Selon récente étude menée par des chercheurs de l’University of the West of England (UWE), réduire la vitesse en ville aurait un impact positif sur le bien-être mental des riverains.
Il est souvent avancé que la limitation de la vitesse, voire l’abaissement de celle-ci, est bénéfique en termes de sécurité routière, mais également en termes de santé. Car à vitesse réduite, la qualité de l’air se verrait améliorée. Une allégation que nuance toutefois Claudia Falzone, chercheuse au sein du département des sciences et gestion de l’environnement à l’ULiège.
Ce qui est vrai à de grandes vitesses sur l’autoroute ne l’est pas forcément en ville, où les vitesses sont beaucoup plus modérées et tendent à baisser davantage. « En réalité, il est assez compliqué de mesurer l’impact des zones 30, notamment sur la qualité de l’air, indique-t-elle. En ville, il y a beaucoup de choses qui rentrent en jeu. Les gaz d’échappement sont peut-être réduits, mais le comportement des automobilistes, les particules liées au freinage et le type de véhicule ont aussi un impact. »
L’architecture joue aussi un rôle sur la qualité de l’air à cause de ce que l’on appelle les « rues canyons« . Il s’agit de rues étroites bordées de hauts bâtiments. « Quand le vent s’y engouffre perpendiculairement, il se produit un vortex, les particules au sol ne sont pas correctement dispersées, et cela entraîne une pollution plus importante », poursuit Claudia Falzone.
Si l’amélioration de la qualité de l’air n’est pas tout à fait certaine, la chercheuse soulignant qu’il manque des mesures comparatives avant/après dans les zones où la vitesse a été réduite à 30 km/h, une récente étude britannique publiée dans la revue scientifique Plos One montre que ces zones sont salutaires pour la santé, mais cette fois mentale. Car au-delà de créer de la pollution dans l’air, la voiture produit une pollution sonore qui aurait un impact non négligeable sur le bien-être des riverains.
Moins de stress en zone 30
Pour mener à bien leurs recherches, l’équipe de l’école de la Santé et du Bien-être, à Bristol, a demandé à 68 participants, tous universitaires de l’University of the West of England (UWE), d’écouter trois enregistrements sonores de trois minutes. Le premier était exclusivement composé de sons de nature; le deuxième, de bruits de nature mélangés à ceux de voitures roulant à 30 km/h; et le dernier de bruits naturels associés aux vrombissements de voiture se déplaçant à plus de 60 km/h. L’humeur, l’anxiété et l’état de stress de chaque étudiant ont été évalués avant et après écoute de ces enregistrements.
« Nous avons constaté que les paysages sonores naturels étaient fortement liés aux niveaux les plus bas d’anxiété et de stress, avec une augmentation des niveaux de stress associés aux paysages sonores naturels mixtes avec l’ajout d’un bruit de trafic« , exposent les chercheurs. Selon eux, ce constat est surtout vrai dans les zones où la vitesse est limitée à 40 miles par heure, soit environ 65 km/h. Ils suggèrent que la réduction de la vitesse à 20 mi/h (30 km/h) peut améliorer positivement le bien-être des riverains. Le bruit des moteurs étant réduit, les habitants auraient davantage le loisir d’entendre les sons de la nature. « La réduction des vitesses de circulation dans les villes est une étape importante qui permettra à un plus grand nombre de personnes de profiter des effets positifs de la nature sur leur santé et leur bien-être. »
Les chercheurs britanniques préconisent également l’adoption généralisée de véhicules hybrides ou électriques et l’intégration de davantage d’espaces verts. Deux suggestions qui ont un même objectif: rendre la nature plus accessible aux personnes vivant en milieux urbains, et ainsi améliorer leur santé mentale.