La Vivaldi se divise sur la participation belge à une mission internationale en Mer Rouge. Les libéraux plaident en ce sens, mais se heurtent aux réticences de l’aile gauche du gouvernement.
La majorité est apparue divisée jeudi à la Chambre à la veille d’un comité ministériel restreint où la question d’une participation à une mission internationale en Mer Rouge sera discutée. Les libéraux soutiennent l’initiative. Le PS et les écologistes ont en revanche exprimé leurs réticences à intervenir dans cette région alors que trop peu d’initiatives sont prises à leurs yeux à l’égard du conflit à Gaza.
Les pays de l’UE envisagent l’envoi d’une force navale européenne pour aider à protéger les navires en mer Rouge contre les attaques de rebelles Houthis du Yémen, ont indiqué des diplomates la semaine passée. L’UE chercherait à compléter la coalition dirigée par les États-Unis, qui comprend de nombreux pays de l’Union et opère déjà sur cette route maritime vitale. La taille et la composition d’une telle mission européenne restent toutefois à préciser.
« La Belgique a le devoir de participer à cette mission au niveau européen », a lancé la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, devant les députés. A ses yeux, il en va de la stabilité de la région, de la liberté de navigation et aussi des intérêts économiques belges. La nombre de conteneurs qui sont passés par la Mer Rouge a diminué de 70% depuis la mi-novembre et, en Belgique, des travailleurs de Volvo à Gand ont été contraints de chômer plusieurs jours à la suite de problèmes de livraison consécutifs à cette situation. « La Belgique doit aussi prendre ses responsabilités mais il n’est pas question ici que la Belgique participe à des bombardements au Yemen », a ajouté la ministre MR.
L’aile gauche de la Vivaldi ne partage pas ce discours. « Je ne sais pas si vous vous exprimez au nom du gouvernement », a souligné Malik Ben Achour (PS). « Comment expliquer à nos concitoyens que l’on pourrait s’engager aux côtés des Etats-Unis pour protéger des bateaux alors que la communauté internationale ne parvient pas à faire quoi que ce soit (à Gaza) pour sauver des gens? »
La préoccupation était la même chez les écologistes. « Je ne comprendrais pas que l’on parvienne à monter une opération de plus au Yemen alors que la population crève sous les bombes à Gaza et que nous ne parvenons même pas à intervenir dans une procédure judiciaire », a souligné Samuel Cogolati (Ecolo-Groen). Comme son collègue socialiste, le député vert est revenu avec la plainte déposée par l’Afrique du Sud le 29 décembre contre Israël pour « génocide » à Gaza auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ), le tribunal de l’ONU chargé de régler les différends entre Etats. Les socialistes et les écologistes souhaitent que la Belgique intervienne dans la procédure. « L’option n’est pas ouverte pour l’instant », a dit Mme Lahbib. Des consultations avec d’autres Etats seront menées.
Dans l’opposition, la N-VA et les Engagés ont exhorté le gouvernement à se joindre à une opération internationale en Mer Rouge. « Cet acte de présence honorerait la Belgique », a affirmé Georges Dallemagne.
La Belgique est déjà présente dans la région. Elle dirige actuellement l’opération de surveillance maritime EMASOH (European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz) dans le Golfe persique et autour du détroit d’Ormuz et participe à l’opération Atalanta dans le Golfe d’Aden, a indiqué la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, en réponse à Tim Vandenput (Open Vld).
A entendre la ministre socialiste, une opération en Mer Rouge ne peut être envisagée sans initiative supplémentaire à l’égard du conflit israélo-palestinien dans la Bande de Gaza. « Des discussions sont en cours au niveau européen pour un renforcement de nos dispositifs de protection. Une discussion au sein du gouvernement doit encore se tenir demain/vendredi pour fixer une position globale tant par rapport au renforcement de notre participation en Mer Rouge que bien évidemment aux initiatives à prendre pour apaiser la situation et mettre fin à la violence autour de Gaza », a-t-elle expliqué.