vendredi, septembre 20

La Flandre se réveillera-t-elle avec un gouvernement, ce lundi 23 septembre? Le souhait initial du formateur Mathias Diependaele (N-VA) pourrait être exaucé, alors que les réunions avec le cd&v et Vooruit s’enchainent ces derniers jours. Passage en revue des étages de la «coalition Rocket», avec le politologue Carl Devos (UGent).

Les pourparlers s’enchainent côté flamand, dans une ambiance discrète mais constructive. Suffisant pour envisager la formation d’un gouvernement avant les élections communales du 13 octobre prochain? Conner Rousseau, le président de Vooruit, l’a pensé tout haut dans les médias, alors que d’autres y pensent tout bas. Certains espèrent même voir une fumée blanche se dégager dans le ciel du nord du pays ce lundi 23 septembre, à l’occasion de la traditionnelle «Déclaration de septembre» pour la rentrée du Parlement flamand. La N-VA fait partie de ces optimistes, même si le formateur Mathias Diependaele, qui dit ne pas vouloir s’enfermer dans un calendrier, reste prudent dans ses déclarations on the record.

«Sammy Mahdi adopte un comportement offensif, un peu à la manière de Georges-Louis Bouchez au niveau fédéral»

Gouvernement flamand: après l’optimisme des débuts, place au réalisme

Comme en Wallonie, la donne post-électorale était claire en Flandre. Le Vlaams Belang, Groen, et le PVDA étant, dans l’esprit de la N-VA, pour des raisons diverses, exclus d’avance en vue de la formation du gouvernement. Restait la question de l’Open Vld, parti en perdition, qui a vite répondu par la négative en optant pour une cure d’opposition. La future majorité serait donc composée de la tripartite NVA-Vooruit-cd&v, rapidement baptisée «coalition Rocket» en référence à la glace du même nom, au vu de la couleur (jaune, rouge et orange) de ses trois étages. «Après les élections flamandes, l’optimisme était de mise, précise le politologue Carl Devos (UGent). Avec trois partis – on craignait qu’il en faille quatre – amenés à faire partie du gouvernement fédéral, les choses allaient avancer plus vite en Flandre également.»

En particulier, la personnalité de son président Sammy Mahdi poserait problème, selon Carl Devos. © BELGA

Au fil des premières rencontres, un parti aurait progressivement installé un climat de méfiance à la table des négociations: le cd&v, partenaire qui a le plus perdu des plumes dans les urnes. En particulier, la personnalité de son président Sammy Mahdi poserait problème, selon Carl Devos. «Il adopte un comportement offensif, un peu à la manière de Georges-Louis Bouchez au niveau fédéral. Le cd&v est devenu un petit parti, a perdu lourdement aux élections et vend chèrement sa peau.»

Agriculteurs, éducation, personnes âgées: les dossiers qui ont déjà fuité

Déforcé, le cd&v n’est pas prêt à n’importe quel compromis. Le parti se montrerait «défensif» sur les dossiers liés aux soins de santé et l’enseignement. Pas question par contre pour les centristes d’aller trop vite en besogne sur les dossiers sensibles à leur électorat agriculteur, comme l’épineuse question de l’azote, qui avait fait trembler le précédent gouvernement flamand.

«Vooruit ne veut surtout pas donner l’impression qu’il vient dépanner le gouvernement précédent. Ce qui complique le processus»

Et quid de Vooruit, qui ne faisait pas partie du dernier attelage exécutif au nord du pays? Les socialistes emmenés par Conner Rousseau ont mathématiquement remplacé l’Open Vld de la nouvelle présidente Eva De Bleeker. «Vooruit ne veut surtout pas donner l’impression qu’il vient dépanner le gouvernement précédent, et veut des politiques très différentes dans plusieurs domaines. Ce qui complique le processus», analyse Carl Devos. À l’inverse, la N-VA rappelle qu’une majorité des Flamands a voté à droite, plaidant pour les mesures politiques qui vont dans ce sens.

Les socialistes emmenés par Conner Rousseau ont mathématiquement remplacé l’Open Vld de la nouvelle présidente Eva De Bleeker. © BELGA

Si les négociations restent très discrètes ces derniers jours – signe d’un décollage prochain de la «coalition Rocket»? – quelques points en discussion ont néanmoins déjà fuité dans les médias. Pêle-mêle: des titres-services plus chers, plus de dépenses sociales pour l’éducation, la garde d’enfants et les personnes âgées (des demandes d’adaptation de l’axe Vooruit-cd&v à la note de départ de la N-VA) et un ajustement du financement des communes. «Il n’y a d’accord sur quelque chose que s’il y a un accord sur tout», résume Carl Devos, selon qui on ne sait rien pour l’instant du financement et du chiffrage de ces différentes mesures.

Un décollage du gouvernement flamand avant le 13 octobre?

Depuis que le cd&v a rejeté, début septembre, la note du formateur Mathias Diependaele, les choses se sont quelque peu calmées. Les (longues) réunions s’enchainent, de quoi accélérer le processus de formation. Le politologue de l’UGent «n’exclut pas» qu’un gouvernement flamand soit constitué avant les élections communales du 13 octobre. Les trois partenaires de majorité, forts du nouvel accord de gouvernement, pourraient alors donner un coup de boost à leur campagne en vue du prochain scrutin. «Les partis semblent prêts à faire des concessions désagréables pour avoir un exécutif le plus vite possible. Quitte à reporter certains discussions difficiles à plus tard, comme l’a fait le gouvernement wallon».

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