Malgré une mobilisation sociale et une séance plénière agitée, le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté le budget 2026, porté par la majorité MR-Engagés. Le texte prévoit 255 millions d’économies dès 2026, tout en maintenant un déficit annoncé de 1,6 milliard d’euros.
Malgré la forte mobilisation sociale de ces derniers jours, le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a définitivement approuvé, mercredi, lors d’une séance plénière marquée par plusieurs incidents, le budget 2026 de l’entité. L’épure, qui imprime quelque 255 millions d’économies dès l’an prochain, a été approuvée par les députés de la majorité MR-Engagés. L’ensemble de l’opposition a voté contre.
Le texte programme notamment une réduction des budgets destinés à la gratuité des fournitures scolaires ou aux repas scolaires gratuits, une limitation du départ anticipé à la retraite pour les enseignants (DPPR), ou encore le gel pour un an des subventions culturelles. A côté de ces économies, le décret budgétaire prévoit aussi une série de dépenses nouvelles, notamment pour renforcer l’accompagnement personnalisé des élèves en difficulté ou pour soutenir les directeurs d’écoles fondamentales.
Malgré cet effort conséquent, l’entité devrait malgré tout terminer l’exercice avec un déficit de 1,6 milliard d’euros, soit davantage qu’en 2025. A son arrivée au pouvoir, la majorité MR-Engagés s’est fixé l’objectif de reprendre progressivement la maîtrise du déficit récurrent de la FWB pour le ramener à 1,2 milliard d’euros d’ici 2029.
Une séance plénière émaillée d’incidents
Par moments fort tumultueux, le débat en plénière a été marqué par de nombreux échanges acerbes entre députés de la majorité et de l’opposition. Mécontent de propos jugés injurieux tenus par le président de l’assemblée, Benoît Dispa, l’ensemble du groupe PS a même quitté la salle durant une bonne demi-heure.
Des enseignants présents dans les tribunes du Parlement ont également jeté à un moment des tracts et confettis dans l’hémicycle tout en criant des slogans hostiles aux mesures du gouvernement.

Durant près de six heures de débat au total, opposition et majorité se sont affrontées, la première accusant la seconde de «dogmatisme budgétaire», la seconde reprochant à la première sa «démagogie».
Dans le groupe Ecolo, Bénédicte Linard a fustigé la «gestion budgétaire à court terme» du gouvernement Degryse qui «va plomber le moral, la qualité et le bien-être de tous ceux qui font la Fédération Wallonie-Bruxelles».
Amandine Pavet (PTB), s’appuyant sur une contre-étude réalisée le mois dernier par un centre d’études proche des syndicats, a estimé que le problème de la FWB n’était pas ses dépenses, mais plutôt l’insuffisance de ses recettes qui n’ont pas suivi l’évolution de la richesse du pays.
Fabian Maingain (Lib.res) a, lui, dénoncé des économies qui vont contraindre nombre de communes à augmenter leurs impôts locaux pour maintenir les services. «Ce sont donc les citoyens qui vont payer vos mesures», a jugé le Bruxellois.
Du côté PS, Martin Casier a condamné un «régime d’austérité» qui, selon lui, va bien au-delà des recommandations budgétaires formulées par la Commission européenne, avec pour conséquence d’hypothéquer l’épanouissement des générations futures. «Au futur, vous avez choisi de sacrifier le présent», a notamment lancé l’élu socialiste.
Un budget pour les futures générations
«Ce budget, ce n’est pas sacrifier le présent au futur mais c’est offrir un futur au présent», lui a répliqué la ministre-présidente, Elisabeth Degryse, rappelant la dégradation continue depuis des années de la dette de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Si l’entité est contrainte aujourd’hui de faire des économies, c’est bien le PS, et son prédécesseur au Budget, Frédéric Daerden, qui en porte la responsabilité par son inaction, a-t-elle contre-attaqué.
Sans exclure de nouvelles économies lors des budgets futurs, la ministre-présidente a assuré qu’elles n’auraient toutefois «rien de comparable à cet exercice».
La cheffe de groupe MR, Diana Nikolic, a également dénoncé l’attitude de l’opposition PS-PTB-Ecolo qui, selon elle, se plaît à «susciter la peur et la colère» auprès de la population mais sans apporter «aucune alternative crédible» pour redresser les finances de la Fédération.
La cheffe de groupe des Engagés, Mathilde Vandorpe, a défendu de son côté des mesures qui ne sont certes «pas faciles, pas populaires; mais qui sont justes» pour sauvegarder la viabilité de la Fédération. «Ne pas agir, c’est condamner les générations futures à payer nos lâchetés présentes. […] Dans vingt ans, quand nos enfants regarderont en arrière, ils diront: en 2026, ils ont eu le courage de redresser la barre», a estimé l’élue.















