mercredi, décembre 4

SUV, pick-ups, véhicules électriques: les voitures sont devenues de plus en plus lourdes, puissantes et grosses, en moyenne. En conséquence, elles peuvent sembler bien difficiles à manier, pour certains automobilistes. Mais peut-on vraiment y faire quelque chose?

Cela n’a échappé à aucun automobilistes. L’avènement des véhicules électriques sur les routes belges, de même que le déferlement des SUV et autres modèles imposants a progressivement relevé le gabarit moyen des engins. A tel point qu’il n’est pas rare d’entendre la réflexion suivante: les rues, comme les places de parking, ne sont plus adaptées aux standards actuels. Ou les standards actuels ne sont pas du tout adaptés au gabarit des rues et des places de parking, plutôt.

En 2023, l’institut Vias avait objectivé le phénomène, avançant quelques chiffres interpellants. Au cours des deux dernières décennies, selon les données de l’organisme qui promeut la sécurité routière,  la masse moyenne des voitures a augmenté de plus de 28% (de 1.186 kg en 2000 à 1.521 kg en 2021), leur puissance moyenne a augmenté de 60% (de 65 kW en 2000 à 103 kW en 2021) et leur hauteur moyenne du capot a augmenté de 15% (de 73 cm à 83 cm).

L’électrification du parc automobile (à travers la taille des batteries) et la sophistication toujours plus importante des voitures explique en partie cette tendance à l’hypertrophie. Les constructeurs et acheteurs se partagent aussi une part de responsabilité. Si les gros volumes circulent, c’est qu’ils sont valorisés dans les show-rooms et qu’ils peuvent procurer un sentiment d’élévation du statut social. Le prestige de la belle cylindrée, si l’on peut dire. Et puis il y a ce paradoxe des voitures-salaires à la belge, qui implique que de nombreux automobilistes utilisent une voiture au gabarit excessif, parfois de leur propre aveu.

«Il ne faut cependant pas croire que cela ne concerne que les SUV ou les RAM, insiste Benoit Godart. Prenez une Golf aujourd’hui et une Golf d’il y a vingt ans…» En effet, si la toute première VW Golf, lancée il y a un demi-siècle, pesait moins d’une tonne, mesurait 3,7 sur 1,6 mètres, la Golf 4 de l’an 2000 avait dépassé la tonne, pour mesurer 4,1 sur 1,7 mètres. Une Golf actuelle dépasse 1,6 tonne et mesure grosso modo 4,2 sur 1,8 mètres.

«Evidemment, pour toute une série de véhicules, il est devenu compliqué de se faufiler dans certaines rues. On en voit de plus en plus qui sont obligés de stationner avec deux roues sur le trottoir, au risque de se faire arracher le rétroviseur», observe Benoit Godart.

Comment adapter sa conduite? «Franchement, à part diminuer sa vitesse encore davantage que ce que vous devriez le faire, je ne vois pas bien quels conseils de conduite fournir. Ces véhicules sont tellement volumineux qu’on ne sent pratiquement plus les coussins berlinois», observe Benoit Godart. Les véhicules sont inadaptés, point barre.

«En soi, les plus gros véhicules ne sont pas plus difficiles à conduire, ajoute le pilote automobile Marc Duez. Il y a de l’aide à la conduite, des caméras de recul, des détecteurs partout, ils freinent de tout seul… Sincèrement, je serais même tenté de dire qu’en soi, ils sont de plus en plus simples à manier.»

Simplement, retrace le professionnel de la conduite, «des types de véhicules qui ont à l’origine été conçus pour la campagne, pour des bûcherons, des chasseurs ou des entrepreneurs sont aujourd’hui utilisés partout. On a ainsi décidé, même si la réglementation finira par évoluer, qu’une personne toute seule doit rouler avec un énorme SUV en ville, avec ce que cela implique comme encombrement. Dans certains parkings, on voit des véhicules occuper deux places. Franchement, il faut se poser des questions sur le bien-fondé de leur utilisation…»

Les seuls conseils pratiques fournis tant par Benoit Godart que Marc Duez sont donc la réduction de la vitesse et, surtout, la remise en question du modèle.

Ce qui demeure plutôt concret, au demeurant, ce sont les impacts négatifs des véhicules de grand format sur la sécurité routière. Précisément, ils offrent une plus grande sécurité à leurs utilisateurs, mais occasionnent de plus grands dangers pour le reste du monde. Cette tendance, Vias l’a également objectivée au cours d’une étude publiée en 2023.

«Le risque de blessures mortelles pour un piéton ou un cycliste heurté par une voiture dont le capot est dix centimètres plus haut que la moyenne, augmente de 30%», indique Vias, sur base des données récoltées de 2017 à 2021. Autre exemple: en cas de collision entre une voiture de 1.600 kilos et une autre de 1.300 kilos, le risque de blessures mortelles diminue de 50% pour les occupants du véhicule le plus lourd, alors qu’il augmente de près de 80% pour les occupants de la voiture la plus légère.

Partager.
Exit mobile version