jeudi, décembre 26

Avec les maladies qu’il entraîne (malaria, dengue, zika…), le moustique est l’animal le plus mortel pour l’homme. Mais l’escargot d’eau douce est lui aussi mortel et fait un nombre impressionnant de victimes.

Parmi les animaux les plus meurtriers, le moustique occupe la première place avec plus de 620.000 victimes par an. Il est suivi par un animal inattendu : l’escargot d’eau douce, lui aussi mortel (bien qu’il s’agisse d’un mollusque d’eau douce, l’appellation « escargot d’eau douce » est utilisée par facilité). Selon le professeur Jean-Cyr Yombi, du service ‘médecine interne et maladies infectieuses et tropicales’ des cliniques universitaires Saint-Luc, cet escargot peut faire entre 24.000 et 200.000 victimes par an

Escargot d’eau douce mortel sur la vitre d’un aquarium © GETTY

L’escargot comme hôte

Techniquement, l’escargot en lui-même n’est pas dangereux. Comme d’autres mollusques d’eau douce, il sert d’intermédiaire au parasite schistosoma, qui est à l’origine de la bilharziose, une maladie parasitaire chronique. Il existe plusieurs types de schistosoma qui se développent plus ou moins selon les régions. Et à chaque parasite, son mollusque d’eau douce.

Où se développent les parasites à l’origine de la bilharziose ?

Les parasites schistosoma se développent principalement dans les zones tropicales et subtropicales (Afrique, Amérique latine, Asie). Selon leur type, ils sont plus ou moins présents dans ces zones.

– Groupe haematobium : Afrique noire, vallée du Nil, Moyen-Orient

– Groupe mansoni : Afrique, Amérique latine, Proche-Orient

– Groupe japonicum : Asie du Sud-Est et Chine

200 à 250 millions de personnes sont contaminées chaque année dans le monde. La région africaine voit se développer 90% des cas de bilharziose. Toutefois, la répartition des foyers est inégale puisqu’ils dépendent des mollusques, des températures et de l’eau. En Europe, le nombre de cas est beaucoup moins important puisqu’il s’agit de cas importés.

Le parasite schistosoma qui est à l’origine de la bilharziose. © GETTY

Une maladie sous forme de cycle

Lorsque les gens se baignent, marchent ou puisent de l’eau, ils peuvent être contaminés par les larves. « Les larves passent au travers de la peau, arrivent dans le système circulatoire et vont se placer principalement dans les intestins. Elles vont y devenir des vers adultes », explique le Professeur Jean-Cyr Yombi. Ces vers peuvent survivre jusqu’à 8 ans dans l’organisme.

Une fois dans l’organisme, les vers femelles vont y pondre des milliers d’oeufs. Ces oeufs vont traverser la vessie et les intestins et vont être expulsés soit par les selles, soit par l’urine. Ils vont se retrouver dans l’eau où ils ne vont pas survivre plus longtemps qu’une journée. Néanmoins, ils sont tellement nombreux à se retrouver tous les jours dans l’eau douce qu’il y en aura toujours suffisamment pour produire les larves qui vont pénétrer ces « escargots d’eau douce mortels ». Après trois semaines à deux mois de vie dans ces mollusques, les larves vont en sortir pour nager à la surface de l’eau, à la recherche d’un nouvel hôte… l’homme. Et ainsi de suite.

« Mais certains oeufs ne vont pas être expulsés et vont créer alors l’infection (de la vessie ou des intestins). Et cette infection, on peut la ressentir des années plus tard« , ajoute le médecin. Certains oeufs vont même migrer de façon anormale vers des organes comme le foie, les poumons, le cerveau, le coeur et les organes génitaux. La symptomatologie va alors être différente, selon l’endroit de l’infection. « La schistosomiase au niveau du cerveau, par exemple, peut entraîner une encéphalite voire une potentielle tumeur », complète-t-il.

L’escargot d’eau douce mortel peut faire entre 24 000 et 200 000 victimes par an. © AFP

Les symptômes

La maladie se manifeste par une éruption cutanée et des démangeaisons dans un premier temps. « Dans un deuxième temps, deux à dix semaines après la contamination, la personne infectée va faire une réaction immunoallergique : elle aura de la fièvre, des maux de tête, une toux sèche et des douleurs abdominales, articulaires et musculaires », développe le docteur Yombi. Ce sont là toutes les caractéristiques de la fièvre de Katayama, aussi appelée fièvre des safaris. Ces symptômes peuvent être plus importants et durer plus longtemps avec le parasite japonicum. En effet, avec le mansoni il est le type de schistosoma le plus dangereux. Ce sont essentiellement les réactions aux oeufs, et non au parasite lui-même, qui expliquent les symptômes des bilharzioses.

Pour éviter de prendre un quelconque risque, le professeur Jean-Cyr Yombi encourage à ne pas se baigner dans les eaux douces des zones tropicales et subtropicales. « Il n’est pas possible de vérifier si un mollusque est contaminé ou mort. Alors dans le doute, mieux vaut ne pas se baigner », insiste-t-il. Si toutefois cela arrive et qu’une fièvre se manifeste au retour, la première chose à faire est de se rendre directement chez votre médecin.

En terme de traitement, il existe un médicament efficace : le praziquantel. « Même si des réinfections sont possibles après le traitement, le risque de développer une forme grave est diminué, voire annulé lorsque le traitement est initié dans l’enfance », précise l’OMS sur son site.

Partager.
Exit mobile version