Les hommes ont eux aussi des fluctuations hormonales plus ou moins régulières. Mais de grandes différences subsistent entre les deux sexes.
Tout le monde connaît le cycle menstruel féminin. Mais les hommes ne sont pas non plus préservés des variations hormonales: le métabolisme masculin est rythmé par son propre cycle, connu sous le doux nom de nycthéméral. Traduction: la période de référence n’est pas le mois, comme chez les femmes, mais une journée de 24 heures. Au cours de celle-ci, l’hormone mâle par excellence, la testostérone, fait le yo-yo. Un phénomène complexe qui se manifeste de façon différente chez tel ou tel individu.
Un cycle régulier, ou presque
Plus précisément, deux hormones hypophysaires suivent ce cycle nycthéméral. «Il s’agit de la FSH, qui régule la production des spermatozoïdes, et de la LH, qui contrôle le taux de testostérone, détaille Patrick Pétrossians, endocrinologue au CHU de Liège. La variation de la testostérone vient donc dans un second temps, du fait de ce contrôle de base.»
Lors du réveil, ce taux de testostérone est à son plus haut, puis atteint ses valeurs les plus basses en début de nuit, avant de remonter progressivement. Et le cycle recommence tous les jours, continuellement. Enfin, plus ou moins. «Les taux de testostérone sont par exemple plus bas en hiver», prévient le médecin, ce qui pourrait être lié à la baisse de luminosité pendant cette période. L’état de santé global peut également avoir un impact sur ce rythme a priori si bien régulé. «L’obésité peut jouer un rôle, par exemple. Il y a sur ce point une diversité de situation plus grande que chez les femmes.»
L’origine de ces mécanismes n’est pas tout à fait claire, mais les scientifiques supposent que la baisse de testostérone, quand elle se produit après un effort sportif, « fait partie des mécanismes physiologiques hérités de l’époque où on était chasseur-cueilleur. On devait se déplacer sur de grandes distances et faire de gros efforts pour se nourrir. En conséquence, à ce moment-là, il valait mieux ne pas se reproduire».
Des retombées incertaines
Là où le cycle menstruel a un impact évident chez les femmes, le cycle nycthéméral n’a toutefois pas un effet aussi visible côté masculin. Qu’en est-il par exemple des conséquences sur la concentration et la libido? « Je ne crois pas que cela ait une importance aussi grande que d’autres paramètres, comme la fatigue, le niveau de cortisol, etc. Mais c’est toujours compliqué de faire la part des choses», note Patrick Pétrossians.
De larges zones d’ombres subsistent donc. En tout cas, les médecins en tiennent compte. «Lors d’un bilan endocrinien, on doit notamment savoir si le prélèvement a été fait en début de matinée ou en fin d’après-midi pour bien interpréter les résultats», rappelle le médecin.
Autre inconnue: savoir exactement ce qui peut avoir un impact sur ce système nycthéméral. Par exemple, la lumière artificielle peut-elle jouer un rôle? Cela semblerait logique, puisque ce cycle prend en compte la baisse de la luminosité en hiver. «L’effet de l’éclairage artificiel et de la pollution lumineuse chez les animaux est bien connu. On pourrait éventuellement imaginer que la lumière artificielle exerce une influence. Mais je ne connais pas d’études qui l’auraient démontré de manière formelle chez l’homme», confie l’endocrinologue.
L’influence de l’environnement sur le cycle masculin
En revanche, ce qui semble certain, c’est que ce rythme est capable de changer avec l’âge. Les scientifiques constatent ainsi une baisse de la testostérone pour plus de la moitié des hommes de 70 ans et plus. C’est ce que certains spécialistes qualifient d’andropause, même si Patrick Pétrossians précise que ce terme est contesté. «L’andropause n’est pas un phénomène aussi brutal que la ménopause chez les femmes. Un homme de 80 ans peut par exemple faire des enfants. Mais on observe quand même avec l’âge une baisse de l’activité testiculaire et de la testostérone».
Ce phénomène est donc plus progressif et régulier, comparé à la gent féminine. «Mais il ne faut pas oublier que cela se produit de façon différente chez tel ou tel homme. Certains ont plus de testostérone à 70-80 ans, d’autres en ont moins. À nouveau, ça dépend des personnes», conclut le médecin.