La Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux inchangés, pour la troisième fois consécutive, optant pour la prudence face à l’évolution de l’inflation en zone euro malgré son net recul ces derniers mois. Elle n’a pas donné d’indication sur un prochain assouplissement de sa politique monétaire.
Le taux directeur auquel les banques de la zone euro peuvent se procurer de l’argent frais auprès de la BCE reste donc à 4,5% pour le moment, a décidé le conseil des gouverneurs de cette instance lors de sa première réunion de l’année, à Francfort.
Pour la troisième fois d’affilée depuis octobre, l’institution a maintenu ses taux à un niveau record, celui rémunérant les dépôts, référence pour le crédit en zone euro, continuant ainsi de camper à un niveau historiquement haut de 4,00%.
Le moment que choisiront les gardiens de l’euro pour une première baisse des taux directeurs est au coeur de toutes les spéculations car la dynamique de ralentissement de l’inflation est bien enclenchée : l’inflation de décembre en zone euro s’est affichée à 2,9% sur un an, bien loin du sommet de 10,6% d’octobre 2022.
Mais pas encore à l’objectif de 2% poursuivi par la BCE. La banque centrale a relevé ses taux à dix reprises depuis mi-2022, un tour de vis monétaire inédit dans son histoire pour tenter de juguler une inflation bien trop élevée.
Christine Lagarde a reconnu récemment que l’hypothèse d’une première baisse en été « était probable », mais en adoptant un langage très prudent pour tempérer les espoirs des marchés qui misent sur un assouplissement dès avril.
Elle a ainsi déjà prévenu que l’inflation reculerait plus lentement en 2024 en raison de la fin des subventions publiques à l’énergie. La BCE prévoit une inflation à 2,7% cette année en moyenne et à 2,1% en 2025.
L’institution insiste sur le fait qu’elle est dépendante d’un certain nombre d’indicateurs économiques : elle a notamment désigné l’évolution des salaires comme le principal risque inflationniste. Elle devrait ainsi évaluer les accords salariaux du premier trimestre pour voir si la croissance des rémunérations est compatible avec son objectif d’inflation, avant d’opérer un changement de politique monétaire.
Les données les plus complètes sur ce sujet sont attendues fin avril. Le mois de juin semble donc une échéance possible pour une première baisse de taux. En relevant les taux à un niveau record, la BCE a cherché à refroidir l’économie en limitant la demande de crédit et par ricochet celle de biens et de services afin de calmer les prix.
« La transmission des hausses passées des taux d’intérêt aux conditions de financement reste vigoureuse », a constaté la BCE jeudi à l’issue de sa réunion, ajoutant que « les conditions de financement strictes freinent la demande, contribuant ainsi au ralentissement de l’inflation ».
La BCE surveille également le risque d’une nouvelle flambée des prix de l’énergie dans le contexte de la crise au Proche-Orient ainsi que l’impact des tensions en mer Rouge, en raison du risque de nouveaux chocs dans la chaîne d’approvisionnement. Les perturbations dans les chaînes logistiques internationales pendant la pandémie avaient été un facteur clé de la poussée inflationniste à cette époque.
Aux Etats-Unis, où les marchés envisagent une première baisse des taux en mars, les responsables de la Réserve fédérale ont également modéré leurs attentes, indiquant qu’il reste encore beaucoup à faire pour ramener l’inflation à 2%. De son côté la Banque de Norvège a, comme attendu, laissé son taux directeur inchangé jeudi, à 4,5%, un niveau auquel il devrait plafonner « pendant quelque temps » sur fond d’inflation en baisse mais toujours trop élevée.