lundi, janvier 6

Les services de sécurité ont une vue sur des dizaines de djihadistes avérés en Syrie, hommes et femmes confondus, partis combattre depuis la Belgique. Certains sont en liberté. D’autres, détenus. Mais la situation pourrait changer rapidement dans ce pays en pleine recomposition.

Sur une échelle de 1 à 4, l’OCAM, l’organe de coordination pour l’analyse de la menace, évalue à 3 le risque qui court actuellement en Belgique, dont celui d’une attaque terroriste. Un niveau de menace jugé «grave», et que les soubresauts internationaux de plus en plus réguliers ne cessent d’attiser.

Dernièrement, la chute du régime Assad au profit du groupe HTC (pour Hayat Tahrir al-Cham, ou Organisation de libération du levant, une organisation islamiste dont certains membres ont jadis applaudi les attentats commis en France et en Belgique par l’État islamique), attire sans surprise l’attention des services de sécurité occidentaux — Belges compris. Et pour cause: à présent que la chape de plomb que le régime faisait peser sur la population a fondu, voilà qu’on s’inquiète de ce que deviennent des combattants ouvertement islamistes et liés à la Belgique.

Des hommes et des femmes

L’OCAM avait déjà identifié, dans le nord-ouest syrien, avant le début de l’offensive, une trentaine de «FTF» (pour foreign terrorist fighters, combattant terroristes d’origine étrangère, en l’occurrence en provenance de Belgique, ce qui ne veut pas dire qu’ils et elles ont la nationalité belge). Sur cet ensemble, une dizaine seraient actifs au sein de HTS, «sans que leur fonction précise, éventuellement combattante, soit connue».

Au nord-est, au moins treize hommes et huit femmes estampillés «FTF» sont détenus dans des centres de détention, toujours selon l’OCAM, qui y dénombre également une dizaine d’enfants (a priori on parle de neuf mineurs).

Interrogés sur des Belges éventuellement relâchés après la chute du régime, la Sûreté de l’État s’en tient aux chiffres de l’OCAM, précisant que les «FDF» détenus dans le nord-est se trouvent sous le contrôle de forces kurdes — les prisons ne sont pas ouvertes, mais cela pourrait changer dans les prochaines semaines.

Au nord-ouest, du côté d’Idlib, où l’offensive de HTC a commencé début décembre, la Sûreté a peu ou prou identifié 24 combattants «FDF» (hommes et femmes) dont une poignée (entre cinq et dix) aurait des liens directs avec HTC. Des dizaines de mineurs (au moins 48), auraient également été identifiés. Des chiffres à prendre avec prudence, compte tenu de l’instabilité encore en cours dans la région et le reste du pays.

Ce qui explique au passage que la Belgique, au diapason de ses alliés européens, essaie de trouver des conditions optimales de surveillance de «ses» djihadistes. Ce vendredi, on notait la présence à Damas, pour le compte de l’UE, des ministres français et allemand des Affaires étrangères, soucieux de «tendre la main» aux nouveaux maîtres de Damas. Ce jeudi, le ministre belge des Affaires étrangères, Bernard Quintin (MR), était pour sa part en Turquie, plaidant auprès de son homologue pour que la sécurité des camps où sont emprisonnés ces djihadistes soit assurée, le temps que le prochain gouvernement fédéral statue du sort des ces «FTF», ainsi que des mineurs liés à la Belgique.

Enfin, fin décembre, un émissaire belge, accompagné de l’ambassadeur à Beyrouth (Liban), avait été envoyé à Damas, afin de sonder les nouvelles autorités sur leurs intentions. Les nouvelles s’étaient voulues rassurantes, HTC n’étant visiblement pas pressé tout bouleversé d’un seul coup dans le pays, affichant une volonté de «réconciliation nationale». Toutefois, aucun détail n’avait filtré concernant le sort de djihadistes (emprisonnés ou libres) et liés de près ou de loin à la Belgique.

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