Les libéraux du MR et de l’Open VLD, isolés dans la majorité, désapprouvent la demande des autres partis de la Vivaldi de mener une enquête internationale sur le risque de génocide perpétré à Gaza par Israël.
Les libéraux de l’Open Vld et du MR ont affiché, jeudi en séance plénière de la Chambre, leur position divergente au sein de la majorité quant à l’opportunité de demander à la Cour Internationale de Justice (CIJ) de mener une enquête internationale sur un risque de génocide dans la bande de Gaza.
Ces derniers jours, Ecolo-Groen, les socialistes du PS et de Vooruit ainsi que le CD&V, ont, depuis la majorité, plaidé en faveur d’une telle enquête et l’ont rappelé jeudi à la Chambre. Dans l’opposition, le PTB soutient également une telle démarche.
« Ne nous laissons pas entrainer dans une surenchère politique« , a déclaré le député libéral Egbert Lachaert. L’ancien président de l’Open Vld a plaidé pour « une voie médiane« , saluant la position « courageuse » du Premier ministre Alexander De Croo, issu de son parti. À ses yeux, seule cette position permettra à la Belgique de jouir « de la crédibilité suffisante au niveau européen pour faire pression sur Israël », « comme les États arabes peuvent le faire pour les Palestiniens. »
Plus incisif, Michel De Maegd (MR) s’est insurgé sur le fait qu’aucune demande similaire n’avait été formulée à l’encontre du Hamas après le massacre du 7 octobre. À ses yeux, Israël « défend sa population » et « comparer cela à un génocide me choque« , a-t-il lancé, qualifiant le PTB de « Parti Totalitaire de Belgique ».
« Vous êtes complices de crimes de guerre« , a alors crié depuis son banc le député communiste Nabil Boukili.
Dans sa réponse, le ministre de la Justice, Paul van Tigchelt (Open Vld), qui s’exprimait au nom du Premier ministre en visite en Chine, a rappelé la position de la Belgique: libération de tous les otages, permettre l’accès de l’aide humanitaire et le travail des organisations de l’ONU, rétablissement des infrastructures, cessez-le-feu, mise en place d’un dialogue politique fondé sur la coexistence de deux États, respect absolu du droit humanitaire international et interdiction de recourir à la violence disproportionnée. « Tous les partis du gouvernement soutiennent cette position« , a-t-il assuré.
Mais « notre pays n’est pas aveugle face aux violations potentielles du droit international« . Dans cette optique, la Belgique a versé 5 millions d’euros au compte spécial du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour soutenir les différentes enquêtes sur d’éventuels crimes de guerre, a rappelé M. Van Tigchelt. Quant à une demande d’enquête sur un risque de génocide, « cela nécessite une concertation au niveau européen« , a indiqué le vice-Premier ministre Open Vld. « A l’heure actuelle, il n’y a aucun soutien à une telle démarche. »
« La Belgique accumule les bévues diplomatiques »
Peter De Roover, le chef de groupe de la N-VA à la Chambre, s’est montré très critique quant à la demande des partis de gauche et du CD&V de mener une enquête internationale sur le risque qu’Israël commette un génocide dans la bande de Gaza. Ce sont avant tout des considérations politiques qui sont en jeu et la Belgique fait mauvaise figure sur la scène internationale en accumulant les bévues diplomatiques, a-t-il estimé jeudi matin dans l’émission de Ochtend sur Radio 1.
« On peut certainement formuler des critiques sur la politique israélienne mais dans toute solution, il faut obtenir l’adhésion (du pays). Pensez-vous que cela serve à quelque chose de clouer Israël au pilori comme ça? » a réagi jeudi le nationaliste flamand.
Ce dernier a illustré son propos par le voyage d’Alexander De Coo en Chine sans que la question des Ouïgours ait été mise à l’agenda. « Il est évident qu’il n’y a pas de succès électoral à obtenir avec les Ouïgours, et c’est ce qui est à l’origine de la démarche (vis-à-vis d’Israël). L’intention est de parler à un certain groupe d’électeurs », a-t-il indiqué.
Selon Peter De Roover, enfin, la Belgique accumule les bévues diplomatiques sur la scène internationale. « Ce gouvernement adopte toujours une position très européenne, jusqu’à ce qu’il n’obtienne pas l’adhésion des autres Etats membres. Ensuite, la Belgique veut faire cavalier seul et même l’Allemagne est scandalisée », a-t-il résumé.