Un traitement efficace contre cette infection aiguë et contagieuse des petites voies respiratoires est pourtant disponible en Belgique.
Parmi les 859 enfants nés depuis le 1er janvier dernier de parents hébergés dans le réseau d’accueil de Fedasil, pratiquement aucun n’a été protégé contre le virus de la bronchiolite. Pourtant, un traitement efficace existe.
Depuis le mois de juin, un nouveau médicament pour lutter contre le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la bronchiolite, est remboursé pour les nourrissons de moins de 6 mois. Une seule injection leur permet d’être à l’abri pendant cinq à six mois. Une campagne d’immunisation des tout-petits a d’ailleurs commencé en Belgique, le 1er octobre dernier. Chaque année, les hôpitaux belges voient en effet affluer des milliers d’enfants infectés par ce virus, courant et dangereux, surtout entre octobre et mars. Ce médicament –le Beyfortus– est remboursé par l’assurance obligatoire soins de santé, via la mutualité, et coûte douze euros –huit euros pour les bénéficiaires de l’intervention majorée– pour les nourrissons nés après le 1er avril 2024. Pour obtenir ce remboursement, le nouveau-né doit être lié à une mutuelle en Belgique, précise l’Inami, l’Institut national d’assurance maladie-invalidité. Ce qui n’est pas le cas des enfants nés de demandeurs d’asile, généralement dépourvus de couverture mutuelle. «La prise en charge des soins médicaux et pharmaceutiques pour ces personnes relève de la compétence de Fedasil et de ses partenaires (Croix-Rouge, Ciré, etc.), précise-t-on à l’Inami. L’immunisation des bébés avec Beyfortus s’inscrit dans ce cadre et n’y fait pas exception.»
«Nous plaidons pour que le prix de ce traitement soit pris en charge.»
«Que ces enfants ne soient pas immunisés sur décision de Fedasil est un scandale, affirme un médecin actif au sein d’un service de néonatologie. D’autant que ce choix n’est justifié que par des raisons budgétaires.» Contacté, Fedasil reconnaît ne pas prévoir d’immunisation systématique des nourrissons mais assure ne pas refuser de traiter un enfant dont les parents lui fourniraient une demande complète, validée par un médecin. «Très peu de demandes de parents nous parviennent, indique le porte-parole. Il n’y a donc que très peu d’enfants Fedasil protégés contre le virus du VRS.» Combien, au juste, sur les 859 nés cette année? «Nous n’avons pas de chiffres précis, car nous ne centralisons pas cette donnée.»
A l’hôpital Saint-Pierre, à Bruxelles, on ne donne pas tout à fait la même version des faits. «Il y a une décision politique de Fedasil de ne pas administrer ce traitement aux nourrissons en raison de son coût», affirme la porte-parole. Fedasil qui, contrairement à l’ensemble de la population, paie le plein tarif pour cette immunisation, confirme par ailleurs son coût élevé, soit 777,44 euros par enfant. Si les quelque 859 nourrissons qui ont vu le jour cette année sous sa tutelle devaient recevoir ce traitement, il en coûterait un peu plus de 650.000 euros à l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile. «Nous plaidons pour que le prix de ce traitement soit pris en charge, y précise-t-on. Des médecins spécialistes appuient notre demande auprès des autorités de la santé, dont l’Inami.» De son côté, l’Inami assure qu’aucune négociation n’est en cours avec Fedasil sur ce sujet.