jeudi, septembre 19

Habitez-vous une commune verte? La couverture végétale s’invite de plus en plus dans nos villes et villages, mais tous les Belges ne sont pas égaux devant la verdure.

Y a-t-il un parc ou un bois proche de chez vous? Apercevez-vous quelques arbres depuis la fenêtre de votre maison ou de votre appartement? Bref, de quelle nuance de vert peut se targuer votre commune? On le sait, la verdure a un effet bénéfique sur le bien-être et la santé. C’est scientifiquement démontré. L’enjeu est encore plus grand avec le réchauffement climatique, en particulier dans les zones urbaines où le béton et la brique ont presque tout envahi. Multiplier les espaces verts permet non seulement d’absorber davantage de CO2 mais aussi de réduire la température des villes jusqu’à 2°C.

Mais qu’est-ce qu’un espace vert? «C’est l’ensemble des terrains couverts par une végétation de toute nature», selon la définition de l’OMS. Dans le cadre du Plan communal de développement de la nature de Liège, des chercheurs de Gembloux-Agro-Tech l’ont défini comme «espace non minéralisé (c’est-à-dire dont le sol n’est pas artificialisé par du béton, de l’asphalte ou des pavés) accessible au public». La cellule Paysage et Nature du SPW confirme: «cet espace ne doit pas faire l’objet d’appropriation par un groupe social et doit s’adapter à la diversité des usages que l’on peut en faire». Etant réservé à un usage particulier, un terrain de football ne peut donc pas être considéré comme un espace vert.

Quelle que soit la définition, il est très difficile de répertorier les espaces verts en Wallonie et à Bruxelles. Pour la Wallonie, il existe des indicateurs au niveau de l’Iweps, l’institut scientifique wallon d’aide à la prise de décision. On peut ainsi y comparer les communes en fonction du pourcentage d’espaces verts urbains, de forêts et de revêtements artificiels au sol. Mais il faut relativiser les informations qu’on peut en tirer. Les communes les plus vertes (espaces verts et forêts), où l’on trouve le moins de surfaces artificialisées, sont celles du sud de la Wallonie, soit grosso modo l’Ardenne très riche en forêts.

On trouve ainsi en tête du classement établi en fonction du pourcentage de forêts par commune: Vresse-sur-Semois, Martelange, Bouillon, Daverdisse… A l’inverse, Baelen, Crimée, Faimes, Remicourt se partagent le bas du tableau en terme de pourcentage d’espaces verts par commune, mais le territoire de ces villages ruraux est surtout occupé par des champs agricoles qui ne sont pas repris dans le critère de verdure.

«Au niveau des villes wallonnes, Namur apparaît la plus verte, mais la commune namuroise est très grande par rapport à son agglomération, explique Julien Charlier de l’Iweps. C’est le cas aussi de Tournai. A Liège, au contraire, l’agglomération va bien au-delà de la commune, à Seraing, Flémalle, Herstal, Saint-Nicolas… A Charleroi, il y a une plus grande correspondance entre la commune et l’agglomération. Il faut donc tenir compte de l’effet de la taille de la commune dans les résultats de superficie verte.» Liège se classe néanmoins en tête du pourcentage des espaces verts urbains (8,3%, alors que la moyenne wallonne est de 0,6%). C’est le domaine du Sart-Tilman – en partie occupé par le campus de l’Université de Liège, le reste étant accessible au public – qui donne cet avantage à la Cité ardente.

Piloté par Terrascope (qui rend les données satellites accessibles à tous), un autre site web, baptisé «est-ce que ma commune est verte?», permet également de se rendre compte, grâce aux images des satellites européens Sentinel 1 et 2, du caractère vert de chaque commune. La carte «verdure» répertorie en couleur olive plus ou moins foncée les bois, les prés, les jardins et les espaces verts qui ne font pas partie de l’agriculture. Ici aussi, l’Ardenne et la province de Luxembourg tirent sur le vert le plus prononcé, de même qu’une bonne partie des communes brabançonnes situées au sud de la capitale (Hoeilaart, La Hulpe, Rixensart, Rhode-St-Genèse…).

A Bruxelles, Watermael-Boitsfort est la commune la plus verte de la Région et même du pays, aux yeux des satellites Sentinel, avec plus de 88% de terres recouvertes de verdure. Il faut bien entendu souligner que deux tiers de son territoire sont occupés par la forêt de Soignes. Même constat, mais dans une moindre proportion, pour Uccle et Auderghem. Les communes bruxelloises les moins vertes sur la carte satellite sont Saint-Gilles (12,8% de verdure) et Saint-Josse-ten-Noode (13,6%). Bruxelles-Ville apparaît plus verte qu’on le croirait a priori (38%). Le Bois de la Cambre, le Parc royal et celui Cinquantenaire y contribuent, mais c’est surtout le parc de Laeken qui en est le principal responsable. Notons que, dans ce grand espace, le parc public s’étend sur 26 hectares et celui du domaine royal, non accessible au public, sur 186 hectares…

Côté wallon, l’Iweps souhaiterait que soit mis en place un indicateur permettant de mesurer la part de la population qui habite à proximité d’un espace vert urbain. Mais il faut d’abord définir ce qu’est un espace vert urbain, ne fut-ce que sa superficie minimum. En outre, si l’on habite à côté d’une forêt, a-t-on besoin d’un espace vert à proximité? Cela rend la comparaison entre communes difficile. Surtout, l’Iweps aurait besoin d’une cartographie des espaces verts existants. Le service public de Wallonie (SPW) avait le projet de le réaliser, mais celui-ci a été abandonné.

L’Iweps prévoit désormais de lancer une grande enquête auprès de 100.000 Wallons, dans le cadre de l’indicateur synthétique d’accès aux droits fondamentaux (Isadf) dont le droit à un environnement sain fait partie. L’idée est de demander à chaque ménage du panel, selon la règle 3-30-300, s’il dispose d’un bois, un parc ou un espace vert à 5 minutes à pied ou 300 mètres du domicile, s’il aperçoit au moins trois arbres depuis son logement, si sa commune ou son quartier dispose d’au moins 30% de couverture végétale sur son territoire. Selon l’Institut pour la santé globale de Barcelone qui a mis au point ce principe de 3-30-300, cette stratégie permettrait d’améliorer considérablement la santé mentale de la population. Le questionnaire de l’Iweps sera envoyé fin 2024 au panel wallon et les résultats sont attendus pour le mois de juin prochain.

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