Le recasage d’Hadja Lahbib sur la liste bruxelloise des libéraux est une surprise, alors que la ministre des Affaires étrangères était attendue au fédéral. David Leisther, qui sera tête de liste régionale, n’y va pas par quatre chemins : « Notre objectif est qu’Hadja fasse un carton à Bruxelles ».
Elle est la surprise du chef. Lors des vœux du MR à Bruxelles, Georges-Louis Bouchez a mis fin au suspense : le chef de groupe au parlement bruxellois David Leisterh emmènera la liste régionale, suivi par la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib.
L’ancienne journaliste de la RTBF était pressentie pour occuper une place sur la liste fédérale du MR dans la capitale. Il n’en sera rien, puisque Sophie Wilmès (1e) et l’ex-présentateur du JT de RTL Michel De Maegd (2e) forment le duo de tête dans la course à la Chambre.
« Nous avons beaucoup de personnalités à Bruxelles, ce qui nous permet de constituer deux listes fortes », réagit David Leisterh. Candidat de facto à la ministre-présidence bruxelloise, il explique le choix de placer Hadja Lahbib sur la liste régionale. « Hadja a porté le projet Bruxelles capitale de la culture 2030 et a toujours vécu à Bruxelles, qu’elle connait bien ».
« Le MR aurait pu profiter du bilan d’Hadja Lahbib à la tête des Affaires étrangères, en l’inscrivant sur la liste fédérale »
Caroline Sägesser, politologue au Centre de recherche et d’information socio-politique (Crisp)
« Le MR estime qu’Hadja Lahbib séduira plus d’électeurs à Bruxelles »
Caroline Sägesser, politologue au Centre de recherche et d’information socio-politique (Crisp), explique ce revirement de situation de deux façons :
- Le phénomène de vase communicant qu’implique l’alignement des scrutins fédéral, régional et européen. « En inscrivant Hadja Lahbib sur la liste fédérale, le MR aurait pu profiter de son bilan à la tête des Affaires étrangères. Mais le choix a été fait de la mettre à Bruxelles, où on estime qu’elle séduira plus d’électeurs ».
- Recaser Hadja Lahbib dans la capitale permettrait de trouver une solution au problème Alexia Bertrand. La secrétaire d’Etat au Budget, passée dans les rangs de l’Open Vld, menaçait de créer sa propre liste à Bruxelles, si son parti ne lui accordait pas la troisième place au fédéral. « Il y a embouteillage sur les listes bruxelloises », résume la politologue du Crisp.
David Leisterh, assez connu pour tirer la liste bruxelloise des libéraux ?
David Leisterh, qui a grandi dans une famille socialiste, est peu connu du grand public. Et le reconnait lui-même : « Notre objectif est qu’Hadja Lahbib fasse un carton à Bruxelles ». Ami de longue date de Georges-Louis Bouchez, le natif de Liège a été élu au Parlement de la région de Bruxelles-Capitale après les élections de 2019. Avant de devenir chef de file du MR bruxellois en février 2020. « Depuis que je suis président, nous réinvestissons le terrain. On explique aux gens qu’il existe deux projets pour Bruxelles : celui des 50 nuances des partis de gauche, et le nôtre ». Après 20 ans dans l’opposition, les libéraux visent un retour au pouvoir.
« Quid si Hadja Lahbib obtient plus de voix que David Leisterh ? »
Caroline Sägesser, politologue au Crisp
« L’exemple de David Leisterh démontre qu’être chef d’un groupe politique dans un parlement régional ne rapporte aucune visibilité », estime Caroline Sägesser. Qui voit la tête de liste du député comme une récompense du travail accompli dans l’opposition. « Mais que se passera-t-il si Hadja Lahbib obtient plus de voix ? », se demande la politologue.
Si la ministre des Affaires étrangères bénéficie déjà d’une certaine popularité, elle aura moins de temps que David Leisterh pour faire campagne. La présidence belge du Conseil de l’Union européenne risque d’occuper une grande partie de son emploi du temps. Sans oublier qu’ Hadja Lahbib n’a encore jamais passé l’épreuve électorale…