samedi, décembre 21

Cinquante ans après le célèbre rapport Meadows sur les limites de la croissance, une nouvelle étude du club de Rome donne de l’espoir.

La transition climatique? Oui, on peut y arriver. Tout dépendra du scénario privilégié par les Etats, celui du «trop peu, trop tard», où l’on continue sur la même voie que ces quarante dernières années, ou celui du «pas de géant» qui implique des décisions et des efforts extraordinaires. Les scientifiques du climat et du développement durable, qui ont pensé et rédigé le rapport Terre pour tous (1) pendant plus de deux ans, identifient cinq priorités pour le «pas de géant»: mettre fin à la pauvreté, s’attaquer aux inégalités flagrantes, davantage émanciper les femmes, assainir notre système alimentaire et se débarrasser des énergies fossiles. Il est piquant de constater que ce dernier axe, sur lequel se focalise tout le débat sur la transition, est relégué en fin d’ouvrage.

Les dirigeants politiques devraient être agnostiques en matière de croissance.

Terre pour tous a la clairvoyance d’insister sur la nécessité d’un nouveau contrat social entre les gouvernements et les citoyens pour permettre la transition vers un changement radical acceptable par tous. Et de proposer une redistribution des richesses en veillant, par l’impôt, à ce que les 10% les plus riches n’accaparent pas plus de 40% des revenus nationaux, alors que c’est largement le cas aujourd’hui. Pour le panel international d’experts, cet objectif d’équité – et non d’égalité absolue – est la seule façon «d’installer la confiance au sein des nations et entre les nations» pour la prise de décision à long terme, au risque sinon de laisser les partis populistes mener la danse et retarder la transformation historique la plus vitale dont l’humanité a besoin.

(1) Terre pour tous. Nouveau rapport au club de Rome, par Sandrine Dixson-Declève et alii, Actes Sud, 272 p. © National

Pour cela, il faut «des Etats plus efficaces, plus intelligents, plus entreprenants, qui regardent au-delà de l’horizon et font de la sécurité de leurs citoyens une priorité». Bonne nouvelle: le public, qui a été sondé dans les pays du G20 par les auteurs du rapport, soutient massivement les évolutions systémiques qui seraient mises en œuvre par les politiques: 74% des personnes interrogées sont favorables à ce que les priorités économiques de leur pays changent et se concentrent davantage sur le bien-être humain et la protection de l’environnement. Dès lors, qu’attendent les gouvernants pour agir plus fort, plus vite? La feuille de route est toute prête. Une première étape suggérée par les experts: «Les dirigeants politiques devraient être agnostiques en matière de croissance.»

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