Le Bureau élargi du Parlement bruxellois a décidé d’organiser un débat d’actualité au sujet de la récitation d’une prière à la tribune par un imam lors d’une visite de l’institution, organisée le 13 janvier dernier, à la demande du député Hasan Koyuncu (PS). Cette instance réunissant l’ensemble des chefs de groupe a aussi décidé de renforcer les règles entourant les visites.
Formellement, le Bureau élargi a condamné fermement cet épisode qui avait provoqué vendredi dernier un tollé du côté des groupes politiques.
Selon le cabinet du président Rachid Madrane, il a été « pris acte des excuses présentées par courrier par l’imam Muhammad Ansar Butt, qui avait récité la sourate ».
Cette instance décisionnelle en matière de fonctionnement de l’assemblée législative bruxelloise rappellera par ailleurs à tous les députés les règles qui s’appliquent aux visites et aux événements organisés au Parlement et que l’organisation d’évènement doit impérativement obtenir une autorisation préalable de sa part.
Le règlement des visites sera renforcé. Les visites organisées à la demande d’un député et/ou d’associations seront soumises à l’autorisation préalable du Bureau. Une commission des visites composée du Président, du greffier, du greffier-adjoint, d’un membre de la majorité et d’un membre de l’opposition, sera constituée au sein du Bureau.
Autre tour de vis: personne ne pourra occuper les places du président, vice-président, secrétaire du Parlement et de l’orateur pendant les visites, sauf autorisation préalable, e.a. lors des animations organisées par le Parlement Jeunesse.
Un membre du personnel du Parlement devra impérativement être présent durant toute visite dans l’enceinte de l’institution.
Une liste exhaustive des participants devra être transmise préalablement au Parlement et vérifiée lors de la visite. Les députés et associations qui ne respectent pas les règles ne pourront plus organiser de visites pendant un délai déterminé par le Bureau, entre deux et cinq ans.
Une vidéo montrant un imam récitant une prière depuis la tribune du Parlement bruxellois partagée vendredi sur les réseaux sociaux, avait suscité plusieurs réactions d’indignation et un rappel ferme à la neutralité des institutions publiques par le président de l’assemblée bruxelloise, Rachid Madrane (PS).
« Le Parlement n’est pas le temple d’autre chose que de la démocratie », avait souligné celui-ci. La vidéo en question a été tournée le 13 janvier dernier lors d’une visite qui n’était pas organisée par l’institution bruxelloise. L’imam qui avait été filmé faisait partie d’un groupe invité par l’association « Friends of Brussels », qui effectuait une visite du Parlement bruxellois à l’invitation du député Hasan Koyuncu (PS).
Des personnes de différentes orientations philosophiques et religieuses étaient également présentes. Depuis lors, l’imam en question a adressé un courrier au Parlement bruxellois présentant ses « plus sincères excuses à l’institution du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, et à travers elle, à toute personne qui a pu se sentir offensée, si ma contribution a pu être comprise comme une atteinte à tous ses principes ».
Muhammad Ansar Butt y explique que, « souhaitant délivrer un message d’entente interculturelle procédant du dialogue inter-religieux et inter-philosophiques, il a psalmodié quelques versets du Coran comme il est parfois coutume de le faire dans ce type de rencontres ».
Il n’a, selon lui, jamais été dans son intention de « porter atteintes aux principes et valeurs qui président au fonctionnement de l’institution parlementaire bruxelloise, et singulièrement le principe fondamental de la non interférence du religieux dans les sphères de l’Etat et de ses institutions ».
Aux yeux de l’imam, dans d’autres traditions parlementaires proches de la Belgique, une telle lecture est vue de manière plus anodine et n’est pas considérée comme remettant en cause l’impartialité de l’État vis-à-vis des différentes appartenances philosophiques ou religieuses. « Cependant, la Belgique et sa capitale Bruxelles ont leurs propres règles et tradition parlementaires qui doivent être intégralement respectées », a-t-il admis.