mardi, avril 1

Outre la promesse de Batopin d’étendre son réseau, pour répondre à une demande des citoyens, le ministre des Finances Jan Jambon veut permettre l’installation de distributeurs de billets dans les commerces. Une proposition plutôt bien accueillie par les communes, mais certains édiles émettent tout de même quelques réserves.

S’ils poursuivent leur lente diminution, les paiements en espèces représentent toujours 39% des achats effectués en magasin, révèle la Banque nationale de Belgique. Pourtant, se procurer de l’argent liquide s’apparente, depuis quelque temps, à un parcours du combattant. Le nombre d’agences bancaires diminue d’année en année, tandis que les distributeurs de billets (DAB) se font de plus en plus rares.

En 2022, dans le cadre de l’enquête SPACE (Study on the Payment Attitued in the Eurozone), menée par la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales de la zone euro, les Belges déploraient déjà le manque de distributeurs de billets. En 2024, le sentiment reste inchangé. 23% des sondés trouvent qu’il est difficile ou très difficile de retirer de l’argent, en Belgique.

En 2025, rien ne semble avoir bougé. En 2023, la Vivaldi avait conclu un accord avec le secteur financier sur le maintien des DAB, à savoir au moins un par commune d’ici 2025. Mais une récente enquête de l’Autorité belge de la concurrence (ABC) indique que ceux-ci sont encore à ce jour en nombre insuffisant.

Des DAB à moins de cinq kilomètres

Plus pour longtemps? L’ABC a sommé les quatre grandes banques (Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC) de s’engager dans l’extension du réseau de distributeurs sur le territoire belge. Après quoi, elles ont annoncé, via leur structure Batopin, mise sur pied en 2020, que 70 DAB vont être ouverts en Belgique.

En plus des 750 sites initialement programmés, l’engagement pris par Batopin d’ouvrir 220 distributeurs supplémentaires à la suite de l’accord conclu entre le secteur et le gouvernement, le 31 mars 2023, deviendra contraignant. Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC s’engagent par ailleurs à ouvrir 70 points cash de plus «afin de rétablir l’accessibilité des distributeurs automatiques de billets pour les consommateurs au niveau de 2019», a indiqué le patron de Batopin, Jeroen Ghysel. En tout, il est question de rendre 1.040 points cash opérationnels d’ici 2026. A l’heure actuelle, on n’en compte que 970 sur l’ensemble du territoire.

Les nouveaux distributeurs seront en partie placés dans les grandes villes, dont Liège, Namur, Charleroi, Anvers ou encore Gand. Treize sites seront également ouverts à Bruxelles. L’accessibilité hors des villes sera aussi prise en considération, avec l’ajout de distributeurs dans 14 communes et 25 sections de communes supplémentaires. «De cette manière, nous garantissons que plus de 95% des consommateurs trouveront un point cash à moins de cinq kilomètres (par la route) de leur lieu de résidence», précise Jeroen Ghysel. Ce taux est actuellement de 84%.

Pour des distributeurs dans les commerces

Jan Jambon compte aller plus loin. Jeudi, le ministre des Finances a fait savoir qu’il présentera un texte législatif qui devrait permettre l’installation de distributeurs automatiques de billets dans les commerces. Selon le ministre, l’un des défis réside dans l’octroi des permis par les communes. Il a appelé les autorités locales à faire preuve de flexibilité en la matière.

A Liège, la proposition du ministre est bien accueillie et n’est pas sans rappeler une initiative prise quelques années auparavant. «On a déjà installé des distributeurs Batopin dans les galeries, par exemple, indique l’attachée du cabinet du bourgmestre Willy Demeyer. Toute proposition visant à augmenter l’accès au cash reste bonne à prendre, évidemment. Il faudrait cependant des mesures concrètes pour les commerçants.»

Quelles garanties de sécurité?

L’échevin de l’Urbanisme et du Commerce de Charleroi, Tanguy Luambua, n’est pas non plus opposé à la proposition du ministre Jambon. «Il y a une volonté forte du citoyen d’avoir accès à du cash, c’est un besoin fondamental pour nombre d’entre eux. C’est pourquoi c’est une proposition qui peut être intéressante», commente-t-il.

«Il y a également un intérêt pour certains commerces. Nous avons par exemple reçu des demandes de supermarchés pour installer des dispositifs de distribution de billets Batopin sur leur parking», poursuit l’échevin carolo. «Et aussi pour une cellule vide située dans le Passage de la Bourse.»

Tanguy Luambua émet néanmoins quelques réserves. En matière de sécurité, d’abord: «Ça implique une forme de risques, notamment en cas de vols, pour les plus petits commerçants qui ne disposeraient pas d’un système de sécurité aussi important qu’un supermarché ou un centre commercial.» Et aussi en termes de coût. «Combien cela coûterait-il aux commerces d’installer des distributeurs de billets? Il ne faut pas les charges soient excessives», lance-t-il.

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