dimanche, décembre 22

«C’est en famille, ce n’est pas en public qu’on lave son linge sale, avait lancé Napoléon, face à la contestation, en janvier 1814. Loin de là, vous avez voulu me jeter de la boue au visage. Je suis, sachez-le, un homme qu’on tue, mais qu’on n’outrage pas.» Loin de tomber dans les excès du «petit caporal», il est un président de parti – DéFI, en l’occurrence – qu’on ne tue peut-être pas encore – politiquement parlant – mais qu’on outrage publiquement. Et qui aurait préféré que le linge sale se lave un peu plus en famille, précisément.

C’est la guerre au sein de DéFI. Le parti amarante fait face à une spectaculaire animosité entre son ancien président, Olivier Maingain, et l’actuel, François De Smet. En cause, toujours, un trouble autour de la confection de la liste pour les élections régionales en Région bruxelloise. Et des accusations de tricherie portées par le premier à l’encontre du chef de cabinet du second. Olivier Maingain charge, François De Smet esquive. La dernière salve date de lundi, lorsque le premier a annoncé qu’il renonçait à se présenter sur une quelconque liste électorale, le 9 juin prochain. Dans ces conditions, gronde- t-il, il faudra se passer de lui (et de son potentiel électoral).

On ne s’aventurera pas ici à désigner les victimes et les coupables, deux versions des faits s’opposant fermement sans qu’une vérité limpide ne se dégage, vu de l’extérieur du parti. Mais une chose semble évidente: tous les présidents de parti ne sont pas condamnés à composer avec leurs prédécesseurs avec un même degré de désagrément. Certains de ces prédécesseurs peuvent se montrer bien plus encombrants que d’autres.

Au PS, Elio Di Rupo s’en va vers l’Europe. Chez Ecolo, quelques anciens coprésidents ou coprésidentes figurent sur quelques listes, dans quelques-unes des circonscriptions. Chez Les Engagés, l’ancien président, celui du temps du CDH, se présente au fédéral devant ses ouailles luxembourgeoises. Au PTB, l’actuel président passait déjà pour un président avant de le devenir, président.

Au MR, les choses se sont embrouillées lorsqu’un ancien président a choisi d’occuper la tête de liste aux élections européennes, au détriment d’un autre ancien président, un peu plus ancien. Tout est rentré dans l’ordre, désormais, puisqu’une candidate que d’aucuns verraient bien devenir présidente un jour mènera la liste, comme l’a finalement annoncé le président (l’actuel, cette fois).

Tout de même, il faut décerner à DéFI la palme de l’ancien président le plus encombrant. Aux yeux de l’actuel, s’entend. Le conflit ouvert est d’autant plus fâcheux que le parti n’a pas le luxe, mais alors pas du tout, d’exposer ses rancœurs de la sorte. Les sondages sont les sondages, diront les amarantes, mais les derniers en date sont défavorables au parti. Les quelques électeurs qui restent accorderont-ils encore leur confiance à une formation qui se déchire?

L’avenir le dira. Les partis politiques, dans l’idéal, évitent à tout prix de laver leur linge sale en public. Chacun sait que cela n’empêche pas les divergences de vue et autres inimitiés. Mais l’impression générale est en principe celle d’un ensemble cohérent, qui se serre les coudes.

Avec DéFI, les conflits de lavanderie apparaissent comme jamais au grand jour. On y lave à ce point son linge sale qu’à défaut de devenir plus blanc que blanc, le parti risque de finir transparent.

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