Plutôt que Bruxelles ou Anvers, Barack Obama avait toutes les bonnes raisons de poser ses valises à… Puurs, petite bourgade flamande. L’ancien président des Etats-Unis est devenu l’un des conférenciers les plus prisés (et les mieux payés) au monde.
Le retour de Barack Obama en Belgique, dix ans après sa dernière venue en 2014, a créé l’événement ce week-end. L’ancien président des Etats-Unis (2009-2017) ne figure plus au premier plan médiatique. Largement surpassé par Trump dans les médias américains. Mais sa popularité hors-US reste toutefois intacte.
En témoigne le taux de remplissage (complet) de sa conférence donnée à Puurs, dans la région d’Anvers. Faire partie des 2.000 participants relevait du luxe (et du défi) : il fallait en effet débourser la modique somme de 650 euros et se frayer un chemin parmi les 30.000 demandes pour avoir la chance d’écouter le 44e président des USA, en chair et en os. Le contexte de la conférence ? Un festival de renom, spécialisé dans les technologies : le Supernova.
Obama: 600.000 euros la conférence
« Le venue de Barack Obama s’inscrit purement dans le cadre des grandes conférences qu’il donne partout à travers le monde. Il exerce dans ce domaine depuis un certain nombre d’années, déjà. Sans grande surprise, Obama est un des conférenciers les plus demandés et les mieux payés de la planète », commente Serge Jaumain (ULB), historien et spécialiste des Etats-Unis.
Le cachet demandé par Obama est stratosphérique : l’ancien président a engrangé 600.000 euros pour assurer la soirée d’ouverture du Supernova, organisée par Flanders Technology and Innovation (FTI). « Il n’est peut-être pas aussi bien rémunéré qu’en tant que président, mais il est certain qu’il gagne toujours très bien sa vie. Son statut de star lui octroie l’avantage de demander un cachet élevé, et par conséquence, de faire un tri parmi les propositions qui lui sont faites », déduit l’expert en politique américaine.
Dans son petit trip noir-jaune-rouge, Obama a également fait escale à Bruxelles, reçu par le roi Philippe et la princesse Elisabeth, au château de Laeken. « Il est logique qu’il soit accueilli par la famille royale à partir du moment où il met les pieds en Belgique. Obama reste l’une des personnalités les plus influentes aux Etats-Unis », rappelle Serge Jaumain. Mais, très clairement ici, rendre visite au souverain n’était pas la raison principale de sa venue.
Se reconvertir en conférencier de luxe après avoir tenu le pouvoir aux Etats-Unis n’a rien de très surprenant. « C’est souvent le cas pour des présidents américains qui jouissent d’une aura particulière, rappelle Serge Jaumain. Bill Clinton (président de 1993 à 2001, NDLR) opère dans cette discipline depuis longtemps et continue à le faire. C’est une pratique assez régulière. Les anciens présidents sont régulièrement utilisés dans toute une série d’organisations comme conseillers de luxe. »
Car après avoir occupé les plus hautes fonctions de président, revenir dans la politique est très rare. Devenir ambassadeur ou sénateur est improbable (à cause de la dépendance à un autre président). Endosser une fonction à l’international (à l’OTAN par exemple) n’a jamais attiré. En revanche, se voir confier l’une ou l’autre mission spécifique fait partie du champ des possibles.
A l’instar de Jimmy Carter (président des Etats-Unis de 1977 à 1981), qui avait participé à des missions d’observation des élections à travers le monde (Panama, Nicaragua, Haïti, Éthiopie, Indonésie, Palestine…). Il était, au fil du temps, devenu un médiateur de choix dans de nombreux conflits. « Il serait étonnant de voir Joe Biden conférer une mission à Obama. Simplement car le premier était le vice-président du second. Ses perspectives de redevenir actif dans la politique américaine sont donc très réduites, juge Serge Jaumain. C’est pour cette raison que les anciens présidents se consacrent à leur fondation », poursuit-il. Leur deuxième carrière est souvent dédiée au développement de leurs œuvres. « Ou à un rôle de conseiller de référence », estime Serge Jaumain.
Par ailleurs, Obama a consacré beaucoup d’énergie, après sa présidence, à la rédaction de ses mémoires, qui sont assez volumineux. « Ils ont fait le buzz, ont été traduits et vendus dans le monde entier. A la différence d’autres présidents, les mémoires de Barack Obama sont extrêmement bien écrits et passionnants à lire », encense Serge Jaumain.
Pour un ancien président, un retour au premier plan en politique est donc très compliqué (voire impossible après avoir brigué deux mandats). « Dans le cas d’Obama, cela lui donnerait un poids beaucoup moins important que celui qu’il a aujourd’hui avec cette aura de conseiller. »