jeudi, décembre 12

Plusieurs députés ont questionné le ministre Van Peteghem, qui a la Loterie nationale dans sa tutelle, sur les soupçons de blanchiment visant Didier Reynders.

Le scandale de la semaine gonfle encore un peu plus, et le ministre ayant la Loterie nationale comme tutelle n’a pas réussi à calmer les ardeurs des députés. Ce jeudi après-midi, ils étaient cinq à questionner Vincent Van Peteghem (CD&V) sur l’efficacité du système anti-fraude la Loterie nationale qui n’a signalé qu’un seul cas suspect ces cinq dernières années: celui de Didier Reynders.

«Nous savions que beaucoup utilisent ces produits pour blanchir l’argent, cela fait des années qu’on vous met en garde, appuie le député Groen Stefaan Van Hecke. Mettre ces produits dans les librairies ou les grands magasins, c’est mettre le loup dans la bergerie.» Pour rappel, l’ancien ministre fédéral et commissaire européen à la Justice est visé depuis 2023 par une enquête pour blanchiment d’argent. Il aurait acheté des tickets électroniques pour convertir de l’argent présumé sale vers son compte sur le site de la Loterie Nationale avant de le transférer vers son compte, blanchi.

Les parlementaires ne croient pas à l’exception Reynders

L’opportunité était trop belle pour que les députés fédéraux ne s’en saisissent pas ce jeudi au Parlement. Sachant bien que le ministre de tutelle, Vincent Van Peteghem, ne se prononcerait pas sur le cas particulier de Didier Reynders, c’est l’efficacité du système anti-fraude qui lui a été soumis. «L’opération de blanchiment aurait duré dix ans, est-on sûr que le système de détection fonctionne suffisamment ?, interroge Stefaan Van Hecke. Monsieur Reynders aurait été le seul à utiliser ce truc, selon la Loterie. N’est-ce pas bizarre ?» Après avoir remis l’immunité parlementaire en question, Sofie Merckx (PTB) a également demandé au ministre si les mécanismes de contrôle étaient suffisants.

Le député socialiste Khalil Aouasti a quant à lui questionné le ministre sur le timing de la séquence, demandant si Vincent Van Peteghem n’avait pas été préalablement informé de l’affaire.

Que des fraudeurs potentiels se tournent vers les jeux de hasard pour blanchir leur argent n’est pas nouveau

Vincent Van Peteghem

Ministre de la Loterie nationale

Ni le socialiste, ni les autres n’auront réellement trouvé réponse ce jeudi après-midi. «La lutte contre la fraude et le blanchiment ne sera jamais assez dure. Que des fraudeurs potentiels se tournent vers les jeux de hasard pour blanchir leur argent n’est pas nouveau, assume le ministre. Tant pour les versement que pour les paiements, la Loterie applique des limites inférieures au secteur privé. Tout qui veut verser de l’argent sur un compte en ligne de la Loterie se heurte à une limite standard de 200 euros par semaine.» Et d’ajouter que les comptes en lignes sont vérifiés via le registre national du joueur, ce qui aide à dissuader les fraudeurs. L’organisme collabore avec les autorités afin d’identifier les fraudes.

Bref, une réponse générique qui ne ravit pas spécialement les députés. «Derrière l’affaire Reynders, c’est tout un système de fraude qui doit être mis sur la table aujourd’hui, souffle Khalil Aouasti. On va interroger le ministre des Finances à nouveau. S’il nous livre la même réponse, on verra si l’on s’en satisfait.» Le socialiste envisage de demander de nouvelles auditions avec le ministre, la Loterie nationale et les opérateurs de paris privés.

Le PTB entend également remettre le sujet à l’ordre du jour en commission, «il faudra comprendre pourquoi ce signalement arrive en 2022 alors que les blanchissements auraient été faits des années plus tôt et pendant dix ans». Sofie Merckx veut attirer l’attention sur la corruption à grande échelle également. «En mars, la Belgique devra remettre ses avancements en termes de lutte contre la corruption, et nous sommes très en retard.»

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