L’ambassadeur David Pressman a ouvertement critiqué le régime de Viktor Orbán, accusé d’avoir affaibli la démocratie en Hongrie.
Le Premier ministre de Hongrie, Viktor Orban, a plongé son pays dans une «crise démocratique» en «contrôlant les médias», en «attaquant la société civile» et en installant une «atmosphère de peur», a dénoncé mercredi l’ambassadeur des Etats-Unis à Budapest.
«Même une critique apolitique constitue une trahison inacceptable» en Hongrie
Dans un discours acerbe, David Pressman a accusé le pouvoir de décourager toute prise de parole indépendante par des campagnes de diffamation rendant leurs victimes «professionnellement radioactives et socialement infréquentables».
S’exprimant lors du Forum de Budapest, une conférence en faveur de la démocratie organisée notamment par la municipalité dirigée par l’opposition, le diplomate a cité deux juges attaqués «au vitriol» pendant près de trois mois après l’avoir rencontré. «Tous les magistrats hongrois ont depuis compris la leçon: même une critique apolitique émanant de l’intérieur du système constitue une trahison inacceptable ayant des conséquences» grâce aux médias affidés au régime, a-t-il dit.
M. Pressman a également reproché à la Hongrie de «critiquer l’Otan tout en profitant de son bouclier» et «l’Union européenne tout en recevant ses subventions», alors qu’elle cultive des liens de proximité avec la Russie et la Chine.
Les Etats-Unis dénoncent régulièrement les atteintes à la liberté d’expression en Hongrie, ainsi qu’aux droits humains notamment à l’égard des personnes LGBTQIA+. David Pressman, en poste depuis deux ans, est ouvertement gay et interpelle régulièrement le gouvernement hongrois. Le Parlement européen avait estimé en 2022 que ce pays d’Europe centrale n’était plus une véritable démocratie, mais un «régime hybride d’autocratie électorale», alors que les contre-pouvoirs ont été progressivement mis au pas.
Les relations entre Washington et Budapest sont glaciales, les démocrates critiquant fréquemment Viktor Orban pour son soutien affiché à Donald Trump, qualifié de «bon ami» et rencontré à deux reprises cette année. La connivence est telle que Budapest a choisi pour la présidence semestrielle hongroise de l’Union européenne un slogan trumpien, «Make Europe Great Again». Le milliardaire américain le lui rend bien: il l’a cité en exemple lors de son récent débat télévisé face à la vice-présidente Kamala Harris, saluant l’un des dirigeants «les plus respectés» au monde, «un homme dur, intelligent».