Aux élections, la concurrence se joue avant tout entre candidats appartenant à des partis différents. Mais il arrive aussi qu’à l’intérieur d’une liste ou d’une formation, les scores personnels valent leur pensant d’or.
Par Benjamin Hermann
Les élections du 9 juin donnent lieu à quelques affrontements entre candidats qui sont des personnalités politiques de premier plan. On songe spontanément à la présence sur les listes européennes de deux anciens Premiers ministres, Elio Di Rupo (PS) et Sophie Wilmès (MR). Ou encore au scrutin fédéral dans la circonscription de Hainaut, où trois présidents de parti occupent des têtes de liste: Paul Magnette (PS), Georges-Louis Bouchez (MR) et Jean-Marc Nollet (Ecolo).
Ces batailles électorales interpersonnelles ne surviennent pas seulement entre candidats de partis différents. On peut en effet trouver un certain intérêt à observer les performances des uns et des autres à l’intérieur d’une liste. Il peut s’agir de candidats d’ouverture ou issus de la «société civile», qui ont à cœur de démontrer le bien-fondé de leur recrutement.
La question se pose également avec acuité au sein de la liste MR en Région bruxelloise, dont la tête est occupée par David Leisterh et la deuxième place par Hadja Lahbib. Cette dernière ne s’est jamais confrontée aux élections, mais il n’est pas inconcevable qu’elle engrange beaucoup de voix, éventuellement autant que lui.
Que pense David Leisterh de cette éventualité? «Vu que je n’aurai peut-être pas un score personnel canon, certains voudront peut-être remettre en cause ma légitimité, mais j’ai joué le collectif et il faudrait vraiment que je me vautre en faisant trois voix pour que je ne me retrouve pas autour de la table», expliquait-il à L’Echo début mai.
En Brabant wallon, la liste fédérale est emmenée par Florence Reuter, députée et bourgmestre de Waterloo. Le secrétaire d’Etat Mathieu Michel, qui convoitait le leadership, a hérité de la deuxième position. Là aussi, les deux pourraient obtenir un bon résultat personnel. Quitte à ce que le second dépasse la première?
En 2019, l’ancienne journaliste, en deuxième position derrière Charles Michel, avait obtenu un très bon score avec presque 21.000 voix de préférence dans la province. Etablir une comparaison avec Mathieu Michel s’avère compliqué, puisque c’est aux élections provinciales qu’il s’était présenté l’année précédente, écrasant la concurrence dans son district de Wavre.
En 2010, la liste fédérale PS avait vu s’affronter, en province de Liège, Alain Mathot en tête et Michel Daerden en dernière place. Le second avait supplanté le premier, ce qui avait donné lieu à une phrase devenue célèbre: «Alain a voulu jouer, il a perdu!»
Aujourd’hui, trois listes de cette même circonscription liégeoise sont poussées par des ténors, dont il sera intéressant d’observer le score personnel en comparaison avec leur tête de liste. Ces trois binômes sont formés par Daniel Bacquelaine et Pierre-Yves Jeholet au MR, Willy Demeyer et Frédéric Daerden au PS, Jean-Michel Javaux et Sarah Schlitz chez Ecolo.
D’autres se présentent à des niveaux de pouvoir différents, mais ne manqueront pas de comparer leurs résultats personnels. En province de Hainaut, par exemple, qui de Georges-Louis Bouchez (au fédéral) ou de Sophie Wilmès (à l’Europe) récoltera le plus de voix? La même question se pose pour Paul Magnette (au fédéral) et Elio Di Rupo (à l’Europe).
A titre du comparaison, lors des élections de 2019, Paul Magnette, alors candidat à l’Europe, avait obtenu 120.019 voix de préférence dans la seule province de Hainaut, tandis qu’Elio Di Rupo, tête de liste au fédéral, en avait décroché 125.009. Au MR, la liste européenne était emmenée par Olivier Chastel (32.489 voix de préférence dans le Hainaut), tandis que Denis Ducarme (24.959 voix de préférence) était tête de liste au fédéral. D’un côté, le candidat au fédéral dépassait de peu son homologue européen, et de l’autre, le constat était inverse.
