Quelque 400 millions de pèlerins hindous sont attendus du 13 janvier au 26 février dans le nord de l’Inde pour la Kumbh Mela, plus grand rassemblement religieux au monde.
Il est annoncé cette année comme le rassemblement de tous les records: 400 millions d’Hindous sont attendus à partir de lundi dans le nord de l’Inde pour la Kumbh Mela, le plus grand pèlerinage de la planète. Du 13 janvier au 26 février, c’est l’équivalent des populations américaine et canadienne qui doit rallier Prayagraj, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, pour six semaines de bains rituels, de prières ou de parades en tous genres. Même pour le pays le plus peuplé du monde, rompu avec son 1,4 milliard d’habitants à la logistique des célébrations de masse, l’accueil d’une telle foule relève du véritable défi.
Le gouvernement a présenté l’événement comme un rassemblement « sans invitation formelle de millions de personnes« , un « mélange vibrant de cultures, de traditions et de langues », à l’image d’une « mini-Inde ».
Des sadhous (sages), ces ascètes aux corps couverts de cendres, aux cheveux entortillés en dreadlocks, qui ont pour la plupart marché pendant des semaines pour rallier le site, donnent souvent le coup d’envoi de ce rituel. Santosh Mishra, 55 ans, originaire d’un village proche de la ville sainte hindoue de Varanasi (ex-Bénarès), explique que ses voisins et lui sont « super impatients » de participer au festival. « Tout le village y participera », affirme-t-il. « C’est une sensation formidable quand tout le monde plonge ensemble dans le fleuve », pourtant glacé à cette période de l’année et très pollué. Au cours de leur pèlerinage, les fidèles font vœu de non-violence, d’abstinence et d’aumône et se concentrent sur la prière et la méditation.
Marée humaine
Pendant six semaines, cette marée humaine a rendez-vous à Prayagraj (ex-Allahabad), dans l’Etat de l’Uttar Pradesh. Les fidèles doivent affluer de toute l’Inde et de l’étranger au confluent de trois fleuves sacrés (le Gange, la Yamuna et la mythique Sarasvati) pour des bains, des prières, des chants et des défilés. La précédente édition de la Kumbh Mela, en 2013, avait attiré 120 millions de pèlerins à Prayagraj, selon les autorités.
La dernière célébration organisée sur ce même site, il y a cinq ans, en avait réuni 240 millions. A titre de comparaison, le pèlerinage de La Mecque, en Arabie saoudite, a rassemblé environ 1,8 million de musulmans en 2024.
Défi logistique
Avec son 1,4 milliard d’habitants, l’Inde est rompue à la gestion des foules immenses. Mais la logistique de cette Kumbh Mela s’annonce sans précédent.
Quelque 150.000 toilettes, 68.000 lampadaires urbains et une ville de tentes étendue sur les deux tiers de la superficie de la presqu’île newyorkaise de Manhattan ont été installés.
Des centres ont été mis en place accueillir les fidèles perdus et une application pour téléphones portables spécialement conçue pour leur « permettre (…) de retrouver leurs proches ».
Origines
La Kumbh Mela, littéralement « fête de la cruche » en hindi, est née de la mythologie hindoue, selon laquelle des gouttes d’un nectar d’immortalité, transporté dans une cruche par les dieux lors d’un combat contre les démons, tombèrent en quatre lieux au bord du Gange. Une à Prayagraj, où se tient la Kumbh Mela tous les douze ans, les trois autres à Nashik, Ujjain et Haridwar ou d’autre festivals sont organisés. Elle est mentionnée dans l’un des livres fondateurs de l’hindouisme, le Rig Veda, écrit il y a 3.000 ans. Des sadhous (sages), ces ascètes aux corps couverts de cendres, dont beaucoup ont marché pendant des semaines pour rallier le site, donnent souvent le coup d’envoi de ce rituel. Les fidèles font vœu de non-violence, d’abstinence et d’aumône pendant le pèlerinage et se concentrent sur la prière et la méditation.
Déroulement
La date exacte de chaque festival est fixée en fonction des positions astrologiques du Soleil, de la Lune et de Jupiter. Les bains ont lieu quotidiennement, dès le lever du soleil. Aux dates les plus propices se tient un bain royal ou « Shahi Snan ». Une des cérémonies les plus spectaculaires est l’ »aarti », ou moines et fidèles utilisent des lampes allumées en guise d’offrandes. Le coup d’envoi des festivités, le 13 janvier, coïncide avec la pleine lune. Des bains particulièrement propices sont prévus le 29 janvier, où les alignements célestes seront parfaits.
Le 3 février, les fidèles s’habilleront en jaune à l’occasion de Basant Panchami pour préparer l’arrivée du printemps, quarante jours plus tard, et célébrer la déesse de la connaissance Saraswati. Les festivités s’achèveront le 26 février, Maha Shivaratri, dernier jour du bain sacré.
Patrimoine de l’humanité
L’Unesco a classé en 2017 la Kumbh Mela au patrimoine immatériel de l’humanité. Présentée comme le « plus grand rassemblement pacifique de pèlerins au monde », elle joue selon l’organisation onusienne un « rôle spirituel central dans le pays » et « exerce une « influence magnétique sur les Indiens ordinaires ».