Le président du Conseil européen Charles Michel a décidé de retirer sa candidature à l’élection européenne et d’aller au bout de son mandat, a-t-il annoncé.
Je ne souhaite pas que les controverses nous détournent de l’essentiel et portent atteinte à l’institution que je préside, et donc au projet européen », a expliqué Charles Michel, reconnaissant avoir sous-estimé « l’ampleur et la radicalité de certaines réactions négatives » à l’annonce de sa candidature.
« Je note que les attaques blessantes prennent de plus en plus le pas sur les arguments factuels et objectifs. Cela affecte à mon sens l’évolution de la vie démocratique. Sur le plan personnel, cela m’amène à m’interroger sur le sens et l’impact que représente, non seulement pour moi mais également pour mes proches, un engagement électoral auquel j’ai consacré ma vie depuis trente ans », ajoute l’ancien Premier ministre belge, sans préciser davantage le sens de ces propos.
Ce retrait intervient 20 jours après l’annonce de sa place de tête de liste MR pour les européennes du 9 juin prochain. Son élection probable l’aurait contraint à démissionner avant le terme de son mandat – prévu le 30 novembre prochain -, et au plus tard lors de la prestation de serment devant le Parlement européen, lors de la plénière de la mi-juillet.
Rapidement, des critiques avaient accusé Charles Michel de placer son intérêt personnel avant l’intérêt général. D’aucuns avaient aussi soulevé le risque que le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, prenne la tête du Conseil européen – au titre de chef de gouvernement de l’État membre assurant la présidence semestrielle du Conseil de l’UE – si les Vingt-sept n’étaient pas parvenus à s’entendre sur un successeur avant la démission du Belge.
Une perspective toutefois jugée peu probable par les observateurs. Charles Michel répète qu’il voyait dans sa candidature « une prise de responsabilité – et aussi une prise de risque – visant à renforcer la légitimité démocratique du projet européen, au départ du Parlement européen. »
Il jugeait qu’annoncer sa décision suffisamment tôt laissait aux chefs d’État et de gouvernement suffisamment de temps pour préparer la transition. Et que la campagne électorale était compatible avec l’exercice d’un mandat politique qui s’achève.
« Mon choix a suscité de vives controverses médiatiques. J’en avais pressenti une partie, vu l’aspect inédit – audacieux, diront certains – de ma démarche. Mais j’ai sous-estimé l’ampleur et la radicalité de certaines réactions négatives – pas au sein du Conseil européen mais à l’extérieur de celui-ci – à la perspective de me voir participer à la campagne européenne. Et aussi à l’avancement de quelques mois de la fin de mon mandat et de l’entrée en fonction de la personne qui me succédera. »
Charles Michel s’engage donc « à assurer avec une totale détermination ma responsabilité jusqu’à son terme ». A la fin de ce mandat, « je prendrai le temps de la réflexion concernant la nature et l’orientation de mon engagement futur. » Le retrait du chef de file libéral de la première place de la liste MR aux élections européennes relance par ailleurs les conjectures sur le nom de son remplaçant sur cette liste.