mardi, octobre 22

Avec zéro conseiller communal dans les communes bruxelloises, la N-VA prend un coup dans les négociations en vue d’un gouvernement bruxellois. D’autres partis agissent donc en conséquence.

A la base, l’ambition était d’être incontournable dans la formation d’un gouvernement bruxellois au soir du 9 juin. Puis, à l’issue du scrutin régional, la N-VA a déchanté, une première fois. Le parti nationaliste flamand perdait un député. Cela n’a pas empêché pour autant Cieltje Van Achter (N-VA) de «prendre ses responsabilités» alors qu’Elke Van Den Brandt échouait dans sa mission de formatrice.

Et puis, Cieltje Van Achter a été nommée ministre des Médias et de des Affaires bruxelloises au sein du gouvernement flamand.

Enfin, ce dimanche à l’issue des élections communales, la N-VA ne comptait plus un seul élu parmi les 19 communes bruxelloises. «La défaite était partiellement annoncée, note Caroline Sägesser, politologue au Crisp. La N-VA a présenté des listes dans neuf communes, pour treize en 2018.» De quoi se poser la question de la légitimité démocratique d’un parti comptant désormais deux élus sur les deux niveaux pour 1,25 million d’habitants. Les autres partis néerlandophones l’ont bien compris, et s’apprêtent à relancer les lignes en vue de la formation d’un exécutif bruxellois.

Les fusions aux oubliettes ?

«C’est clair que le résultat de ce dimanche n’est pas celui recherché, admet Cieltje Van Achter. C’est de plus en plus difficile de se faire élire comme parti néerlandophone indépendant.» La Team Ahidar l’a pourtant fait, le 9 juin comme le 13 octobre, «mais on ne peut pas vraiment le considérer comme un parti néerlandophone», conteste Cieltje Van Achter. Lors de ces communales, la Team Fouad Ahidar et la N-VA étaient les deux seuls partis néerlandophones indépendants (sans pendant ou liste commune avec les francophones), ce qui a rendu presqu’impossible leur participation à des débats.

En 2018, la N-VA incarnait la possibilité de voter pour un parti de droite, Le MR incarne aujourd’hui un petit peu plus cette droite.

Romaine Biesemans, politologue à l’ULB

Par ailleurs, les enjeux de propreté et de sécurité, cruciaux pour la N-VA, ont été occupés cette année par le MR. «En 2018, la N-VA incarnait la possibilité de voter pour un parti de droite, analysait dimanche soir Romain Biesemans, politologue à l’ULB. Le MR incarne aujourd’hui un petit peu plus cette droite» et, peut-être, une forme de «vote utile».

Sondés, socialistes et libéraux francophones bruxellois font peu de cas de cette nouvelle donne chiffrée. Pour eux, le poids de la N-VA au parlement bruxellois reste identique, tout comme leur importance dans les cadre de la formation d’un gouvernement bruxellois. «C’est clair que ce n’est pas dingue comme signal, conçoit tout de même une source francophone. S’ils rentrent dans les négociations, il faudra prendre en compte que l’électeur a rejeté leur programme de fusion des communes et des zones de police. Actuellement, la seule chose qui les tient en vie, c’est l’arithmétique.»

Une question de circonstances

«Tout ça ne conforte pas Cieltje Van Achter dans sa position, poursuit Caroline Sägesser. D’autant plus que la N-VA visait une double casquette en ayant le même ministre en Flandre qu’au gouvernement bruxellois.» Fouad Ahidar, lui, a proportionnellement quadruplé sa présence électorale ce dimanche par rapport au 9 juin, analyse encore la politologue. Le Jettois, boosté par cette popularité, pourrait lui aussi remettre sa pièce dans la machine des négociations.

Pendant que les francophones s’occuperont, voire se déchireront, à composer des majorités dans les hôtels de Ville communaux, les néerlandophones bruxellois ont quant à eux plus de champ libre pour relancer les négociations gouvernementales. «On prend des initiatives pour créer les circonstances dans lesquelles des négociations sont possibles», indique une source néerlandophone de la capitale. En sous-marin, les lignes bougent, et les lignes téléphoniques chauffent.

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