lundi, novembre 25

A l’aube de la rentrée, nombreux sont les parents à réinstaurer un rythme scolaire à la maison. Si ces bonnes habitudes sont un coup de pouce bienvenu, elles ne suffisent pas à garantir un retour sans encombres sur les bancs de l’école. La clé réside dans une ambiance familiale équilibrée tout au long de l’année.

Dernière ligne droite avant la rentrée des classes. Lundi 26 août, plus de 860.000 enfants feront leur grand retour sur les bancs de l’école en Wallonie et à Bruxelles. Source d’excitation pour certains, d’inquiétude pour d’autres, la rentrée scolaire ne laisse généralement pas indifférent. Et surtout, elle se prépare.

Dans de nombreuses familles, la semaine précédant cette échéance cruciale est faite d’anticipation et de rappels à l’ordre: l’heure du coucher (comme celle du lever) est avancée, les repas sont à nouveau bien équilibrés et les cartables ressurgissent des placards.

S’il ne peut pas faire de mal, ce rituel bien huilé n’a toutefois rien de révolutionnaire. «C’est un peu illusoire de croire qu’une ou deux semaines de préparation vont augmenter significativement les chances d’insertion positive de l’enfant à l’école, tranche Jean-Yves Hayez, pédopsychiatre et professeur émérite à l’UCLouvain. C’est un coup de pouce intéressant, mais seulement s’il est pensé comme la prolongation d’un environnement général favorable à l’épanouissement scolaire.»

L’examen de conscience

Pour le docteur en psychologie, la rentrée des classes peut par contre être l’occasion rêvée de se plier à un «examen de conscience» familial: «Pour les parents, c’est le bon moment d’évaluer l’ambiance créée au sein du foyer et, le cas échéant, de repartir du bon pied.» Le professeur Hayez conseille de contrôler six axes différents:

  • La régularité des rythmes
    Tout au long de l’année, l’enfant doit avoir l’habitude de respecter des horaires, à la fois en termes de sommeil et de moments de table.
  • L’alternance plaisir-travail
    La régularité passe également par une bonne répartition des moments de divertissement et d’enrichissement intellectuel, pour les parents mais aussi pour les enfants. «Dans la perspective de la rentrée, cela peut être intéressant de modifier quantitativement cet équilibre plaisir-travail, en poussant son enfant à se remettre un peu plus à la lecture, par exemple», précise Jean-Yves Hayez.
  • La limitation des écrans
    Dans cette alternance entre le plaisir et le travail, la place qu’occupent les smartphones ou les jeux vidéos est cruciale. «Le retour à l’école fait se poser avec encore plus d’acuité le problème du rapport aux écrans», note le pédopsychiatre, qui conseille leur utilisation uniquement durant le temps libre pur. «Ils peuvent constituer une récréation intéressante, mais seulement une fois que les devoirs sont faits et que les autres sources de divertissement (sport, rencontre avec des copains) sont épuisées. Pas question non plus qu’ils empiètent sur le sommeil ou sur les repas en famille
  • Une autorité raisonnable
    Pour une bonne ambiance familiale, l’enfant doit également avoir l’habitude de se soumettre à certaines règles, dont le bien fondé peut être expliqué par les parents. «Ce respect de l’autorité favorisera l’insertion dans le monde scolaire, qui est lui aussi régi par l’autorité du professeur et par la discipline nécessaire à l’apprentissage», estime Jean-Yves Hayez.
  • Une parole libérée… et partagée
    Les moments accordés à l’écoute sont primordiaux dans l’épanouissement familial, insiste le docteur en psychologie. «Si l’enfant est conscient que, dans sa famille, il peut parler et être écouté, alors il sera encouragé à se confier sur son expérience scolaire, qu’elle soit positive ou négative, souligne l’expert. Mais le parent doit également être sincère et oser s’exprimer sur ses émotions et ses ressentis. Tout cela contribue à un climat de partage et de confiance.» A l’aube de la rentrée, une conversation centrée sur l’école peut également être envisagée avec les enfants plus âgés, qui peuvent exprimer leurs craintes et leur état de forme, alors que les parents pourront se confier sur leurs attentes.
  • «Si l’enfant est conscient que, dans sa famille, il peut parler et être écouté, alors il sera encouragé à se confier sur son expérience scolaire, qu’elle soit positive ou négative.»

    Jean-Yves Hayez

    Pédopsychiatre et professeur émérite à l’UCLouvain

  • L’acceptation de l’échec
    Si le parent est en droit d’attendre de sa progéniture qu’elle s’investisse avec sérieux dans toutes ses activités (y compris scolaires), il doit aussi être capable d’accepter qu’il ne sera pas forcément le meilleur, rappelle Jean-Yves Hayez. «Tous les enfants ne sont pas à haut potentiel intellectuel, il faut pouvoir le reconnaître et éventuellement choisir la filière la plus adaptée. L’enfant doit également pouvoir demander de l’aide
  • La crainte de la «grande école»

    Avec une attention régulière portée à ces six piliers, l’ambiance familiale devrait pouvoir suffire au bon déroulé de la rentrée scolaire. Cela étant, le passage d’un cycle à l’autre (première rentrée en maternelle, primaire ou secondaire) peut s’avérer plus compliqué, reconnaît le professeur de l’UCLouvain. «Ce sont des transitions qui peuvent être à la fois valorisantes pour les enfants, car elles sont le signe d’une évolution, mais également inquiétantes, car synonymes d’abandon de certains repères et certains avantages. Les parents doivent en être conscients et offrir leur soutien, leur disponibilité et leur réconfort, mais il n’y a pas de solution miracle.» En cas de mal-être marqué (grosses angoisses, maux de ventre,…) et persistant, une consultation chez un psychologue ou un pédopsychiatre doit toutefois être envisagée, conseille l’expert.

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