvernement a décidé de réduire de moitié les moyens pour l’encadrement différencié, c’est-à-dire pour les écoles à public socio-économiquement défavorisé comme la mienne», explique Maud, enseignante de français depuis près de 30 ans à Bruxelles. «Cet argent, on l’utilisait notamment pour financer des voyages de classe. Mais avec cette réduction, ce ne sera plus possible. Demain, il n’y aura plus que les enfants de familles aisées qui pourront partir en voyages de classe. Car les parents de mes élèves ne pourront, eux, pas les payer», s’inquiète-t-elle.
Une délégation des manifestants a été reçue par le gouvernement. La manifestation, qui a perturbé la circulation automobile aux alentours de la rue de la Loi et de la Petite ceinture, s’est disloquée vers 12h30 sans incident.




